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Critique de saigneurdeguerre


Quelque part en Israël dans un immeuble du Mossad (services secrets israéliens)…

- Boss et La Mouche, vous avez devant vous le dossier de vos deux cibles. François Lapierre, professeur à la Sorbonne et Laura Zante, historienne, chercheuse, jeune et splendide.
- Wow ! Comment une bombe atomique pareille peut-elle se faire sauter par un vieux mec comme lui ?
- Fermez-la Boss ! Vous êtes pénible ! Tâchez seulement de ne pas vous comporter comme Alaric à Rome en semant la ruine sur votre passage. Et ne déglinguez personne ! C'est une mission « soft » !
- C'est qui ce mec ? Cet Alaric ? Un djihadiste kosovar ?
- Alaric a foutu le boxon dans Rome en 410 après Jésus-Christ, c'était le chef des barbares de l'époque, il t'aurait sans doute plu, vous auriez formé une bonne équipe…
- Arrêtez vos enfantillages tous les deux ! Sachez que la source qui nous a refilé cette information vient de se faire descendre dans sa propre baraque. Vous connaissez l'essentiel du dossier…
- Mais, Patron, si cette lettre de Sénèque est authentique et qu'elle est révélée au monde, elle va foutre un bordel pas possible…
- Ce mec ? Quel mec ? C'est qui ce type ?
- T'es vraiment un ignare ! Sénèque était un philosophe romain très riche qui fut chargé de l'éducation du futur empereur Néron, puis il devint son conseiller le plus proche jusqu'à ce que Néron lui ordonne de se suicider.
- Et il l'a fait ce con ?
- Pfff !
- Vous avez raison, La Mouche ! Si le contenu de ce document apparaît au grand jour, la face du monde en sera changée…





Critique :

Supposons que vous soyez une historienne qui débute difficilement dans le monde universitaire italien où certains arrangements entre amis pourraient bien vous empêcher de progresser malgré votre travail et votre talent… Supposons que vous découvriez un secret qui pourrait propulser votre carrière vers les plus hauts sommets, mais aussi changer la face du monde… Supposons que ce secret tienne sur un petit papyrus… Êtes-vous prête à mettre votre vie en danger ? Votre vie et celles de vos proches, de vos amis, et d'inconnus ? (Oui, bon, les inconnus, à la limite, vous vous en fichez, mais si vous n'êtes pas suicidaire, seriez-vous prête à courir le risque d'être enlevée, torturée, assassinée ?) Oseriez-vous risquer des bouleversements qui affecteraient une bonne partie de l'humanité et dont nul ne saurait prévoir les conséquences, qui ne pourraient qu'être désastreuses ?

C'est un peu la question que pose Philippe Raxhon dans ce roman que certains refusent de voir comme un thriller parce qu'il n'y a pas assez de sang, de meurtres, de tortures, mais que, par contre, il y a trop de romance, trop de place accordée à la gastronomie… Personnellement, je me fiche pas mal de ces critères ! J'ai passé un excellent moment à suivre les aventures de François Lapierre et de Laura Zante. J'ai redécouvert Sénèque et passé pas mal de temps à me replonger dans la vie de ce personnage (et d'autres) en lisant un maximum d'informations sur Internet. J'aime les textes qui me permettent de faire des découvertes ou de redécouvrir des pans de l'histoire que j'avais un peu oubliés.

L'intrigue est particulièrement bien construite (oui, oui, je sais que les grands admirateurs de Dan Brown vont me fouetter, me lapider, m'écarteler et j'en oublie plusieurs joyeusetés). Ce thriller tient la route jusqu'au bout. Pour ceux qui n'auraient pas compris la fin, je leur conseille de relire ce qui est écrit en italique au bas de la page 393… C'est la solution de l'énigme.

Tout au long du récit, des scènes plus calmes, des scènes de recherches historiques, des scènes gastronomiques, de grands hôtels, des scènes de drague ou d'amour, alternent avec l'action qui se manifeste surtout dans la deuxième partie.

L'identification aux deux héros ne sera pas facile : ils sont hyper intelligents (ce n'est pas donné à tout le monde) ; elle est la plus belle femme du monde et est la déesse de la cuisine italienne (toutes les femmes risquent de ne pas se reconnaître dans le personnage) ; il a le charme de l'intelligence, de la culture et de l'humour (pas de panique, messieurs, je suis sûr qu'il ne sait même pas qui a gagné la dernière coupe du monde et si vous dites « Lionel Messi » il va vous corriger en affirmant « Ah, non ! le Messie, c'est Jésus ! ») ; il a un pognon fou qui lui permet de fréquenter les meilleurs restaurants et les meilleurs hôtels ou maisons d'hôtes (je suis sûr que tous les profs d'unif qui vont lire ce roman exigeront une augmentation substantielle de leur salaire)…

Mais, franchement, où est le problème ? Si vous êtes entraîné dans une aventure palpitante, instructive, que vous lisez le livre quasi d'une traite et que vous fermez le bouquin à regret parce que c'est fini, je vous repose la question : « Où est le problème ? »…

Pour moi, le livre tient toutes ses promesses et j'attends avec impatience que Philippe Raxhon sorte un nouveau thriller qui revisite l'histoire, un domaine qu'il connaît particulièrement bien…

P.S. : J'ai eu au moins autant de plaisir, même plus, à lire Philippe Raxhon que Dan Brown. Mais dès que j'aurai quelques jours devant moi, après avoir lu tout ce qui m'attend, je relirai Dan Brown avec l'attention que j'ai accordée à « La source S », histoire de voir si je n'ai pas changé d'avis… (Chers fans de Dan Brown, accordez-moi un sursis d'un an avant de me brûler en place publique marqué du sceau de l'infamie.)
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