PROLOGUE
Une petite estrade et un micro ont été installés devant la tombe ouverte. La foule patiente devant le cercueil posé sur des tréteaux, dans l’alignement du trou béant.
Virgile Santos
9 mai 1964 – 4 mars 2014
La plaque de cuivre rutile sous le soleil de mars, projetant des rayons jusqu’à cette chapelle à l’intérieur de laquelle il s’est réfugié. Derrière la porte métallique, par un trou créé par la rouille, il observe le spectacle. Il ne devrait pas être là. Ce n’était pas prévu comme ça.
De sa cachette, il peut voir son ami le capitaine Perot, au premier rang. Il vient de lui jouer un mauvais tour : quelques jours plus tôt, au volant de son pick-up, il a traversé le muret des remparts entourant la ville haute et il a basculé dans le vide.
La référence à Shakespeare avait largement dépassé les capacités cognitives de Kevin Pallardon. Timon se rendit à l’évidence : il venait de tomber sur ce qu’il appelait dans le jargon professionnel « le barrage du con ». La guerre de tranchées commençait.
– J’ai pas toujours été à la rue monsieur, vous savez. J’ai eu ma boîte à moi ! Oui, oui, monsieur ! Maison Lumière ! Faut dire que j’m’appelle Lumière, comme les deux frères. J’avais vingt-deux piges et ça marchait du tonnerre de Dieu… jusqu’au jour où j’ai signé cette saloperie de contrat avec la mairie. Un projet d’installations lumineuses grandioses ! Et patatras ! Le maire s’est barré en Afrique du Sud, il a laissé un trou dans la caisse gros comme celui de la Sécu ! Moi, je n’ai jamais été payé, et au final je me suis assis sur six millions de francs de l’époque. L’Urssaf m’a tout pris, j’ai fait faillite, ma femme s’est barrée avec les mômes, et depuis je bosse ici. La manche, c’est un vrai boulot à plein temps, je vous garantis.
La fumée dissipée, l’ermite se leva pour refermer le fenestron. Ce faisant, un rouleau de papier toilette roula au sol et Virgile repensa à une conversation à l’automne dernier, alors que Perot et Kevin étaient venus prendre l’apéro à la villa Soprano, comme l’appelait le capitaine pour se moquer gentiment de Gina. Ils entretenaient d’excellentes relations avec le capitaine Perot, tout comme avec son adjoint Pallardon qui faisait sauter quelques PV quand il le pouvait. Leur conversation avait tourné autour d’un article de L’Angoumoisin qui faisait ses choux gras des vols à répétition commis dans le camping des Charmilles.
La colère failli en porter sa raison. Une envie d'aller sonner chez elle pour lui demander des explications la la colère failli en porter sa raison. Une envie d'aller sonner chez elle pour lui demander des explications l'assaillit. Il se traita aussitôt de crétin. Amour ne sonne pas à la porte de saveur pour lui demander qui est l'enfant de salaud qu'elle vient d'embrasser.
à 2h du matin oui, rien ne se passa comme il l'avait pensé : Elio ne rentrait pas seul. Le couinement de l'ascenseur s'accompagner d'un tonitruant rire féminin. Fusil en main ben, ils font ça se réfugier derrière la porte de l'escalier, la laissant légèrement entrouverte.
Il était signé les feux de position du pick-up , s'empara de la bombe de peinture coincé sur le siège, l’entoura d'un chiffon afin d'atténuer le bruit de la bille d'acier à l'intérieur , et là secoua vivement. Puis, il descendit la vitre conducteur
Cette souffrance, cet amour irrationnel, c’est ce qui nous lie. Je meurs de l’absence d’elle, et tu crèves de la peur de la perdre. Fais ce qui est écrit dans ce carnet, sans rien en changer. Ça ne sera pas simple, certaines choses vont te paraître même impossibles. Tout est possible. Des amis d’une autre vie seront là derrière toi, pour t’aider. Ils me le doivent. Je leur fais confiance. C’est ce que nous appelons l’esprit de corps…
À Paris, on laisse les gens vivre leur vie. Cela la changeait. Elle restait parfois de longs moments assise dans son mini-jardin, à contempler ce nouveau paysage, comme pour s’imprégner de la réalité de cette vie.