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Par un complet hasard, j'ai commencé ( et fini) ce roman le jour où Weinstein devait comparaitre et où il est ressorti libre, moyennant une caution d'un million de dollars , défendu par l'avocat d'un certain DSK …
Ce (génial ) roman parle de ça , à l' échelle adolescente …
Et il commence de façon grandiose , digne d'un grand metteur en scène, par un balayage presque anonyme de dizaines d'adolescentes d'une toute petite ville . Leur point commun : elles vont (ou iront) toutes dans le même lycée.
Il y a celle qui vient d'arriver avec un camion de déménagement ( Grace ) dont la mère est pasteure et qui fuit une ville où les opinions "modernes" de sa génitrice ne passaient pas.
Il y a celle qui justement ,passe devant sa maison, (Rosina) qui vit très mal son homosexualité dans une famille Mexicaine , laquelle lui demande d'être corvéable à merci.
Il y celle qui a un QI exceptionnel , ( Erin) doublé d'un syndrome d'Asperger , et qui essaie d'avoir une vie la plus normale possible avec une mère , certes protectrice mais étouffante .
Et puis surtout , il y a Lucy qui est partie, qui a fuit le scandale et la disgrâce , celle qu'on a pas crue lorsqu'elle a affirmé avoir été violée à une soirée , par plusieurs garçons.
Mais il y a Grace, qui vient donc d'aménager dans la maison de Lucy et qui dans sa chambre, voit des mots gravés sur les murs, des mots qui hurlent , des mots qui ne mentent pas …
Alors Grace , aidée par Rosina et Erin , va fonder "Les Filles de nulle part" pour se révolter , pour dénoncer, pour rendre à Lucy ce qu'elle a perdu…
. Distribuer des tracts pour prévenir les petites troisièmes qu' elles ne sont que des proies pour les grands de terminales , continuer par un acte symbolique : la grève du sexe de toutes les lycéennes , dénoncer les violeurs ….
Et si la ville n'était pas prête ? Et si les adultes ne voulaient pas faire de vagues afin de sauver leurs horribles fistons ? Qu'importe : "girl power" et on y go !

Sans AUCUNE lourdeur, Amy Reed dénonce, avertit, et protège. Elle réussit de façon subtile , décontractée et distrayante, à balayer tout le spectre des relations garçons/filles. Homosexualité , travestissement et transgenre sont également évoqués. Ne croyez pas que les garçons soient tous mauvais, dans ce livre, certains sont très bien…
Heureusement ! Du sourire au larmes, on s'attache à sa galerie de portraits, et on tremble pour les principales héroïnes.
Ma préférée étant la jeune Erin atteinte du syndrome d'Asperger que la mère a mise au régime Végan, les passages la concernant sont une ode à la différence , et d'une originalité folle. ( Elle est fan de la série Star Trek et son chien s'appelle Spot.)
Mais tous les personnages sont explorés , travaillés .
Il y a matière à faire une série TV, tellement ce roman est riche de vies. Un film n'y suffirait pas et aborderait les sujets de façon trop superficielle. Comme la série ne parlant que d'adolescents , "13 reasons why ? "cartonne mondialement, je crois très fort à Nous les filles de nulle part ;-)
" Scandale, soif de justice, romance, une vision positive et épanouïe de la sexualité, et un coup de poing dans les fondations sexistes de notre société : ce livre est un joyau." Kirkus Reviews

