Aux îles Trobriand* nous trouvons une société matrilinéaire, où la descendance, la parenté et toutes les relations sociales sont considérées uniquement à partir de la mère, où les femmes détiennent une part considérables dans la vie tribale, où elles occupent une position clé au cours de certaines activités économiques, cérémonielles et magiques. Ceci influence tout aussi profondément la vie érotique que l'institution du mariage.
[*Les îles Trobriand sont un archipel corallien du nord-est de la Nouvelle-Guinée]
P. 104 : "Une dégradation irrémédiable du matériel, de la solidarité sociale, de la formation de l'individu et de ses capacités, provoquerait à la longue non seulement une désorganisation culturelle, mais la famine, les épidémies, l'appauvrissement du rendement utile des personnes et partant aussi, la dépopulation"
Ainsi, bien que les autochtones ignorent tout de la nécessité physiologique du mâle dans la constitution de la famille, ils le considèrent comme socialement indispensable. Ceci est particulièrement important. La paternité, inconnue dans sa pleine signification, qui nous est si familière, ne reste pas moins soutenue par un dogme social qui déclare : "Chaque famille doit avoir un père ; une femme doit être mariée avant d'avoir des enfants ; il doit y avoir un mâle dans chaque maisonnée."

Il ne nous sera pas possible de parvenir au but suprême assigné par Socrate, qui est de se connaître soi-même, si nous ne sortons jamais du cercle étroit des coutumes, des croyances et des préjugés qui, dès notre naissance, nous emprisonnent. Rien ne peut nous être plus profitable à cet égard que d'exercer notre esprit à considérer toujours les convictions et les valeurs fondamentales des êtres humains différents de nous à partir du point de vue qui est le leur. Jamais le monde civilisé n'a eu besoin autant qu'aujourd'hui de ce genre de tolérance, alors que les préventions, la malveillance et la méchanceté rancunière creusent un fossé entre les nations européennes, alors que tous les idéaux en qui chacun voyait et chérissait le summum de la civilisation, de la science et de la religion, viennent d'être foulés aux pieds. Sous sa forme la plus noble et la plus profonde, la Science de l'Homme, basée sur la compréhension d'autrui, nous mènera à une telle connaissance, à la tolérance et à la générosité.
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