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Critique de BazaR


Le Système est une pièce récente – 2015 – d'Antoine Rault que j'ai eu la chance d'aller voir au Théâtre Antoine. Lorant Deutsch y jouait John Law, cet économiste écossais qui, il y a trois cent ans, vint proposer au Régent de France un tout nouveau système économique censé regarnir les coffres de l'État.
Le Système de Law contient des éléments du capitalisme moderne : introduction de la monnaie de papier, émission d'actions. Au début tout se passa au mieux mais des jaloux finirent par trouver la faiblesse du bazar et le menèrent à la banqueroute. Je vous épargne les détails techniques. Ils sont vulgarisés dans la pièce mais c'est bien à cause d'eux que j'ai décidé de lire tout ça à tête reposée ; lors de la représentation où tout fuse, je suis passé à côté d'une compréhension véritable.

Le sujet est âpre pour une pièce, direz-vous. Cela dépend de ce que l'auteur met dedans. Antoine Rault peint un portrait sans concession des hyènes égoïstes et ambitieuses qui trainent leurs guêtres au sein de la cour, untel à la recherche d'une charge lucrative, unetelle essayant de se placer comme maîtresse du dernier noble en vue, untel visant le chapeau de cardinal, chacun prêt à écraser le voisin sous son talon avec sourire et politesse de façade. Et bien sûr, le fait que le petit peuple ait eu l'occasion de s'enrichir avec le système de Law fait tressaillir d'horreur la brave noblesse. Chacun à sa place quoi ! Il y a une continuité de comportement avec ce que j'ai lu récemment de la cour de Marie de Médicis puis de son fils Louis XIII (dans la biographie de Françoise Kermina). Très débectant.
La peinture inclut une évocation du libertinage très en vogue à l'époque et les bisbilles politiques avec l'Espagne et l'Angleterre. A travers ses personnages, l'auteur se lance aussi dans une critique virulente du système financier international et l'on ne peut qu'imaginer qu'il a la crise des subprimes dans le viseur.

Si j'ajoute à tout cela que l'humour n'est pas absent et que je remue un peu pour détacher la pulpe, vous aurez compris que vous avez là un cocktail piquant qui fait jouir l'intellect comme l'émotif. Bref, cela se boit sans soif.
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