AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de spleen


Il faudrait faire des lectures "à l' aveugle" , sans connaitre le titre et surtout l'auteur comme nous faisons ici des dégustations à l'aveugle de nos vins de Bordeaux ...

Je sais, les grincheux vont rétorquer que j'ai trop abusé du divin nectar et que je raconte n'importe quoi ...

N'empêche, il y a chez certains écrivains une patte particulière et dans la littérature américaine , une ambiance que l'on ne retrouve pas ailleurs .

C'est ce que j'ai pensé en lisant ce roman de Ron Rash après avoir tourné avec résignation les pages de certains de nos écrivains français nombrilistes !

Il y a souvent des étés qui marquent la fin de l'enfance, la fin de l'insouciance : pour Eugène , cet été 1969 en Caroline du Nord , sera celui de la rencontre avec Ligéia, une sirène apparue au bord de la rivière, une jeune fille délurée qui va lui faire connaitre  l'amour, l'alcool et la drogue , ce sera son "summer of love ".

Dans ce village perdu des Appalaches, on est loin du mouvement hippie et de la libération des moeurs et pour Eugène et son grand frère Bill, les rencontres secrètes avec Ligéia sont un défi et une émancipation vis à vis du grand-père paternel qui les héberge avec leur mère depuis la mort de son fils ,  et qui régente de manière tyrannique la vie de la maisonnée .

Allers retours permanents entre cette période qui finit par le départ précipité de la jeune fille et l'année 2015 où des ossements sont découverts au bord de la rivière et identifiés comme ceux de Ligéia.  
Pour Eugène devenu un écrivain alcoolique , rejeté par sa famille cette découverte ravive les souvenirs de cette époque heureuse , la suite n'ayant été pour lui qu'une lente et inexorable descente .
Les questions autour de la mort de son amoureuse avec en premier lieu le rôle de Bill dans sa disparition deviennent un moteur et une obsession qui le font revenir sur les lieux de son enfance  .

On retrouve les thèmes chers à Ron Rash, la rivière : c'est là le cadre des rencontres des jeunes gens et c'est là aussi que le passé refait surface  , la lutte fratricide, éternelle recommencement de la tragédie d'Abel et Cain ,  avec comme musique de fond le Grateful Dead et Jefferson Airplane , planante comme cette période .

Un roman  sans doute moins puissant que les précédents mais j'en reprendrai bien encore un verre !
Commenter  J’apprécie          571



Ont apprécié cette critique (51)voir plus




{* *}