[ A la fin du roman , vous trouverez les noms, coordonnées et objectifs, de toutes les associations luttant contre les violences faites aux femmes .]
Ce roman pour ados devrait être acheté par tous les CDI et médiathèques...
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En lisant la quatrième de couverture, j'ai su que j'allais aimer ce livre. Militante féministe depuis une dizaine d'années, j'avais tout de fois un peu peur que certains clichés soient colportés mais au final, j'ai beaucoup aimé.
Les trois principales protagonistes, élèves de 16 ans au lycée, sont des "parias" ; elle ne font pas partie des filles cools et populaire. Rosina est une jolie Latina au tempérament de feu, lesbienne affichée, coincée dans une famille traditionnaliste. Grace est une fille de pasteur, boulotte, discrète et n'ayant aucune confiance en elle car complexée. Erin est autiste Asperger, d'une intelligence exceptionnelle, mais qui a du mal à comprendre certaines émotions et ne supporte pas le bruit et le monde.
Grace débarque en ville, et trouve des messages écrits sur les murs de sa chambre : "aidez-moi". Rosina l'informe que la maison dans laquelle elle a emménagée était habitée par une ancienne élève, Lucy, qui avait été violée l'an passé par trois garçons de l'établissement. Lucy avait été ostracisée, traitée de menteuse, et a fini par partir avec ses parents.
Grace est révoltée par l'immunité dont ont profité les agresseurs. Pour une fois, elle ose enfin gueuler, et aidée de Rosina et Erin, elles vont réunir les filles du lycée pour que cette culture du viol cesse. Organisées, elles vont tout chambouler pour se faire entendre, malgré les menaces de la principale et même de la police.
Certain garçons se croient tout permis, et n'hésitent pas à alcooliser des filles de 14 ans pour pouvoir les dépuceler (la "victoire" que d'etre le premier à pénétrer la fille). Tout le monde savait, mais tout le monde se taisait également. Il est temps de parler et de punir les agresseurs.
Les concepts d'injonctions patriarcales à la beauté, de culture du viol, l'homophobie, la peur de la différence (autisme) sont expliqués simplement. Me rappelant mon adolescence, je me reconnais dans beaucoup de ces filles, qui osent enfin parler entre elles, s'entre-aider au lieu d'être en compétition pour les hommes. Une belle ode à la sororité !
Bref, un livre à mettre entre les mains de tout ado à partir de 13 ans (oui, même les garçons, afin qu'ils comprennent ce que subissent les filles et n'agissent pas en agresseurs, et les soutiennent). Par contre, il n'y a aucune "animalité" ou pulsion dans le viol : c'est un acte de domination, pas de sexe (ce qui est très bien expliqué dans l'ouvrage). Les garçons/hommes ne sont pas "esclaves" de leurs pulsions, ils doivent apprendre à vivre en société et à respecter les filles/femmes.
Un livre très bien écrit, qui capte tout à fait la mentalité des ados d'aujourd'hui et explique parfaitement les mécanismes de la domination masculine.
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Les Filles de Nulle part, je les ai suivies jusqu'au bout. Un vrai coup de coeur.

Grace et ses parents viennent d'emménager dans la ville de Prescott, dans l'Oregon, après que la mère de Grace, pasteur, se soit tout simplement faite virer de sa congrégation baptiste du Kentucky pour ses idées trop progressistes. Nouvelle maison, nouveau lycée. Grace, rondelette et timide, ne tarde pas à sympathiser avec les « looseuses » du lycée : Rosina, la rockeuse mexicaine qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, et Erin, une jeune autiste fan de la série « Star Trek : La nouvelle génération » qui ne survit dans ce milieu hostile que par une organisation militaire. A elles trois, les jeunes filles forment un trio pour le moins hétéroclite et marginal : une boulotte timide, une latina lesbienne et une autiste au crâne rasé, bien loin des canons stéréotypés du lycée. Qui irait se douter qu'elles sont à l'origine des Filles de Nulle part, ce groupe féministe secret qui va déclencher un véritable cataclysme dans ce lycée où les prédateurs mâles ont toujours eu l'habitude faire la loi ? Certainement pas eux.

C'est un livre coup de poing, choquant, bouleversant. Un livre qui fait tomber les tabous et éclater la vérité à travers une parole libérée et un discours sans détour sur le rapport des ados filles à leur sexualité et leur identité sexuelle. Qu'elles soient hétéro, lesbiennes, transgenres, filles faciles ou psycho-rigides, épanouies ou introverties, pom pom girls ou athlètes, elles ne rêvent que d'une chose : vivre une sexualité épanouie et être enfin respectées par les hommes qui, il est vrai, n'occupent pas la première place dans ce roman où la violence et la domination mâles sont fustigées et dénoncées.
Mais que les hommes et garçons n'aient pas peur. Il ne s'agit pas d'un livre contre eux mais contre tous ceux qui utilisent le sexe – le viol soyons clair – comme une arme de destruction et de soumission. Contre ceux qui considèrent tout simplement les femmes comme inférieures à eux et qui ne voient en elles qu'un moyen d'assouvir leur simple instinct de prédateur.

