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Critique de Chrisdu26


- Avec tout ça, le choix devient impossible, non ?
Florin me regarda, placide.
-Le choix ! Vivre, c'est choisir.

La vie est une question de choix.
Une histoire prend le sens que nous voulons bien lui donner, en fonction des choix qu'il nous faut faire pour ne pas devenir l'apôtre des regrets.

Pascal, professeur de philosophie, loue pour les vacances d'été une maison perdue dans la vallée de Chantebrie. Seulement cinq maisons, c'est cette raison qui le pousse à choisir ce lieu isolé pour s'enfuir avec Margaux, son élève de terminale, amoureuse des mots et de poésie.
Détournement de mineure me direz-vous ? Vous n'y êtes pas du tout ! Simplement la fuite de deux êtres aux rêves déchus, à la recherche d'un sens à leur vie, dans la plénitude, loin de toute terre habitée.

Les jours paisibles s'écoulent au rythme du soleil quand Pascal va croiser le chemin de Florin, un homme ténébreux et solitaire. Une rencontre qui bouleversera le cours de leur vie.

Margaux porte une trop lourde culpabilité sur ses frêles épaules et fuit le regard de son père. Pascal préfère la philosophie aux femmes et se réfugie dans les questions existentielles d'Aristote et Platon tandis que Florin ne ressent plus aucune émotion. Il reste seul et sans attache désormais, incapable de nouer une quelconque relation avec ses semblables.
Des écorchés vifs avec des parcours de vie et des choix qu'ils traînent comme une croix. Mais un jour, vient le moment de déposer les armes, de laisser couler les larmes et d'affronter le chemin devant soi.

Pascal, attiré par cet homme étrange découvre un personnage curieux mais d'une grande intensité.
Florin referme dans des bocaux plus de quatre mille cailloux, qu'il a choisi et ramassé tout au long de son existence. Ces pierres précieuses sont comme des garde-fous, des fragments de sa mémoire. Il les reconnait dans les moindres détails. Chacune de ces pierres protège les secrets de son âme, mais il en délivrera les maux au creux de sa main, sous le regard impatient de Margaux, de Pascal mais aussi le mien.

« Il plongea ses doigts et en sortit un caillou. Pensif, il joua avec en le faisant rouler lentement entre son pouce et son index comme l'on tourne le prénom d'une femme sans sa tête avant de s'endormir. Puis il posa sur la table ce nouveau fragment de mémoire. »

Au fil des cailloux, les liens se tissent, les âmes s'apprivoisent et les boucliers tombent. Chacun apporte une petite pierre à son édifice, puis deux, puis trois et ainsi peu à peu les brèches du coeur se pansent. Ils passeront les vacances bercés par la mémoire des uns, des autres et par la bienveillance de la douce chaleur de l'été.

Pierre Rausfat fait de magnifiques ricochets dans l'immensité de mon coeur, un très beau lapsus que le prénom de l'auteur. Ses mots font écho en moi et les jolis petits cailloux qu'il sème au fil des pages nous guident pas à pas vers notre chemin intérieur. Les personnages s'abandonnent et nous font prendre conscience que parfois un lâché prise est salvateur. Pierre est comme ce minéral précieux que l'on ramasse au bord de la rivière, un galet unique, rond, plat, blanc et soyeux que l'on caresse du bout des doigts pour en saisir l'essence et les vertus apaisantes, tout comme ce roman délicat au mille et une couleur de l'amour et de ses variantes.

« En mars 1998, j'ai joué la plus longue partie de cartes de toute ma vie. C'était une partie de capateros – un jeu que j'avais appris au Chili. Elle débuta le vendredi soir après le repas et se termina le dimanche en fin d'après-midi, juste avant le départ de l'autocar de 17h03 pour les Ratanelles. »

Capateros et sa variante chilienne, quand une vie se joue sur une simple partie de carte …
Lien : http://marque-pages-buvard-p..
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