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Critique de DianaAuzou


Un livre qui m'a fait pleurer, jusqu'à ce que je puisse rire à nouveau, les larmes roulent l'une après l'autre, toutes en même temps, il y en a qui s'arrêtent à mi-chemin, le temps de m'essuyer avec le dos de la main et elles s'évaporent déjà, le visage tiraille, il reste une trace de leur passage...
Je parcours les lignes, les phrases, les pages, je deviens Léonor pendant sa veille, son vécu est le mien, sa douleur la mienne, je vis en parallèle celle que j'ai déjà connue au chevet de l'être cher... quelque chose m'empêche d'avaler...
Un dernier souffle, une première page, des années derrière avec leurs milliers de jours, le temps n'existe plus, sa densité est éclairée..... , il n'y a que le ciel qui embrasse la terre, dans un espace sans limites, dans un grand présent, où la musique des mots, la main tenant la main accompagnent "la seconde où la mort est la plus violente et la vie la mieux définie" (les feuillets de René Char que j'ai fait miens depuis des années maintenant), le temps suspendu appelle des moments, des années et des instants passés, tous différents, tous pareils : nourris par la vie, la même qui s'en va maintenant.
Feuilles blanches pour reprendre la respiration que la douleur arrête, passage silencieux d'un chapitre à l'autre, du présent où la vie s'arrête, où les larmes et le noeud dans la gorge paralysent, étouffent, vers des moments du passé, tellement présents, tellement proches, le temps où la vie telle une rivière de montagne avait la force la fraîcheur le désir et la faim de connaître et de dévorer.
Ernesto c'est Hemingway et Félix c'est le père à bout de souffle sur le lit de l'hôpital, le premier est mort depuis longtemps, parti pas mort, il est vivant autrement, deux esprits qui échangent des souvenirs lointains et qui vont bientôt se rencontrer.
Tenir la main du père qui s'en va pour l'éternité, sa main encore chaude et sa respiration hésitante, son seul et dernier langage de vivant.
Chapitre après chapitre, page blanche au milieu, les dialogues se tissent, entre les vivants et les morts, en allers et retours incessants entre passé et présent, le futur n'a pas la parole, ce sont des dialogues courts qui font revenir quelques moments à compter sur les doigts d'une seule main mais chargés de tant de douleur et de joie, de larmes et de rires que la terre entière aura du mal à les contenir.
La douleur est poignante, l'amour est immense, la séparation inconcevable, attendue à chaque instant, inimaginable, l'amour est plus fort il crée la douceur, donne le regard lumineux, la chaleur bienfaisante du toucher chaleureux où la main à peine effleurée répond par une faible reconnaissance comme pour embrasser encore une fois avec la dernière force, ténue mais la plus puissante qui soit.
Manifesto d'amour, musique de gratitude, douceur des gestes, des phrases chaleureuses et sereines pour embrasser dans un dernier mouvement un père qui part pour rester toujours vivant. Oui, on peut dire partir, les chers partent un peu, ne meurent jamais, et leurs voix dans leur silence ne resteront jamais muettes.
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