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Critique de motspourmots


Travailler dans la communication corporate constitue un excellent poste d'observation. Des entreprises, bien sûr, de leurs enjeux, des mutations qui impactent leurs organisations... mais pas seulement. A travers ces entreprises, c'est notre société qui transparait, dans toutes ses dimensions... de quoi inspirer des scénarios de polars à Do Raze qui gravite depuis une vingtaine d'années dans cette sphère corporate et offre dans ce thriller captivant une intrigue aussi intelligente qu'inquiétante par ce qu'elle laisse entrevoir de notre monde. Tout en respectant parfaitement les codes du polar avec pour principal résultat de vous embarquer sans temps mort et sans la moindre envie de poser ce bouquin avant la fin.

Le héros s'appelle Bleu et c'est un tueur. Mais pas n'importe quel tueur. Un tueur corporate. Appartenant à une organisation qui se charge de régler les problèmes des grandes entreprises. Un concurrent trop doué ? Des marchés qui s'envolent ? Des ambitions contrariées ? Vous n'y avez jamais fait attention mais les journaux sont remplis de faits soi-disant divers, accidents malencontreux et autres mauvaises rencontres... Sachez que bien souvent, Bleu et ses semblables sont derrière tout ça. Ceci dit, de nos jours "il existe plusieurs façons de tuer une personne. Vous pouvez le faire socialement ; professionnellement ; psychiquement. Ou physiquement." Bleu préfère les trois premières options, c'est même devenu sa marque de fabrique après vingt-cinq ans de métier et une bonne trentaine de contrats exécutés. Un à deux par an, pas plus. Seulement voilà. le trente-cinquième se passe mal, Bleu et son apprentie, Shadow, se font doubler. de chasseur, Bleu est soudain devenu gibier. Qui l'a trahi ? Qui gêne-t-il ? A lui désormais de mener l'enquête pour tenter de sauver sa peau...

A partir de cette ossature de parfait thriller, Do Raze invite son lecteur à pénétrer les arcanes de l'organisation des entreprises sans lésiner sur les moyens. Au centre, les enjeux de pouvoir, bien sûr. L'expression "tueur" fait partie de celles que l'on entend dans les couloirs des boîtes les plus respectables... synonyme d'ambition et d'absence de scrupules. Autour, comme des cercles concentriques, les ressources technologiques et la façon de les utiliser, et les ressources humaines avec en exergue le conflit entre générations. Conquérir le pouvoir et s'y maintenir. Il n'est question de rien d'autre. Les anciens s'y accrochent, les petits jeunes n'ont pas la patience d'attendre. Situations de plus en plus fréquentes au sein des entreprises mais pas seulement... il suffit de se pencher sur les dernières campagnes électorales.

Grâce à ce contexte, Fucking Business possède un petit supplément d'âme par rapport à un polar classique. Résolument contemporain, il dote Bleu de tous les attributs d'un James Bond du 21ème siècle qui sont plus de l'ordre de l'accès aux données que de l'arsenal militaire. Et il le confronte aux réalités d'un professionnel de quarante-huit ans face aux impatiences et aux différences de comportement de la jeune génération. Comme vous et moi.

On n'a pas toujours la chance de rencontrer un propos brillant en tournant les pages d'un polar. C'est ce qui se produit à la lecture de Fucking Businness. On grince des dents, on sourit aussi, cela dépend certainement de notre degré de connaissance de l'univers corporate (moi j'ai même ricané parfois) mais on est surtout captivé par ce drôle de héros, qui pourrait être notre avatar et qui va jusqu'à nous rappeler ce mot d'Oscar Wilde "Chaque fois que l'on produit un effet, on se donne un ennemi. Il faut rester médiocre pour être populaire".
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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