Citations sur Le cercle de Caïn (26)
Greta, elle, appréciait son petit confort. Mais ce n'était pas ce qui l'avait le plus dérangée. Elle éprouvait depuis la veille un sentiment de malaise inexplicable. Loin de s'atténuer, il ne faisait que s'amplifier.
L’instinct de survie ? L’adrénaline ? L’envie de se faire justice et de ne pas laisser les criminels impunis ? Une certitude : il ne pourrait pas aller beaucoup plus loin avec cette flèche fichée dans l’épaule qui se balançait dans son dos au gré de ses mouvements.
Saviez-vous qu’à une certaine altitude, la pression atmosphérique diminue ? Pour simplifier, ici, il y a environ moitié moins d’oxygène dans l’air qu’à Paris. Quand les organes sont moins bien oxygénés, un phénomène assez ennuyeux peut se produire : l’hypoxie. En d’autres termes, lorsqu’on retrouvera votre corps, l’enquête conclura que vous avez souffert du mal aigu des montagnes, un mal qui touche principalement les femmes et les enfants, même à de « faibles » altitudes.
On ne fait pas des enfants pour qu’ils vous donnent de l’amour ! Ça, c’est égoïste ! Si vous faites des enfants, c’est pour leur donner de l’amour, pour les aimer. Moi, avec la vie que je mène, je n’ai pas la possibilité de donner à un enfant tout l’amour qu’il mériterait.
Au sens littéral du terme, refuge signifie un endroit où l’on se sent en sûreté, où l’on se retire pour échapper à un danger. C’est ça, un refuge de haute montagne. Un alpiniste, un randonneur ou quiconque passant par-là et se trouvant en difficulté peut s’y réfugier s’il l’estime nécessaire. La salle à manger, la cuisine et le dortoir restent accessibles à tous, à tout moment. Sur place, il y a un poêle, du bois, une plaque de cuisson, de la vaisselle, des matelas et des couvertures.
Les ours étaient des prédateurs omnivores. Ils mangeaient de tout. Des myrtilles, des baies, du miel et bien sûr les animaux qui avaient le malheur de croiser leur chemin. Leur vue déclinait à dix mètres, mais ils compensaient avec une ouïe et un odorat très performants. Il était inutile de se cacher, puisqu’ils vous détectaient à l’odeur. N’importe quelle odeur de nourriture pouvait les attirer. Y compris celle du dentifrice. Ils étaient capables de repérer un parfum à plusieurs kilomètres à la ronde. Une fois pris en chasse, il était extrêmement difficile de leur échapper.
Quand vous les écoutez parler, c’est plein de bons sentiments, ils vous disent que les ours, les loups, ils étaient déjà là avant, hein, mais qu’à cause de l’homme, le pire prédateur existant sur terre, ces pauvres animaux ont été massacrés. Comme par hasard, tous ces grands intellectuels qui savent tout mieux que tout le monde, ils vivent tous dans des villes et n’ont aucune idée de notre quotidien en montagne.
L’homme qui chasse retrouve toutes ces sensations. Comme la bête qu’il traque dans les bois, le chasseur voit, entend, sent. Le nuage de brume sur l’herbe, le bruissement du vent, la pluie qui crépite sur les feuilles, l’odeur de la terre, la sueur du pelage, le battement du cœur, l’effluve âcre et métallique du sang. Comme l’animal, le chasseur ressent tout autour de lui. Il retrouve l’instinct du prédateur, l’âme du tueur qui sommeille en lui.
La civilisation nous a petit à petit éloignés de ce que nous étions vraiment, à l’origine du monde. Nous avons sans cesse évolué, nous nous sommes adaptés à de nouvelles normes, à de nouvelles technologies. Nous avons beaucoup appris. Ces connaissances, ces progrès ont totalement bouleversé notre façon de vivre. Nous sommes devenus paresseux, lents, prévisibles. Nous nous sommes fourvoyés. En réalité, nous avons perdu l’essentiel, à commencer par notre âme.
La chasse répondait à un besoin vital. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Les chasseurs qui s’adonnent à cette passion cherchent juste à assouvir un désir égoïste et cruel. Avoir une proie dans le viseur, tirer sur une cible en mouvement, prendre du plaisir à contempler sa souffrance…