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Critique de Romileon


Lassehn se réfugie dans le café de Klose le 14 avril 1945 à Berlin. Il a déserté 3 mois plus tôt.
Activistes anti fascistes, Klose et ses amis, le Dc Böttcher et le syndicaliste Wiegand vont le prendre sous leur aile dans ces jours cruciaux de la bataille de Berlin.
Entre alertes aériennes, caches, conciliabules dans l'arrière salle du café, distributions de tracts anti nazis, déplacements risqués à travers les rues en ruine pour échapper aux SS, à la Gestapo, aux réquisitions du Volksturm (ces unités constituées de civils âgés, malades) censées défendre la capitale du grand Reich contre les chars russes… Heinz Rein nous donne à voir la ville , ses rues éventrées, ses murs effondrés, ses canalisations crevées, dans laquelle les incendies font rage.
Et bien sûr, il nous donne à voir et à entendre les Berlinois.
Ceux qui comme Lassehn ouvrent enfin les yeux sur la folie nazie, qui n'en peuvent plus, qui critiquent en douce quand aucune chemise brune ne traine dans le coin ou bien, crie, hurle leur souffrance après la perte d'un proche, d'un enfant.
Des Berlinois tellement convaincus de la supériorité allemande, tellement embrigadés aux théories nazies qui croient ou veulent croire à la propagande qui inondera jusqu'aux derniers instants les populations d'annonces de succès, de renforts, d'armes secrètes.... et les exhortera à résister jusqu'au bout.
Et enfin, les brutes, les purs, les durs, acculés, prêts comme leur Führer à sacrifier la ville entière et sa population dans l'hystérie guerrière.
Le texte est étonnant (ce ne serait pas un roman, ce n'est pas un document, l'auteur s'en défendait).
Entre d'abondantes descriptions de la ville martyrisée, les dialogues sont nombreux et permettent de confronter les différents points de vue des personnages, de mener des réflexions sur l'avenir, HR mêle des textes réels : extraits de journaux de propagande, de discours de Goebbels habilement introduits dans le récit par le souci de chacun de se tenir au courant des événements, de faire la part du vrai et du faux des informations diffusées.
Enfin, il y a aussi des chapitres entiers consacrés à un personnage absolument secondaire mais dont le destin éclaire le propos général. Ce sont comme de petites parenthèses, des anecdotes dans ce déroulement chronologique implacable : une biographie d'un national-socialiste, la folie d'un homme frappé par le deuil.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a fait énormément penser à deux textes de Sébastien Haffner « Considérations sur Hitler » et « Journal d'un Allemand ». La lucidité de Heinz Rein qui publie dès 1947 laisse entrevoir sa détestation du national-socialisme. Les dernières paroles échangées par ses personnages laisse entrevoir à leur tour l'avenir de ce qui deviendra bien vite la RDA et la position de l'auteur face au nouvel ordre soviétique.
Je n'ai qu'un regret. J'ai choisi la version audio-livre. Non pas que la lecture de Jean Christophe Lebert soit mauvaise, au contraire. Elle est agréable, vivante, juste.
Je pense cependant, que pour moi, en tous cas, la version papier aurait été plus judicieuse me permettant de farfouiller dans le volume, de relire des échanges d'arguments.
Un livre hors norme. Une découverte.
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