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Critique de NewHorizon


Un livre intelligent et prémonitoire. Les hommes du Gange ont décidé de se lancer à l'assaut de l'Europe, et plus particulièrement de la France, au sein d'une armada de bateaux. Ils sont des millions à fuir la misère à bord de centaines de navires et font cap vers un monde opulent. Ils sont prêts à tout pour parvenir à leur fin. En France, les politiques ne savent comment réagir tandis que les médias et les intellectuels mettent tout en oeuvre pour faire pencher le débat vers l'accueil des migrants.

Jean Raspail a publié ce livre en 1973. Il décrit fort bien, avec anticipation, la société française actuelle (et plus largement la société occidentale) :
- Les politiques, qui n'agissent que par intérêt carriériste et qui ont un double langage, optant pour celui qui les arrange au moment opportun.
- L'Eglise, qui par charité chrétienne est prête à accueillir tous les malheureux du tiers monde au détriment des populations autochtones, au nom de la fin de la misère humaine et du Christ.
- Les associations humanitaires qui sont prêtes à vendre et à voir disparaitre une civilisation, leur propre civilisation, pour favoriser celle des autres.
- Les médias qui sont largement des éléments de diffusion de la propagande bien-pensante et qui oeuvrent au délitement des consciences des peuples européens.
- L'éducation nationale, qui poursuit le même but que les médias, mais cette fois d'une façon plus vicieuse encore : en s'acharnant directement à inculquer aux enfants (en misant sur l'avenir donc) les fondements nécessaires au délitement d'une identité millénaire.
- Les intellectuels, convaincus ou non, faisant leur business au nom de l'humanisme et de l'universalité de l'Homme, prônant un « Homme nouveau » dont l'immigrant sera l'avant-garde.
- le couple français prolétaire typique, représenté par Marcel et Josiane qui, une fois le boulot terminé, se prélasse toute la soirée devant la télévision, absorbant tous les messages diffusés nécessaires à leur abrutissement et au cautionnement des idées dominantes.
- le militant d'extrême gauche, pour qui seul le métissage à l'échelle mondiale permettra de mettre tout le monde à égalité.
- Enfin, la censure des opinions dissidentes, c'est-à-dire celles qui ont le souci de la préservation d'un peuple.

Tout y est. Nous y sommes.

Dès le début du roman, nous savons que l'invasion de ces hommes sur le continent est inéluctable. La faiblesse des dirigeants et leur idéologie mortifère les empêcheront d'agir. Confrontés au problème, les bien-pensants vont vite se rendre compte de leur erreur et de leur incompatibilité avec l'étranger. Certains mourront, des femmes seront violées, les plus aisés partiront vers la Suisse… Finalement, les autochtones deviendront l'étranger, ils deviendront l'Autre.

Le livre est souvent organisé dans une sorte d'arguments / contre-arguments. On lit ainsi le discours bien connu de la pensée de masse via certains personnages, message distillé par ce que Raspail appelle « la Bête ». Mais l'on retrouve toujours des hommes qui ont gardé une partie de leur conscience identitaire pour leur répondre.

C'est un livre pessimiste et prémonitoire. C'est aussi un livre terrible, parce que la situation actuelle est encore pire. Jean Raspail n'avait pas vu venir l'Union Européenne, la fin de la souveraineté et le président de la République de son roman est aussi bien différent…

Concernant l'écriture, c'est du Jean Raspail, c'est-à-dire excellent. L'édition comporte quelques coquilles mais rien de dramatique. La préface « Big Other » est magistrale. Un livre à lire absolument.
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