C'est une roman féministe et militant mais c'est aussi bien plus que cela. A travers les personnages terriblement attachants de Grace, Rosina, Erin et toutes les autres, chaque lectrice pourra se reconnaître à travers ses doutes, ses peurs et ses traumatismes. Pas seulement ceux liés aux hommes mais ceux qui jalonnent toute vie adolescente : l'affirmation de soi, la découverte de l'amour, les liens de l'amitié, la solidarité… l'apprentissage de la vie en somme.
La relation mère-fille notamment (les pères sont absents ou secondaires), si importante à cet âge, est mise à l'honneur à travers chacune de nos héroïnes. Le milieu social de chacune, très différent, dévoilant également beaucoup d'elles-mêmes.

L'amour enfin, le vrai, celui que chacune - et chacun – attend est présent, révélant qu'effectivement c'est avant tout la violence qui est combattue par nos trois ados et non les hommes. Des gentils garçons, il en existe ;)

Ce roman est un cri de colère, c'est aussi un cri plein d'espoir car rien n'est vain quand la parole se libère. Encore faut-il que tout le monde soit prêt à l'entendre...

Un livre au style très agréable, fluide, qui se lit d'une traite. A mettre dans les mains de toutes nos ados (à partir du lycée) et place au Girl Power !
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On est loin du roman doudou que j'affectionne tant. Amy Reed nous offre un roman coup de poing, un roman qui fait appel à la révolte et qui donne la parole aux adolescentes.
Qu'ont en commun Grace, la nouvelle boulotte et effacée, Erin, la jeune androgyne et autiste, Rosina, la lesbienne mexicaine toujours en colère? Ces trois jeunes filles vont crier haut et fort la vérité sur leur lycée, ses manigances et surtout toutes ses oeillères sur la violence gratuite faite aux jeunes lycéennes. Amy Reed nous apporte un roman choc où il n'y aura plus de tabous entres ces filles désoeuvrées, qui ont subies des viols, de la maltraitance et qui n'ont pas le choix de sourire et faire avec leur quotidien. Ces jeunes filles qui ont perdu tous repères et qui subissent les préjugés et ne savent pas à qui en parler sans être pointer du doigt.
Amy Reed va droit au but pour dénoncer le systèmes scolaire du lycée Prescott qui ferment les yeux sur les agissements de leurs superstars footballeurs. Interdiction de critiquer ou pointer du doigt les pseudo héros, on doit les encenser.
C'est le premier roman d'Amy Reed que je lis et ce fut un choc émotionnel. On passe par tout un panel de sentiment, la colère, la révolte, la frustration de ne pas pouvoir faire un coup d'éclat, la tristesse, être sans défense face à un combat perdu d'avance par les filles de nulle part. Amy Reed a t'elle voulu dénoncer un fait existant et le décrire dans son roman choc.
Ce roman jeunesse ne laissera personne indemne. En tout cas, moi j'en suis ressortie en larmes. Amy Reed ne laisse personne de côté, elle fait parler toutes ses filles : Grace, Erin, Rosina sans oublier Cheyenne et Lucy. Elle n'oublie pas de s'intéresser au "Nous" pour explorer les sentiments contradictoires de certaines adolescentes. Je pense à Amber qui a généré un sentiment de pitié et de se dire qu'il était trop tard pour elle.
Amy Reed donne aussi de l'espoir à ces jeunes filles qui essayent encore de comprendre leur sexualité et leur rapport avec les sexe masculin. Elle offre de l'espoir en montrant que dans une meute, il peut exister une oreille compatissante, un prince gentil, une âme charitable, il faut juste ouvrir les yeux et tendre la main.
J'en ressors de ma lecture avec tous ces messages forts. Je tiens à préciser que le personnage d'Erin m'a beaucoup touchée et émue. Cela m'a permise de comprendre un peu mieux le syndrome d'Asperger.
Chapeau l'artiste! Merci pour ce coup de coeur.
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Erin et Rosina ont l'habitude d'être deux à la table des filles bizarres. Faut dire que la première est atteinte du syndrome d'Asperger et que la seconde est pauvre, latina, lesbienne et toujours en colère. de quoi en faire des esseulées de première catégorie. Mais un jour, arrive Grace. Elle est boulote, discrète, gentille, et manque de confiance en elle. Quand elle parle, c'est rarement plus haut qu'un chuchotement. Sa famille arrive tout droit du Kentucky : suite à une chute sur la tête, sa mère, directrice des activités des femmes et oratrice invitée à la méga-église du Premier baptiste grand rédempteur, est devenue beaucoup trop progressiste au goût des bonnes âmes de la paroisse. Ainsi donc, s'est-elle fait expulser. Ses parents comptent bien que l'Oregon saura accueillir une parole ouverte.

