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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Bien que cette propension à l'auto-flagellation tende à disparaître, l'Allemagne a voulu devenir après guerre la nation la plus morale du monde. Mais quid de ses petits copains ? C'est la question sous-jacente de ce roman finnois : les Finlandais jugent-ils leur alliance avec les Nazis comme une faute existentielle ou comme une simple défaite humiliante (on ne peut pas gagner tout le temps)?
« Un pays de neige et de cendre » raconte comment des camps de concentration, installés dans le nord du pays sous l'égide de la gestapo, prônaient un eugénisme anti-Sami en multipliant dissections et statistiques pour définir la race inférieure. Quelques années après, le recensement était toujours en cours, même si on ne se sentait plus obligé de les tuer pour les identifier : après avoir craint qu'ils ne contaminent la race aryenne, on s'était aperçu qu'ils pouvaient détenir des terres pétrolifères dont il devenait urgent de les déposséder.
Si la critique du sort des Samis ne fait aucun doute, le roman se complaît dans une zone grise qui place le lecteur dans une situation très inconfortable. Une femme tente de retrouver la trace de son mari disparu pendant la guerre et le lecteur comprend peu à peu que tous ceux qui l'entourent ont trempé dans des crimes de guerre dont ils s'exonèrent peu ou prou. La vérité n'apportera aucun soulagement et une métaphore qui court tout au long du roman suggère l'ambiguïté de toute révélation : la femme qui cherche la trace de son mari est photographe et c'est justement une photographie qui la met sur le chemin de la vérité. Mais une femme que la lumière blesse et qui doit porter presque constamment des lunettes noires. Son enquête achevée, elle n'a plus d'illusion ni sur son mari, ni sur l'amie qui l'a aidée, ni sur elle-même, renvoyée à son passé colonial qui seul l'a empêchée de barboter dans le marigot de la grande Finlande. J'aurais d'ailleurs tendance à analyser les fréquentes références à la défécation comme une autre métaphore : dans le camp, se vider est l'antichambre de la mort, comme après-guerre la lumière peut rendre aveugle. Vider son sac, regarder la vérité en face n'ont aucune vertu cathartique. Au contraire. Savoir n'apporte qu'amertume.
Seul personnage qui puisse faire de cette histoire un roman de formation : Bigga-Marja, une jeune Same échappée d'un massacre qui refuse d'être assignée à son identité, pour qui devenir photographe est une façon de ne plus être la bête curieuse dont on admire l'exotisme après que son peuple a été promis à la mort pour cette même étrangeté. Elle seule semble pouvoir avancer, mais au prix, là encore, de l'oubli de son village exterminé.
Ce roman, dont je ne nie pas les qualités, fait de l'amour une tromperie et de la vérité un luxe. Et cela n'a sans doute rien à voir, mais Vilhelm Junnila, membre des Vrais Finlandais et ministre de l'économie a félicité le candidat de son parti figurant à la 88e place : un nombre qui « fait référence bien évidemment aux deux lettres H », avait-il alors déclaré dans une allusion non dissimulée à l'abréviation de « Heil Hitler », utilisé par la mouvance néonazie (voir le Monde).
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Un grand merci aux Éditions du Seuil et à Babelio pour la possibilité donnée de lire Un pays de neige et de cendres.

