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Critique de colimasson


La morale sexuelle, parfois ça repose, mais là n'est pas le problème. le problème, nous dirait Reich, est POLITIQUE. Il faut dire qu'il a publié ce bouquin en Allemagne en 1931. La politique n'a cessé d'exister réellement qu'à partir des années 80.


Reich base toute son interprétation sur la lecture d'un bouquin de Malinowski, Sex in savage society. Malinowski s'est livré à une étude de la société primitive des Trobiandais. Il a eu du bol : il est arrivé pile au moment, dit-il, de la transition de la société d'un fondement matriarcal à un fondement patriarcal. Quelle veine. Il observa concomitamment le passage d'une morale prosexuelle à une morale sexuelle rigide (c'est le cas de le dire) et inhibitrice par l'instauration d'une dot lors du mariage. Ce menu présent que les familles offraient pour se débarrasser de leur fille aurait conduit à la suprématie de quelques grosses familles dominées par une figure paternelle avide de conserver ses privilèges et interdisant la reproduction de tous avec n'importe qui et n'importe quoi.


« Les intérêts des individus [des sociétés primitives] se signalaient par leur orientation essentiellement génitale et la satisfaction des besoins ; les besoins matériels étaient peu nombreux. Or, l'intérêt de la possession et la cupidité augmentèrent à mesure que furent réprimés les intérêts génitaux. Dans une phase déterminée de l'histoire de l'homme, certaines conditions de vie (d'abord la réunion des hordes primitives, puis la pression excessive des contributions dotales) déclenchèrent le mécanisme de la frustration et du refoulement sexuels, réveillant ainsi l'intérêt psychologique pour un certain genre d'évolution économique, à savoir l'économie privée. »


A mesure que la société se consacrait au culte du flouze, elle en oubliait la partouze. A notre niveau (dans les sociétés moins primitives voulait-on sans doute dire), ce processus se déploie « depuis la démocratie du travail jusqu'à l'état capitaliste en suivant la ligne de développement des moyens de production, de l'expansion et de l'accroissement de la production et des besoins humains, pour aboutir, en fin de compte, à la production entre les mains d'une couche sociale privilégiée ». Pas bien le patriarcat, bouh. Bien mieux le matriarcat qui permet la satisfaction génitale par tous les trous.


Reich, craignant de passer pour ce qu'il est (un obsédé sexuel banal), dévoue son discours à pourfendre le système politique et économique dit patriarcal, ceci afin de le détester encore plus. Ce qui ne semble pas analysé dans son discours c'est le fantasme qu'il amarre à la notion toute idéale de matriarcat. Imagine-t-il une société pleine de femmes à poil prêtes à se faire baiser par n'importe qui ? Imposant de se faire baiser nuit et jour pour assouvir leur supposé insatiable désir sexuel ?


Reich passe de la case psychanalyste à la case gourou en imposant à l'imaginaire la distinction entre ce qui serait de l'ordre d'un désir féminin et d'un désir masculin. IL N'Y A QU'UN DESIR. Arrêtons l'entubage.


Je regrette l'intentionnalité politique de ce livre qui n'avait rien à voir avec le sujet et qui introduit la dimension de la débandade alors même qu'on croyait enfin l'heure de la rigolade survenue. J'ai connu des heures où Reich était plus marrant.
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