Bref, Grace se voit obligée de quitter les filles qu'elle connaît depuis qu'elle est petite et son rôle de subalterne de l'amitié pour gagner une nouvelle ville, un nouveau lycée et une nouvelle chambre dans une nouvelle maison. Dans cette dernière, elle trouve un appel à l'aide gravé par son ancienne occupante. C'est ainsi qu'après avoir très naturellement atterri à la table des looseuses, elle questionne : qu'est-il arrive à Lucy ? Or il lui est arrivé la même chose qu'à bien d'autres filles : elle a été violée en toute impunité. Au fil des discussions, elles réalisent qu'il leur est impossible de laisser agir les « vrais mecs de Prescott » et décident d'agir.

Les Filles de Nulle Part se rencontrent, discutent, tâtonnent, s'organisent et se serrent les coude. Ensemble, elles réfléchissent à des moyens d'action. Pour commencer, une parole qui se délie dans la sécurité de réunions privées et des questions qui osent se poser, sur la sexualité et le plaisir notamment. Mais aussi la volonté de faire reconnaître les viols pour ce qu'ils sont, de créer une solidarité et une prise de conscience collective, pour tenter d'enrayer le phénomène.

Les propositions des filles pour agir sont multiples. Bien loin du mode d'emploi qui résolverait tout de deux ou trois coups de baguette magique, le roman d'Amy Reed regorge d'idées, de frustration, de colère et d'espoir, malgré les murs dans lesquels toutes ne cessent de se cogner. le premier d'entre eux est celui créé par les gardiens du vernis de la communauté : le coach, la proviseure et le chef de la police notamment. L'absence d'adultes qui pourraient être des ressources est frappante.

