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Critique de Piatka


Connaissez-vous Philippe Halsman ?
Peut-être pas, sauf si vous êtes féru de photographie ; et même si vous connaissez ses clichés les plus célèbres, il y a fort à parier que son incroyable existence vous soit totalement inconnue. C'est le grand intérêt de ce premier roman : mettre en lumière une vie hors du commun ( de roman ! ), plongée injustement dans les ténèbres à l'âge de l'envol vers la vie adulte, puis dévoiler les puissants ressorts du rebond vers la renaissance et la gloire.

Car c'est cela la vie de Philippe : une chute infernale, subite, d'une violence inouïe dont il aurait très bien pu ne jamais se remettre, et un rebond, un élan vital qui rencontre une passion : la photographie ! La couverture originale du livre, silhouette blanche en mouvement sur fond noir, illustre d'ailleurs très bien cet élan, ce rêve de liberté qu'il façonnait du fond de sa prison.

Philippe a 22 ans en 1928 quand, au cours d'une randonnée dans les Alpes autrichiennes avec son père Max, celui-ci fait une chute mortelle. Accusé à tort de parricide à la suite d'une enquête expéditive et à charge, le jeune homme est condamné à quatre ans de prison. Il est clairement alors la victime d'une justice défaillante, subissant la montée du nazisme et de l'antisémitisme.
Sa famille, et en particulier sa soeur Liouba, se bat pour le sortir de prison où sa santé mentale et physique sont en péril. Il sera libéré en 1931 grâce aux interventions d'Albert Einstein, Thomas Mann et Paul Painlevé qui se sont émus de l'iniquité de son procès, qualifié à l'époque " d'affaire Dreyfus autrichienne ".
Il trouve asile en France, et rapidement " telle une manie ", se met à photographier à la moindre occasion. La rencontre avec André Gide sera déterminante pour son avenir. Ayant réalisé des couvertures de livres pour ce dernier et André Malraux, et ayant donc acquis une certaine notoriété, il émigre aux États-Unis.
Doué, doté d'un réel talent artistique, il devient célèbre et photographie Marilyn, Dali, Hitchcock ( la tête du maître de 3/4, un énorme cigare...et un oiseau posé sur le bout du cigare ! Culte ! ), mais aussi Einstein, Churchill, Woody, Audrey, Marlon...

Soyez curieux...allez voir les photos de Halsman sur Google...et vous approcherez ce photographe atypique qui capturait avec son appareil-photo au-delà des apparences, bousculant les personnalités photographiées, n'hésitant pas à les faire sauter ( étonnante...coïncidence ? ) pour les rendre plus authentiques et moins guindées.


Ce récit est captivant, écrit avec une grande sobriété, un style limpide et beaucoup de nuances dans les analyses psychologiques du personnage principal. Austin Ratner ne s'est pas contenté d'aligner chronologiquement les grandes étapes de la vie d'Halsman, il s'est immergé dans son vécu, s'est littéralement mis à sa place. Je trouve presque dommage d'ailleurs que le récit ne soit pas rédigé à la première personne, l'emploi du " je " aurait donné encore plus de force à ce témoignage. Pudeur de l'auteur, souci de garder une distance respectueuse ?

C'est un fort bel hommage à l'un des plus grands photographes du XXème siècle et je remercie vivement Babelio et les éditions Calmann-Lévy de m'avoir permis de le découvrir.






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