Il y a plus d'une façon de mourir sous la mer.
Je sais ce qu’ils veulent, ces gens. Ils veulent savoir ce que l’on ressent lorsqu’on se tient sur le fil de la vie, effilochée, oscillant, quand il ne reste plus que l’infinité du vert de l’océan.
On dit que les voies maritimes sont des lignes mondiales tracées dans l'eau. Pour beaucoup de gens, la mer évoque la liberté, le champ des possibles. Une continuité sans fin. Le bonheur.
Mais moi, je sais. Je sais que tout en surface n'est qu'illusion. En s'approchant, on voit que la mer est inconnue.
La mer ne porte pas, elle détruit.
Selon ma grand-mère, on n'a que deux possibilités dans la vie : s'évaporer dans l'air ou se fondre dans la mer.
On pourrait croire qu'on a de la chance, quand on en revient de la mer. Mais ce n'est pas le cas. Quand on en revient, on est quelqu'un d'autre.
Les gens tombent-ils amoureux du chagrin qu’ils reconnaissent en l’autre ?
Je sais ce qu’ils veulent, ces gens. Ils veulent savoir ce que l’on ressent lorsqu’on se tient sur le fil de la vie, effilochée, oscillant, quand il ne reste plus que l’infinité du vert de l’océan.
Et je me demande encore : les gens tombent-ils amoureux du chagrin qu'ils reconnaissent en l'autre ?
Aujourd'hui, j’ai revu une petite aurore boréale. Elle traversait la sphère céleste comme des hippocampes vert-de-gris au galop, côte à côte, disparaissant d'un commun accord derrière l'horizon comme dans le grand crépuscule originel de la mer.