Les Filles de Nulle Part est une lecture qui fait du bien, qui remue et fait réfléchir. L'autrice a su éviter les écueils et écrit avec une bienveillance réconfortante. La question du consentement, qui ne passe pas nécessairement par un simple « oui », est questionnée avec celle du désir et de l'amour. Des livres comme ça, je voudrais en lire encore et encore, et les faire découvrir. Ils ne peuvent que faire du bien : aux filles et à la société.
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Je ne sais pas si ce roman a été écrit avant l'affaire Weinstein mais il est bien dans l'air du temps car l'intrigue se concentre sur le harcèlement insidieux que mènent quelques garçons en toute impunité dans un lycée. Quand Grace emménage dans sa nouvelle maison, elle trouve des mots laissés par la précédente locataire Lucy. Et quand elle apprend l'histoire de Lucy, elle décide d'agir avec l'aide des deux seules jeunes filles qui acceptent de lui parler, Rosina et Erin. Que peuvent faire trois jeunes filles, mal intégrées dans le lycée, contre le sexisme ambiant et la misogynie qui suinte du blog « Les vrais mecs de Prescott ». ? Elles se lancent alors dans l'idée folle d'organiser une réunion pour les filles. Et contre toute attente, quelques filles vont venir et, à partir de là, un air nouveau va souffler sur le lycée.
J'ai beaucoup aimé ce roman d'abord par sa construction : les chapitres font entendre principalement les voix de Grace, d'Erin et de Rosina qui nous permettent de suivre l'histoire. Mais de temps en temps, l'auteur introduit un chapitre intitulé « Nous » : ce sont toutes les filles du lycée qui s'expriment, voix d'abord anonymes qui évoquent leurs peurs, leur honte, leurs désirs. Et puis, au fur et à mesure que la protestation grandit, ces voix anonymes deviennent des visages puis des noms. Ces noms viennent s'ajouter au trio initial. Les trois personnages féminins sont attachants, je pense à celui d'Erin qui souffre du syndrome d'Asperger et qui, en plus de participer à cette lutte contre le sexisme, doit lutter contre son propre handicap.
C'est donc un roman beaucoup plus percutant que « La liste », lu auparavant car il aborde des thèmes forts comme la violence faite aux femmes, le sexisme mais aussi l'amitié qui, bientôt rassemble les filles de Prescott, ainsi que le courage de s'opposer à cette misogynie ambiante. A découvrir !
Je mets 4 chats
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À la lumière de la campagne #MeToo qui a récemment été diffusée sur Twitter et partout ailleurs, je pense que des livres comme celui-ci sont encore plus importants. Ils sont révélateurs et déclencheurs. Je dirais même qu'ils sont vitaux pour cette génération en "mutation", les adolescents.
le roman suit trois jeunes femmes - Grâce, Rosina et Erin - qui créent un club féministe clandestin pour protester contre le viol d'une ancienne élève de leur lycée, ainsi que, contre la vague d'agressions sexuelles qui ont lieu un peu partout dans les lycées. Alors que le livre se concentre sur les actions entreprises par "les filles de nulle part" et les conséquences auxquelles elles sont confrontées, on suit en parallèle le quotidien de chacun des trois personnages principaux.
Grâce est la nouvelle fille du lycée et de la ville, après que sa mère, prédicatrice baptiste du sud se soit convertie et choisie un chemin différent, en faisant déménager toute sa famille, la "coupant" ainsi de leur ancienne communauté. Rosina a du mal à se faire une place pour elle-même et sa passion pour la musique, au sein de sa famille d'immigrants Mexicains conservateurs qui veut qu'elle travaille tout le temps. Erin, qui souffre des troubles autistiques, essaie de maintenir ses nouvelles relations tout en faisant face à un traumatisme qu'elle a subi par le passé.
Ces trois-là s'unissent pour changer la culture profondément sexiste de leur école, une culture qui est restée trop longtemps silencieuse sur la question de la violence sexuelle.
Je pense que je me suis le plus attaché à Erin et j'étais très touchée par le lien qu'elle avait avec son chien et comment il pouvait vraiment l'aider à se calmer. Je pense aussi qu'elle a tellement grandi tout au long de l'histoire, je me sentais vraiment fière qu'elle se sentît en confiance pour parler de tout à la fin. J'aimais que Rosina soit à la fois une femme très forte, indépendante mais aussi très sensible et parfois effrayée de ce qui allait se passer. Grâce était très "féroce" et courageuse et j'ai beaucoup apprécié sa détermination.
C'est une histoire tellement inspirante que tout le monde devrait la lire. Je n'ai jamais lu de livre YA sur la culture du viol auparavant et c'est un sujet très difficile mais c'était en quelque sorte représenté d'une manière forte et sensible en même temps.
Ce livre aborde tant de sujets importants comme le viol, la misogynie, le harcèlement sexuel, le blâme des victimes, le fait d'être sexuellement positif vs ne pas être prêt pour des comportements sexuels, le consentement vs ne pas dire non, le sexisme, le racisme, l'administration du système scolaire et bien d'autres.
Globalement ce fut une lecture enrichissante et qui pousse à réfléchir. Si j'ai quelque chose à "reprocher" c'est peut-être la fin que j'ai trouvé un peu précipitée. J'aurais aimé avoir encore plus des détails sur ce qui allait changer dans la vie de nos jeunes femmes, ainsi qu'un petit aperçu de leur vie après "les filles de nulle part" ...
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La lecture de ce roman se heurte avec force à l'actualité plus ou moins récente : le mouvement #metoo et #balancetonporc, puis maintenant #yositecreo en Espagne, l'attentat misogyne à Toronto, sans parler de cette élève étatsunienne punie parce venue sans soutient-gorge au lycée... Bref, un beau palmarès depuis octobre dernier.
Ici aussi, Les filles de nulle part luttent contre la culture du viol dans leur petit lycée. C'était pas gagné : entre slut shaming, pas de mélange entre les groupes et virilité dominante, ça ressemble plus au Far West qu'à l'état de droit, surtout si on rajoute une police toute puissante face à une proviseure sous sa coupe. Parce que oui, la proviseure ne protège pas les filles. Il a fallut la venue de Grace, fille de pasteure pour mettre un coup de pied dans la fourmilière.
Elles partent de loin, Les Filles de Nulle Part. Elles luttent à contre courant. Sont traitées comme des délinquantes. Elles font face, ensemble, malgré les différences. Et même des garçons luttent avec elles, contre cette culture du viol à laquelle ils ne veulent être associés.
Mais trêve de description. C'est évidemment bien plus riche que cela, bien plus complexe.
Ce sont des ados qui grandissent, évoluent, (se) bougent, se confrontent.
Elles font bouger leur monde, Les Filles de Nulle Part. Elles connaissent leur but : ne plus avoir peur.

