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Critique de Jeannepe


Erin et Rosina ont l'habitude d'être deux à la table des filles bizarres. Faut dire que la première est atteinte du syndrome d'Asperger et que la seconde est pauvre, latina, lesbienne et toujours en colère. de quoi en faire des esseulées de première catégorie. Mais un jour, arrive Grace. Elle est boulote, discrète, gentille, et manque de confiance en elle. Quand elle parle, c'est rarement plus haut qu'un chuchotement. Sa famille arrive tout droit du Kentucky : suite à une chute sur la tête, sa mère, directrice des activités des femmes et oratrice invitée à la méga-église du Premier baptiste grand rédempteur, est devenue beaucoup trop progressiste au goût des bonnes âmes de la paroisse. Ainsi donc, s'est-elle fait expulser. Ses parents comptent bien que l'Oregon saura accueillir une parole ouverte.

Bref, Grace se voit obligée de quitter les filles qu'elle connaît depuis qu'elle est petite et son rôle de subalterne de l'amitié pour gagner une nouvelle ville, un nouveau lycée et une nouvelle chambre dans une nouvelle maison. Dans cette dernière, elle trouve un appel à l'aide gravé par son ancienne occupante. C'est ainsi qu'après avoir très naturellement atterri à la table des looseuses, elle questionne : qu'est-il arrive à Lucy ? Or il lui est arrivé la même chose qu'à bien d'autres filles : elle a été violée en toute impunité. Au fil des discussions, elles réalisent qu'il leur est impossible de laisser agir les « vrais mecs de Prescott » et décident d'agir.

Les Filles de Nulle Part se rencontrent, discutent, tâtonnent, s'organisent et se serrent les coude. Ensemble, elles réfléchissent à des moyens d'action. Pour commencer, une parole qui se délie dans la sécurité de réunions privées et des questions qui osent se poser, sur la sexualité et le plaisir notamment. Mais aussi la volonté de faire reconnaître les viols pour ce qu'ils sont, de créer une solidarité et une prise de conscience collective, pour tenter d'enrayer le phénomène.

Les propositions des filles pour agir sont multiples. Bien loin du mode d'emploi qui résolverait tout de deux ou trois coups de baguette magique, le roman d'Amy Reed regorge d'idées, de frustration, de colère et d'espoir, malgré les murs dans lesquels toutes ne cessent de se cogner. le premier d'entre eux est celui créé par les gardiens du vernis de la communauté : le coach, la proviseure et le chef de la police notamment. L'absence d'adultes qui pourraient être des ressources est frappante.

Les Filles de Nulle Part est une lecture qui fait du bien, qui remue et fait réfléchir. L'autrice a su éviter les écueils et écrit avec une bienveillance réconfortante. La question du consentement, qui ne passe pas nécessairement par un simple « oui », est questionnée avec celle du désir et de l'amour. Des livres comme ça, je voudrais en lire encore et encore, et les faire découvrir. Ils ne peuvent que faire du bien : aux filles et à la société.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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