L'intérêt du roman est de distraire bien sûr, mais aussi d'enrichir ses connaissances par le biais de la fiction et de donner à connaître au lecteur un autre univers, géographique et temporel, pour le faire sortir de sa zone de confort.
Ces critères sont parfaitement remplis avec ce roman de
Petra Rautiainen puisqu'elle situe son récit dans la Laponie finlandaise au moment de la seconde guerre mondiale puis dans les années qui ont suivi la paix.
Dès les premières pages du récit, je me suis sentie perdue historiquement et j'ai fait quelques recherches sur internet pour situer le contexte ce qui m'a permis d'explorer les relations complexes entre la Finlande et l'Allemagne nazie, la lutte contre l'envahisseur soviétique, puis le retournement d'alliances suivi d'une terrible politique de la terre brûlée.
Dans ce grave contexte, on fait connaissance avec un officier de l'armée allemande, finlandais de nationalité, qui est détaché dans un camp de prisonniers pour servir de traducteur.
Dure réalité que ces camps où la survie rendait nécessaire l'acceptation de pratiques monstrueuses ! Fragilité des hommes, froid glacial, désespoir , tout ceci constitue un cocktail terrifiant.
Mais que sont devenus ces prisonniers qui auraient dû être libérés des camps à la fin de la guerre ? La photographie Inkeri recherche activement son mari qui a été fait prisonnier et dont elle a perdu la trace. En quête de certitudes, elle se rend en Finlande et essaie d'interroger les personnes qui ont survécu et qui peuvent lui apporter des réponses sur la vie des camps et le sort de ceux qui y étaient détenus.
Son enquête en dérange plus d'un car elle est susceptible de faire émerger de terribles secrets qui gagneraient à rester profondément enfouis.
Alternant entre les deux époques et centrés sur deux personnages, l'interprète Vaino Remes et la photographe Inkeri , le récit progresse lentement comme s'il était ralenti par le froid arctique . Les chapitres sont courts, le style direct et la lecture peut s'enchaîner rapidement.
L'auteur insiste sur le sort fait au peuple lapon et sur sa quasi impossibilité de résister à l'assimilation culturelle, signe de la perte des traditions ancestrales.
Même si l'on met de côté l'effort auquel il faut consentir pour s'approprier des noms propres de personnages et de lieux qui sont bien éloignés de notre champ lexical, j'ai néanmoins l'impression d'en avoir davantage appris sur la Laponie en lisant les polars d'
Olivier Truc.
Je n'ai pas ressenti d'émotion particulière bien que les thèmes traités soient de nature à susciter chez le lecteur une réaction viscérale, Peut-être en raison de l'aridité de la narration qui fait que je n'ai pas pu m'attacher suffisamment aux personnages.
Un avis en demi-teinte qui ne doit pas occulter la reconnaissance de l'effort de documentation de l'auteur qui a eu le courage de mettre en avant une page bien sombre de l'histoire de son pays.