Sur les incels :
- http://www.madmoizelle.com/incels-involuntary-celibates-attentat-toronto-913657
- http://www.lemonde.fr/pixels/article/2018/04/24/attaque-de-toronto-qui-sont-les-incels-ce-groupe-de-celibataires-auquel-se-refere-le-suspect_5290048_4408996.html

#yositecreo :
- https://www.marianne.net/monde/les-violeurs-de-la-meute-condamnes-pour-simple-abus-sexuels-l-espagne-s-indigne
- http://www.marieclaire.fr/yositecreo-metoo-espagnol-indignation,1262739.asp
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Elles sont trois, les "Filles de Nulle Part". Aussi différentes qu'attachantes et bien loin des héroïnes parfaites et stéréotypées que l'on rencontre souvent. C'est la première force du roman. Il y a Erin, la surdouée au crâne rasé, autiste Asperger, sans cesse en décalage avec les autres et dont le monde menace de s'effriter si tout n'est pas parfaitement ordonné. Il y a Rosina, la mexicaine à grande gueule qui tente de respirer entre les innombrables oncles, tantes et cousins avec lesquels elle doit cohabiter. Et puis il y a Grace, fille de pasteure, la nouvelle un peu paumée débarquée du Kentucky et qui emménage dans l'ancienne maison de Lucy Moynihan. La Lucy Moynihan que personne n'a soutenue. La Lucy Moynihan qu'ILS ont manipulée, humiliée, et brisée.
Lucy s'est enfuie loin mais elle peuple tout le roman, envahissante dans son absence, telle une image fantôme qui susurre et supplie. Lucy qu'on a détruite deux fois : d'abord par un viol physique qui a meurtri sa chair, puis un viol psychologique qui l'a définitivement cassée parce qu'on ne l'a pas crue lorsqu'elle a parlé. Grace est hantée par ce qui est arrivé à Lucy et décide, avec ses deux amies, de créer un groupe secret dans le but de dénoncer toutes ces violences infligées aux filles.
Alors oui, je le dis tout de suite : c'est un roman très dur, très noir, très éprouvant. J'ai entrecoupé ma lecture d'ouvrages plus légers parce que c'est écoeurant, révoltant, physiquement douloureux. Ça vous prend à la gorge, ça vous déchire le ventre, ça vous écorche dans ce qui fait de vous une fille, une femme. Et lorsque la dernière page est tournée, vous êtes partagée entre un sentiment d'espoir et la sensation d'être totalement vidée.
Les garçons prennent très cher sous la plume d'Amy Reed, créatures abjectes et incontrôlables qui sèment la destruction sur leur passage. Les filles sont profanées, souillées, déshonorées, discréditées et saccagées. Morceaux de viande anonymes que l'on peut forcer, abîmer même, puisque ce n'est que de la viande, et du côté des garçons ça raconte tout en détails, ça se marre, ça vomit tout un tas d'immondices sur internet avec arrogance et raillerie. le mépris atteint des sommets exceptionnels ; la laideur des actes et la malveillance sont stupéfiantes. Alors évidemment qu'on sort de cette lecture sonné, accablé, hors de soi avec les nerfs à vif.
Mais je crois que c'est précisément le but d'Amy Reed : écrire un roman qui vous boxe sans retenue – et d'ailleurs j'ai tout de suite pensé aux romans engagés de Marion Brunet ou Lola Lafon. L'écriture est vive, nette, puissante. Et si parfois l'auteure tombe dans l'exagération, ce n'est que pour mieux choquer et faire entendre son message. Parce que ce roman est un vrai appel à la révolte et ne mérite pas d'être oublié une fois rangé dans les rayons d'une bibliothèque. C'est un roman militant qui invite avec ardeur à la réappropriation de son corps, de son libre-arbitre et du respect de soi. C'est un roman-combat.
Bien sûr, il y a des passages insupportables à lire. Il y a des paragraphes qui réveillent avec une violence extraordinaire les brisures mal raccommodées, les failles et les fureurs qu'on porte en soi. Mais c'est aussi parce qu'il provoque cette escalade de colère que ce livre est aussi nécessaire : Amy Reed se dénude totalement dans ce texte et pointe du doigt, révèle, accuse. C'est un roman acéré, acide, qui appelle à la lutte et la guerre : une guerre qu'aucune fille, aucune femme, ne devrait avoir à mener.
