L'univers de RON RASH à travers un extrait de son interview à la Grande Librairie !
J’avais prévu de rédiger mon mémoire sur [Thomas] Wolfe. Ma directrice de maîtrise m’en a dissuadé. « Wolfe est quasiment oublié de nos jours », a-t-elle objecté, ce qui me semblait une raison de plus pour le faire, afin qu’il ne soit pas oublié, ou seulement, comme l’avait écrit Wolfe lui-même, « par le vent pleuré ».
"La connaissance est l'unique bien dont personne ne peut te dépouiller"
Quand on se fréquente, c’est tout miel et pissenlits, lui avait expliqué Marcie, mais quand on se retrouve tous les jours auprès de quelqu’un, des choses qu’on n’avait pas trop remarquées auparavant, la façon qu’il a d’avaler sa soupe à grand bruit ou de ne pas quitter ses chaussures crottées, ou même le plus infime détail, un air qu’il ne cesse de siffloter ou sa manière de disposer le petit bois dans la cheminée, vous asticotent comme une dent gâtée.
[Jane] Austen connaissait ces choses-là. Elle savait pourquoi l’art nous est nécessaire.
Durant la guerre du Vietnam , 26 800 000 jeunes américains furent à un moment ou à un autre susceptibles d'être appelés sous les drapeaux dans le cadre du recrutement sélectif.
Le critère était simple : la date de naissance .
On tirait au sort les jours de naissance , de 1 à 365 jusqu'à ce que le quota soit atteint .
L'ordre de tirage de votre date anniversaire déterminait votre ordre d'incorporation .
Ce tirage au sort était retransmis à la télévision.
(p. 29 ) note d' Isabelle Reinharez (traductrice )
J'apprenais que quitter un lieu n'était pas aussi simple que de faire ses valises et partir. On en emportait une partie avec soi, qu'on le veuille ou non.
Chaque printemps les fortes pluies arrivent, et la rivière monte, et son cours s'accélère, et la berge se désagrège toujours davantage, brunissant l'onde de son limon, mettant au jour une nouvelle couche de terre sombre.
Il y a certains choix que l'on fait et dont on a connaissance, pour toujours, jusqu'à son dernier soupir – il ne s'agit là, évidemment, que des mauvais choix.
Alors que je pénètre dans les bois, c’est le parfum ample et pur des sapins baumiers. Plus loin, la senteur de moisi gorgée d’ombre. Par des trouées dans la voûte des arbres, le ciel use de pailles de soleil pour aspirer et assécher le terreau de feuilles baigné d’humidité. Pendant une minute, pas un bruit. Je recueille ce silence, le loge en moi pour l’après-midi.
Quand j'ai atteint la route goudronnée, le crépuscule avait pris l'étrange couleur qu'il a toujours en août, un rose teinté de vent et d'argent. Cette couleur m'avait toujours donné l'impression que le temps avait on ne savait trop comment fui hors du monde, le passé et le présent se mêlant l'un à l'autre.