Le premier roman de Petra Rautiainen se situe au nord de la barbarie, celle qui a marqué la seconde mondiale, du côté de la Laponie finlandaise, pour ce qui concerne Un pays de neige et de cendres. le livre fait alterner de manière classique deux récits : celui d'un traducteur finlandais qui officie dans un camp de prisonniers dirigé par les Allemands, en 1944, et celui autour d'une journaliste qui, trois ans plus tard, poursuit une recherche désespérée de son mari disparu. le roman suit donc à la fois cette enquête qui progresse lentement et la vie quotidienne dans un camp où se déroulent des atrocités. Sur le plan documentaire, pour ceux qui s'intéressent à la deuxième guerre mondiale et/ou à l'histoire mouvementée de la Finlande durant cette période, Un pays de neige et de cendres est fort instructif, notamment pour découvrir les projets de Grande-Finlande avec son abominable notion de race pure, connectée aux doctrines nazies et le sort réservé au peuple Sami, considéré comme 'inférieur". L'aspect fictionnel est moins probant, avec un suspense assez délayé et ménageant une surprise finale de taille, un twist qui aurait sa place dans un blockbuster hollywoodien mais qui semble ici un peu forcé. L'écriture est plutôt froide et les personnages, d'une grande ambigüité, n'attirent pas immédiatement la sympathie. Une mise en perspective historique, en préambule ou en postface n'aurait pas fait de mal car le sujet est d'importance et dépasse de loin la partie romanesque de l'ouvrage, laborieuse, en dépit de la belle traduction de Sébastien Cagnoli.
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Je commence cette critique par ce qui devrait plutôt en être la conclusion.
Le succès de "Un pays de neige et de sang" lui a permis de passer les frontières et d'être déjà traduit en douze langues. C'est bien, mais je regrette que les éditions du Seuil n'aient pas jugé utile de faire écrire une préface au livre par un spécialiste de la Finlande. Cela aurait été fort utile pour nous (moi ?), modestes lecteurs du sud de l'Europe qui connaissons fort peu l'histoire mouvementée de la Finlande. Quelques astérisques au fil des pages auraient aussi été les bienvenus.
Pourquoi ce préambule ? Parce que, malgré les recherches préliminaires à ma lecture car j'avais le souvenir (trop lointain et imprécis) d'un pays ballotté pendant les six années de chaos de la seconde guerre mondiale, j'ai malgré tout été "débordée" par le contexte historique du roman comme je le craignais.
En faisant très court : 3 guerres en 1, la guerre défensive dite d'Hiver (1939) contre l'URSS, la guerre de Continuation (1940-44) en collaboration avec l'Allemagne toujours contre l'URSS, puis l'armistice avec les Alliés entraînant l'expulsion des Allemands du pays et leur politique de la "Terre Brûlée".
Mes connaissances étaient-elles suffisantes pour commencer ma lecture ? Elles m'ont permis de comprendre par exemple pourquoi un camp de détenus en Finlande était dirigé par des SS allemands, pourquoi se côtoyaient des détenus soviétiques, finlandais, allemands, roumain etc., pourquoi, le pays était un champ de ruines après le départ des allemands…
Néanmoins, les recherches, glanées çà et là, manquaient de précisions, de nuances ce qui a perturbé ma compréhension d'ensemble du récit.
Pourtant une intrigue simplissime. A la recherche de Kalle, son mari disparu à la fin de la guerre, Inkeri s'installe en 1947 dans un village proche du camp de détention où il aurait séjourné jusqu'à fin 1944 ;
Certains chapitres concernent l'année 1944, mois après mois : témoignages d'un traducteur (?) nommé par la Finlande. J'ai consacré beaucoup trop d'énergie à comprendre le pourquoi et le comment du lieu, son fonctionnement, la personnalité des exécutants, les raisons de certains agissements et le rôle ambiguë de Kalle.
Puis les autres chapitres de 1947 à 1950, concernant les recherches infructueuses d'Inkeri se sont avérés, pour moi, longs et sans fin. Seule, la jeune Bigga-Marja a su me plaire : sami, intelligente et attachante qui refuse les compromis et lutte pour sa dignité et celle de son peuple.
Bien sûr, j'admets avoir mis beaucoup de temps à comprendre le mutisme de la population et des anciens gardiens du camp.
En fin de compte, tout était clair… pour parodier Maigret « Bon Dieu ! Mais c'est… Bien sûr ! ». Les gardiens, seuls témoins directs se taisaient dans le camp par peur des espions… et, après guerre, par peur des représailles.
Mais je vois, avec un peu de dépit, que pour beaucoup de lecteurs, l'histoire était limpide. J'ai dû trop pinailler.
Je remercie néanmoins les éditions du Seuil et Babelio pour l'envoi de ce roman auquel manquait, à mon avis, une préface historique pour ceux qui, comme moi, ne sont pas agrégés d'Histoire contemporaine.
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L'écriture est réduite au minimum, des phrases courtes, sans fioritures épousent l'âpreté du climat.
La balance est constante entre un passé répugnant en camp d'internement et d'expérimentations et un pays qui tente de se relever de tant d'agressions successives, quatre ou cinq après.
L'horreur est inconnue faute d'avoir été officiellement divulguée, elle fut brulée et enterrée pour ne pas l'être.
C'est lourd, froid et poisseux comme un paquet de neige sale collant à vos bottes.
Il faut avoir le coeur bien accroché pour avancer dans les rouages d'une histoire sordide mais parfaitement construite.
Je remercie Babelio et les éditions du Seuil pour cette découverte éprouvante mais nécessaire sur l'Histoire du nazisme et de la Finlande.
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Dans ce roman contemporain saupoudré d'une ambiance historique nous suivons deux trames différentes par des chapitres en alternance sur deux époques. Tout d'abord, la vie d'un camp de prisonniers allemand en 1944 et ensuite la quête d'une femme photographe à la recherche de la vérité sur son mari en 1947.
Je le dis tout de suite, j'ai vraiment préféré la période du camp de prisonnier qui apporte des détails sur son fonctionnement mais aussi des personnages que j'ai préféré suivre. Pour la partie en 1947, j'ai eu plus de mal à accrocher car les personnages et leurs psychologies n'ont pas réussi à me donner de l'empathie ou de la sympathie malgré les épreuves endurées, mis à part lorsqu'on nous parle de refuges pour enfants qui se retrouvent a être éduqués à des centaines de kilomètres de chez eux et du traumatisme qui va avec.
Les lieux sont comme le titre l'indique, austères, froids, perdus, mais cela donne une ambiance étrange que l'on ne peut pas qualifier de plaisante mais plutôt d'intéressante, cela se déroule en Laponie.
L'écriture est agréable mais parfois confuse et je n'ai pas forcément tout compris, surtout sur la fin ou je reste un peu désarmé.
Je conseille donc ce roman aux amateurs de littérature contemporaine ou/et à ceux qui veulent découvrir un pan de l'histoire peu abordé mais qui n'ont pas peur de ne pas avoir toutes les réponses à leurs questions.
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Je vais d'abord remercier Babelio la plateforme des amoureux des livres qui m'a proposé de recevoir ce premier roman pour en faire une chronique.