Ce roman vous scandalise, vous affecte et vous met en colère. Il vous fait serrer les dents et parfois détourner le visage avec un sentiment de perte et d'inutilité immenses. Parce que ce n'est pas un roman lisse et tranquille : c'est un roman qui attaque avec fracas, qui donne de grands coups de pied dans l'indifférence, l'insensibilité et la froideur ordinaire, qui gueule bien haut que non, une fille n'est pas un bout de chair que l'on manipule comme on veut, que l'on utilise puis qu'on jette. Une fille n'est pas un emballage vide qu'on peut modeler à sa guise. Une fille ne devrait pas se sentir exister uniquement lorsqu'un garçon pose ses yeux sur elle, prête à redevenir ce "rien" confus et mou dès qu'il se sera détourné.
Le risque avec ce type de roman, c'est de basculer dans la généralisation et de décréter que tous les hommes sont des bêtes perverses, des serpents gorgés d'orgueil et de fiel. Or ce n'est pas le propos de l'auteure : les garçons qu'elle incrimine, ce sont des garçons très précis, ces "rois du lycée", sadiques et répugnants, dépourvus d'empathie. Cette extrême violence se trouve amplifiée par un phénomène de groupe : ces garçons déjà dangereux le sont d'autant plus lorsqu'ils se rassemblent. Ils ont besoin d'apercevoir chez les autres membres ce sentiment d'appartenance et de fierté. Ils ne se sentent exister qu'à travers les regards admiratifs et approbateurs des potes. Il y a comme une apologie du mal.
Amy Reed nous confie aussi qu'il est bien plus compliqué de s'engager que ce que l'on peut penser. Un engagement c'est une résistance, et toute résistance s'accompagne de peurs et de dangers. Alors nous croisons aussi des vendus, des lâches, ceux qui comprennent mais ne font rien. Il y a cette puissance redoutable de l'Autorité – qu'elle soit représentée par un proviseur ou un flic – qui entrave cette résistance, aussi belle et noble soit-elle, qui la dénigre, qui l'écrase sans broncher et tente de la réduire en poussière.
Ce livre expose la dégradation des femmes, le harcèlement assidu, la culture du viol, mais aussi la découverte de la sexualité. Ce livre nous rappelle à quel point le corps est une chose précieuse et nous sommes les seules à décider de ce qu'il accepte. Ce livre nous rappelle qu'il existe partout autour de nous d'autres "filles de nulle part" qui tentent de se faire entendre, comprendre et respecter. Ce livre nous rappelle qu'il n'y a rien de plus sacré que le respect qu'on a pour l'autre et qui nous permet de rester un être humain, loin de ces monstres mécaniques, vicieux et sans âme dont la romancière fait le procès.
Nous sommes toutes au fond des filles de nulle part, et c'est presque un devoir pour chacune – mais aussi pour chacun – d'entre nous de lire ce roman pour devenir plus solides, plus sensibles et plus vigilants.
Lien : https://lechemindeslivres.wo..
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C'est à ma binôme Gaëlle que je dois la lecture de ce livre dans lequel je me suis plongée sans lire le résumé. J'en savais assez.
Ceci est une fiction, pour autant on peut considérer que ce n'en est pas une mais une réalité que vivent de nombreuses femmes à Prescott où ailleurs à travers le monde.
Erin, Grace et Rosina n'existent que dans l'imagination d' Amy Reed certes, mais elles et les élèves de Prescott, c'est vous, moi, elles toutes ces Filles de nulle part. Toutes ces femmes maltraitées par les hommes, qui se taisent, ne sont pas entendues quand elles tentent de raconter leur histoire, subissent le regard, à minima, indifférent des autres,au pire jugées responsables de ce qui leur est arrivé. Elles sont assujetties au pouvoir des hommes.
Des hommes persuadés du bien fondés de leurs actes, confortés par un pouvoir en place. Rappelons nous de cette agression récente dans un avion et dont l'auteur s'est justifié en citant Donald Trump !
Que faire alors quand on a été victime et dans l'incapacité physique de dire non, ce nom recevable en cas de plainte ?
Que faire alors quand la force vous soustrait à tous les moyens de mettre un terme de ce que vous refuser de donner ? Votre corps ne vous appartient-il pas ?
