En ne montrant en surface qu'une petite fraction de sa vie intérieure, une femme offrait moins à piller aux hommes.
Selon [ ma mère ], il existait en toute chose une bonne et une mauvaise manière de faire, qu'il s'agisse de se tenir à table, de parler ou de coudre, voire d'étaler la mayonnaise sur une tranche de pain de mie, de battre les tapis ou d'inciter les poules à pondre davantage.
De calmes cascades de neige tombaient sur la ferme telle de la farine tamisée, faisant taire la création et incitant au repos.
Je n'ai jamais cessé de m'interroger sur mes choix passés, mais en ce monde, chaque pas entraîne le suivant et nous devon marcher dans cet espace ouvert, sans carte ni invitation.
Quand je lui avais demandé si le lieu lui manquait, il m'avait seulement répondu : " Aucune terre n'a de coins", comme si ça voulait tout dire.
Imaginez ce qui hante le fond obscur d'un lac. Des débris, charriés par des cours d'eau ou jetés des bateaux, ramollissent et se désagrègent. D'étranges poissons lippus nagent comme ils respirent, loin des hameçons. Imaginez des parterres d'algues, semblables à des femmes aux corps déliés dansant à l'abri des regards. Approchez-vous du bord, laissez les vaguelettes laper vos chaussures, et imaginez, tout près, un monde à part, aussi silencieux que la lune, hors de portée de la lumière, de la chaleur et du son.
Aucun des deux n'était daltonien, n'avait les pieds plats, un souffle au coeur ou des allergies. Si leur date d'anniversaire était tirée au sort, ils partiraient au Vietnam.
Une règle que ma mère m'avait apprise par exemple, c'est qu'une femme a tout intérêt à parler le moins possible.
Ma maison se trouve au fond d'un lac. Notre ferme gît dans la vase, où rien ne distingue ses vestiges d'une épave. Des truites lisses et luisantes se baladent dans ce qui était ma chambre et dans le salon où notre famille se réunissait le dimanche.
Le vieux camion renâcla en montant la colline et en traversant le bois. Une fois garée, je donnai une petite tape reconnaissante au tableau de bord.