L'histoire se déroule à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans le premier semestre de 1944, et quelques années plus tard en 1947. À Enontekio en Finlande, la journaliste et photographe Inkeri Lindqvist s'installe dans une maison qu'elle vient d'acheter pour essayer de retrouver son mari.

Celui-ci a disparu depuis la fin de la guerre, et les dernières traces qu'elle a trouvé le concernant l'ont mené à cette petite ville qui aurait abrité un camp de prisonniers. Elle tâchera de mener son enquête personnelle en parallèle du reportage pour lequel elle est venu. Seulement sur place, les langues ne sont pas promptes à se délier, tout le monde préférant oublier son passé rarement glorieux.

Le récit alterne avec une sorte de journal intime, un carnet de notes d'un traducteur et gardien finnois qui fut employé dans un des camps nazis pour garder les prisonniers, et au fil des pages nous découvrons le destin complexe de ces hommes pris dans les tourments de la guerre, dont le mari d'Inkeri.

L'histoire est intéressante parce qu'elle m'a permis de découvrir l'implication de ces pays nordiques dans le programme d'épuration raciale de l'Allemagne nazie, et j'ai particulièrement aimé découvrir ces peuples autochtones de Laponie, les Samis. Pour autant, il m'a manqué un souffle dans ma lecture, j'ai traversé ces chapitres sans emballement, trouvé le récit un peu mou et certains passages longs et ennuyeux. Une bonne histoire mais qui ne m'a pas emballée.