À travers ce récit bouleversant qui met en avant 3 marginales du lycée, "la petite grosse","la mexicaine lesbienne" et" l'autiste débile", issues de milieux différents, de familles dysfonctionnelles dans laquelle la communication est rompu, nous suivons le combat de filles abusées, maltraitées, sous la coupe des mâles de Prescott.
Ces derniers bien qu'incriminés par une de leurs victimes poursuivent leur vie comme si de rien n'était, protégés par des adultes qui sont sensés représenter l'autorité, rendre la justice. Des hommes, mais des femmes aussi, à travers la proviseure Slatterly. Ignoble non ? Celle-ci ne devrait-elle pas protéger les lycéennes ?
Nous sommes ici dans un jeu de pouvoir machiste. Nos jeunes filles seront-elles assez fortes et unies pour parvenir à se faire entendre ? Ne dit-on pas que l'union fait la force ? C'est ce qu'elles croient. Mais cela ne suffit pas. Il faut que quelqu'un veuille écouter ce que vous avez à dire. Hors le sherrif de Prescott s'y refuse, malgré les témoignages de plusieurs victimes, des preuves indirectes à travers les textes sur le blog des Mecs de Prescott. Blog à vomir, fictif, mais qui traduit l'idée que ce font les mecs sur leur pouvoir et sur ce qu'ils pensent des femmes.
L'auteure met en avant l'image stéréotypé qu'ont les hommes sur les femmes, de ce qu'ils s'imaginent avoir le droit de faire, de ce qu'elles désirent. de ces femmes, Amy Reed, brosse le portrait de jeunes filles en quête d'identité, de popularité. Leur position n'est pas enviable, car quoi qu'elles fassen, elles seront soit des putes, soit des prudes. Dans un cas comme dans l'autre, elles n'auront jamais la reconnaissance des garçons. Mais des autres aussi. de ce fait, elles agissent comme elles s'imaginent devoir le faire, alors que cela ne correspond pas à ce qu'elles sont. Elles aussi, se persuadent de savoir ce que veulent les hommes. Amber nous prouvera qu'elle se trompe. Dans tous les cas, elles finissent parfois par se convaincre qu'elles sont responsables de ce qui leur arrive.
La thématique est très contemporaine et d'actualité avec ce scandale suite au viol d'une actrice et du mouvement qui s'en est suivi avec la création de Time's Up et #Metoo, pour n'en citer que quelques uns. Mais si la parole des adultes commencent à se faire entendre, celles d'ados semble plus difficile, tout au moins c'est que tente de nous dire l'auteure. Parmi ces messages on peut noter celui de l'éducation machiste reçue par les garçons à travers la scène au resto entre Rosina, Eric et sa famille. Ce qui nous fait nous interroger sur la part de responsabilité des adultes misogynes et du message que les pères et mères font passer à leurs enfants qui seront les adultes de demain et reproduiront les mêmes comportements. Une boucle sans fin. Un autre thème est aussi abordé, c'est celui de la vision de la sexualité chez les jeunes filles et de l'importance de leurs envies, et du fait que leur corps leur appartient, qu'elles aussi ont droit d'avoir des besoins et des envies sexuelles. Encore quelque chose qui n'est pas reconnu comme possible.
Un roman, je le redis, bouleversant. L'auteure nous plonge dans une ambiance stressante tout le long du récit. Les rebondissements ne nous incitent pas à croire en un happy-end. Cette aventure vous donne la boule au ventre et en fin de lecture on n'en ressort pas apaisé, bien au contraire. C'est un livre qui va rester en vous un moment.
La lecture en est douloureuse et de ce fait, j'ai mis presque 15 jours à le lire, à petits pas. Malgré le coté sombre de cette histoire, l'auteure instille une note d'espoir à travers le comportement de nos héroïnes, de ces filles de nulle part, un titre on ne peut plus approprié. Elle nous rappelle aussi que la lutte doit être constante, qu'il ne faut pas baisser les bras, et que même si l'union fait la force, il faut parfois une seule voix pour se faire entendre, mais qu'il faut aussi d'une seule personne pour vous écouter. Un message fort à tous les adolescents mais aux femmes en général. Un roman qui vous donne envie d'hurler, pleurer mais aussi espérer.


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