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Critique de Ziliz


Au début du XXe siècle en France, les mariages étaient arrangés par les parents, et les intérêts financiers primaient sur les sentiments. C'est ainsi qu'on a présenté Victoire à Anselme de Boisvaillant suite à une petite annonce dans le 'Chasseur français', en 1903. Ils se sont plu à première vue, ils s'entendent encore à peu près bien après cinq années de mariage, mais monsieur - notaire - travaille beaucoup, tandis que madame s'ennuie dans sa belle propriété de province, d'autant plus que les enfants attendus n'arrivent pas - le couple reste stérile. Victoire se rêve un peu en Emma Bovary, mais elle n'aurait pas son audace quand même, non : la sexualité la dégoûte, cet « enchevêtrement immonde ». Et pourtant...

Superbe roman délicat, sensuel, servi par une jolie plume. On s'y indigne de la condition ancillaire : monsieur ne salue pas la jeune bonne, elle n'existe que « tous les trois mois environ, quand une envie irrépressible le pousse à monter quatre à quatre les escaliers jusqu'à la petite chambre, jusqu'au petit lit en fer » pour la violer. De même, une servante pas toute jeune se doit d'assouvir les pulsions du fils de la maison quand il devient un 'homme', même si elle l'a connu enfant. C'est plus discret que le bordel, ça reste dans la famille et il n'y a pas de risque d'attraper des maladies. Les domestiques ne peuvent pas se plaindre, quoi qu'il leur en coûte : « garder la tête haute, c'est tout ce que nous pouvons faire, nous autres ! Garder la tête haute pour faire croire qu'on n'a pas honte. » (p. 12)

"Amours", une très belle histoire d'amourS : instinct de survie et amour "animal" d'une mère pour son bébé, mais aussi amour charnel entre deux êtres qui brisent les barrières sociales et les interdits, dans une société où une femme n'est « rien, son avis sur sa vie ne compte pas », où elle n'a que le droit de se taire, d'obéir, ligotée et droite dans son corset...
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