🔗 Service de presse adressé par l'éditeur via Babelio.
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L'intérêt du roman est de distraire bien sûr, mais aussi d'enrichir ses connaissances par le biais de la fiction et de donner à connaître au lecteur un autre univers, géographique et temporel, pour le faire sortir de sa zone de confort.
Ces critères sont parfaitement remplis avec ce roman de Petra Rautiainen puisqu'elle situe son récit dans la Laponie finlandaise au moment de la seconde guerre mondiale puis dans les années qui ont suivi la paix.
Dès les premières pages du récit, je me suis sentie perdue historiquement et j'ai fait quelques recherches sur internet pour situer le contexte ce qui m'a permis d'explorer les relations complexes entre la Finlande et l'Allemagne nazie, la lutte contre l'envahisseur soviétique, puis le retournement d'alliances suivi d'une terrible politique de la terre brûlée.
Dans ce grave contexte, on fait connaissance avec un officier de l'armée allemande, finlandais de nationalité, qui est détaché dans un camp de prisonniers pour servir de traducteur.
Dure réalité que ces camps où la survie rendait nécessaire l'acceptation de pratiques monstrueuses ! Fragilité des hommes, froid glacial, désespoir , tout ceci constitue un cocktail terrifiant.
Mais que sont devenus ces prisonniers qui auraient dû être libérés des camps à la fin de la guerre ? La photographie Inkeri recherche activement son mari qui a été fait prisonnier et dont elle a perdu la trace. En quête de certitudes, elle se rend en Finlande et essaie d'interroger les personnes qui ont survécu et qui peuvent lui apporter des réponses sur la vie des camps et le sort de ceux qui y étaient détenus.
Son enquête en dérange plus d'un car elle est susceptible de faire émerger de terribles secrets qui gagneraient à rester profondément enfouis.
Alternant entre les deux époques et centrés sur deux personnages, l'interprète Vaino Remes et la photographe Inkeri , le récit progresse lentement comme s'il était ralenti par le froid arctique . Les chapitres sont courts, le style direct et la lecture peut s'enchaîner rapidement.
L'auteur insiste sur le sort fait au peuple lapon et sur sa quasi impossibilité de résister à l'assimilation culturelle, signe de la perte des traditions ancestrales.
Même si l'on met de côté l'effort auquel il faut consentir pour s'approprier des noms propres de personnages et de lieux qui sont bien éloignés de notre champ lexical, j'ai néanmoins l'impression d'en avoir davantage appris sur la Laponie en lisant les polars d'Olivier Truc.
Je n'ai pas ressenti d'émotion particulière bien que les thèmes traités soient de nature à susciter chez le lecteur une réaction viscérale, Peut-être en raison de l'aridité de la narration qui fait que je n'ai pas pu m'attacher suffisamment aux personnages.
Un avis en demi-teinte qui ne doit pas occulter la reconnaissance de l'effort de documentation de l'auteur qui a eu le courage de mettre en avant une page bien sombre de l'histoire de son pays.
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Le roman alterne
- entre le journal intime d'un jeune soldat finlandais, Olavi, traducteur dans un camp de prisonniers dirigé par les Allemands, en 1944
- et, l'enquête, entre 1947 et 1950, d'une journaliste et photographe d'une cinquantaine d'années, Inkeri, officiellement là pour écrire sur la reconstruction de la région, en réalité décidée à élucider la disparition de son mari, Kalle (dont elle était séparée, mais qu'elle voit comme son meilleur ami), prisonnier pendant la guerre.

Le journal qui embauche Inkeri lui achète une maison dans laquelle loge Olavi, qui était précisément dans le camp de prisonniers où se trouvait Kalle.


L'atmosphère est pesante, le secret omniprésent.

Il est question de drogues, de mesures, d'expériences, dans les camps. Les mesures se poursuivent même à l'école, après la guerre.
« le Dr Mengele a réussi à produire un enfant aux iris parfaitement bleus en lui injectant un produit chimique dans les yeux ».


Les recherches officielles menées par Inkeri ne sont pas vaines.

« A l'occasion écris donc un article sur le bureau de placement finlandais qui envoyait des jeunes filles au pair en Laponie, pendant la guerre.
(…) Travailler au pair pour les Nazis. Concrètement, bien sûr, ça voulait dire… »

Inkeri découvre le martyre du peuple sami (le mot lapon est péjoratif - lapp = porteur de haillons en suédois), méprisé pendant la guerre, mais encore aujourd'hui : les autorités cherchent à les « civiliser », la construction de la « splendide nouvelle église » nie leur culture comme leur langue.

Il n'y a pas vraiment de "héros".
Inkeri est hantée par le fait d'avoir abattu une lionne en Afrique, où elle collectionnait les trophées
Kalle son époux, avait un rôle trouble dans le camp
Olavi, interprète, gardien, également
Bigga-Marja, une jeune fille de 15 ans, Same, traîne sa peine.

