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Critique de fanfanouche24


Emprunté par hasard à la bibliothèque Buffon à Paris- 22 juillet 2023

Une vraie pépite que ce livre rare, aussi éblouissant que bouleversant !

Leonord de Recondo revient des années après , sur les derniers jours de son père, à l'hôpital , où avec Cécile, la maman, elles sont toutes les deux à son chevet...

La narration est astucieuse, habile, à la fois très littéraire, poétique et musicale...nous offrant un récit choral , mêlant, alternant les voix du Père et de la fille...mais pas que...

En effet pour redonner le cours du récit à son père, Félix; elle le fait dialoguer avec Ernesto
( Hemingway).Un dialogue outre-tombe d'un cadet à son aîné , écrivain, avec lequel il a tant de points communs...Les deux discutant de " leur" Espagne adorée, meurtrie, l' Espagne d'avant la Guerre civile, avant l'Exil, la guerre, leurs oeuvres accomplies, et leurs destinées devenues si proches, si parallèles : les deuils, le malheur enduré, dépassé, et cette Mort, omniprésente, jalonnant, imprégnant profondément leurs parcours...

Une autre part lumineuse : l'amour d'un Père pour sa fille musicienne , à qui il décide , un jour, de réaliser, fabriquer un violon.Félix raconte de facon merveilleuse à son ami, Hemingway, les étapes de ce travail délicat : choix des bois, travail et sculpture de cet objet si précieux à ses yeux...

"Ce violon, c'est moi qui l'ai fait.J'ai choisi le bois, je l'ai caressé, écouté vibrer, j'ai rêvé de la forme qu'il prendrait, que je lui donnerai. C'était la première fois que je devais sculpter une forme qui donne du son, du sens avec du son, et je savais comment m'y prendre.
La musique est entrée chez nous à l'intérieur d'un tout petit étui.On n'a jamais vraiment su pourquoi Léonor nous a demandé de jouer du violon.Elle a insisté, elle ne se résignait pas (...)"

Une complicité unique entre un père artiste, très aimant et une petite fille douée, faisant rentrer la magie de la Musique dans l'univers familial !

L'auteure , par le dialogue de son père, Félix avec Hemingway lui fait raconter son enfance, sa jeunesse, ses parents, l'Exil, l'amour inconditionnel pour sa femme, Cécile et pour sa fille, Léonor...mais aussi la Mort, brutale, injuste, foudroyant sa vie à plusieurs reprises, de manière intolérable, insupportable !

( ***voix du père de l'auteure)
" Cette hache et cette faux m'ont suivi partout, tu sais.Pourtant ce n'était pas le plus simple à transporter.C'étaient les outils préférés d'Aïta, mon père, il avait sculpté le manche de la hache.Toute mon enfance, je l'ai vu avec.Il l'utilisait pour le bois, pour tout.
(...)
Quand il est mort, écrasé par une voiture, on vivait encore à la ferme.J'avais dix-sept ans.On était anéantis, évidemment. C'était absurde d'avoir survécu à la guerre civile, à la Clandestinité, à la Seconde Guerre, et de mourir, quelques années plus tard, comme ça, si brutalement. Sa mort n'avait aucun sens, elle ne prolongeait pas sa vie, elle venait l'interrompre, inutilement.Pour moi, c'était le début des morts inexplicables, inacceptables. "

Il y aurait encore beaucoup à dire de ce texte si fort en émotions et en beauté...Cette lecture restera profondément en moi !

Sur cette lecture très exceptionnelle, j'ai eu deux élans parallèles: lire un autre de ses textes " Rêves oubliés " et réaliser une modeste sélection bibliographique autour des
" Écrivain (es) musiciens et poétesses musiciennes" ....
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