C'est tout le paradoxe de ce roman, où les nuits ne sont jamais noires et durent à peine 4 heures, où l'héroïne affirme ne vivre que pour la photographie (Dessiner avec la lumière, en grec) : les Samis, traumatisés, ne veulent pas être exposés à la lumière, les autres cachent un passé qui les noircit : de la propagande de la « Grande Finlande », à la guerre aux côtés de l'Allemagne pendant la seconde guerre mondiale.

L'alternance des deux voix n'aide pas le lecteur à relier les pointillés d'une histoire bien sombre.

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Merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour l'envoi de ce livre. Je trouve très intéressant de traiter de la seconde guerre mondiale par le biais d'un autre pays que le mien parce que cela m'apporte une vision plus globale de cette sombre période de notre histoire ancienne et récente.
Petra Rautiainen est née en Finlande en 1988. Ce premier roman alterne deux époques : Inari en 1944 et Enontekiö de 1947 à 1950.
Vaïnö Remes vient d'arriver dans un camp allemand, à Inari en 1944, en Laponie pour assurer la traduction. Il est tout de suite mis dans le bain. « Je devrai toujours me conformer aux ordres, et je suis subordonné aux Allemands ici, non seulement en qualité d'interprète mais aussi de gardien. » le mystère plane sur un prisonnier finnois.
Sous couvert d'enquête sur la reconstruction de la ville, Inkeri Lindqvist, journaliste et photographe débarque à Enontekiö. Dans les faits, et en toute discrétion, elle cherche surtout à élucider le mystère de la disparition de son mari. Pour ce faire, elle cohabite momentanément avec Olavi et découvre ce que le peuple sami a subi pendant la seconde guerre mondiale dans l'indifférence générale. « Tu ne savais pas ? Il m'a demandé, puis il a baissé la tête.
Il a dit que les corps sont disséqués sur place ici avant d'être envoyés dans des instituts de recherche qui étudieront leurs caractéristiques raciales afin de récolter des données sur la race finnoise. Pour le futur programme de pureté raciale. »
Pour en savoir plus, plongez-vous dans l'univers glacial de Laponie.
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Olavi Heiskanen, jeune soldat finlandais, fait office de traducteur dans un camp de prisonniers dirigés par les allemands. Nous sommes en 1944, au coeur de la Laponie. 1947, à Enontekiö, Inkeri Lindqvist, photographe et journaliste, s'installe dans la ville pour, officiellement, écrire sur sa reconstruction. En réalité Inkeri est à la recherche de son mari, disparu pendant la guerre. Olavi et Inkeri se retrouvent à cohabiter et la journaliste découvre peu à peu toutes les souffrances qu'ont dû endurer les populations Samis. Au fur et à mesure de ses recherches, le voile se lève sur des secrets terribles et sur une vérité terrifiante.

Ce livre se laisse apprivoiser petit à petit et devient de plus en plus captivant au fil des pages. L'auteur évoque une histoire sans doute mal connue autour des camps de prisonniers présents sur le sol finlandais. Que s'y est-il réellement passé ? Que sont devenus les prisonniers mais aussi les gardiens de ce camp à l'issue de la guerre ? Quels sombres secrets se cachent derrière les silences des populations encore sur place ? C'est ce qu'Inkeri découvre au fil des trois ans qu'elle va passer à Enontekiö.

Le récit alterne ainsi entre ce qui semble être le journal intime de l'un des gardiens du camp en 1944 et l'année 1947 et jusqu'à 1950, période de l'enquête d'Inkeri. En se rapprochant de Piera, un vieil habitant qui lui loue sa maison, et de Bigga-Marja, la petite fille de Piera, la journaliste va bientôt recouper les indices d'une histoire dramatique dont les habitants de la Laponie ont été les victimes.

Le récit est très intéressant par ce drame qu'il révèle, par cet aspect historique qui fit de la Laponie un enjeu territorial disputé par les Allemands et les Finlandais durant la seconde guerre mondiale et qui fit des Samis des victimes, par ce qu'il met en lumière du peuple Sami (sa culture, sa langue, ses traditions, ses croyances), par le côté presque policier de la quête d'Inkeri. L'intrigue est très habilement menée et la conclusion amenée petit à petit, même si on peut quand même imaginer ce qu'elle peut être grâce aux indices distillés par Petra Rautiainen au cours de l'histoire. Un livre véritablement très instructif.
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