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Critique de michelangelo


Etrange livre que celui-là ! Pas un roman, pas un essai. Une variation sur les sentiments amoureux dans un couple, dans les couples. Une sonate qui trouve son éclat dans une écriture à quatre temps : le malade, le mari (ou l'amant), la maîtresse (supposée ou sublimée), les cancers.
Eric Reinhardt parle de son couple lorsque sa femme est atteinte d'un cancer du sein qui va les amener tous deux à imaginer une guérison qui sera soumise à l'aboutissement d'un projet d'écriture de l'auteur. L'épouse guérit au moment où le mari termine son roman qui sera plébiscité. Cette concomitance désirée par le couple fait que les choses finissent bien.
Pourtant, que d'atermoiements de la part du mari lors de cette chimiothérapie. Il lui faudra verser bien des larmes, lutter contre l'envie de commettre l'adultère avec une femme rencontrée lors d'un diner d'affaires, femme elle-même rescapée d'un cancer et belle au-delà de toute imagination (celle de l'auteur évidemment) !
Les pleurs et angoisses de ce mari semblent rejoindre sa propre peur de la mort plus que celle de sa femme qui reste juste en filigrane dans le roman, comme un prétexte à la propre douleur du mari.
A partir de cette histoire, Eric Reinhardt va calquer l'histoire imaginaire d'un couple dans la même situation. Ce couple formé d'une femme merveilleuse et intelligente, cela va de soi, et d'un musicien compositeur, le plus doué de sa génération. Ils vont tous deux faire le même pacte que les époux Reinhardt lorsque cette femme merveilleuse déclare un cancer au développement rapide.
Le mari va l'assister en composant une symphonie jusqu'à sa guérison… Puis la femme guérit, l'oeuvre musicale est saluée dans le monde entier, le mari part en tournée.
C'est alors que ce musicien tombe amoureux d'une belle italienne rencontrée à Milan, élégante femme condamnée à court terme par un…. cancer !
Notre généreux et brillant musicien va s'installer chez sa belle et l'accompagnera jusqu'à sa mort inéluctable. Cet amour est d'autant plus fort qu'il sera éphémère.
J'ai le sentiment que mon analyse est aussi brouillonne que l'ouvrage de Reinhardt. Notons toutefois que je n'ai pas le talent de l'écrivain qui donne du sens à ce qui est insensé et volontairement organisé comme un capharnaüm de sentiments et d'émotions.
On comprend que le cancer, surtout lorsqu'il touche une personne aimée, est un drame. On comprend que tous les exutoires sont recevables, même les plus pathétiques ou invraisemblables.
Reste que le propos de l'auteur est égocentré sur la douleur de l'homme alors que c'est bien la femme qui souffre dans sa chair et risque sa vie… La peur panique de perdre l'être cher auquel on tient le plus passe par des phases d'un égoïsme forcené où il semble que c'est avant tout le bien-être sentimental du mâle qui prévaut, jusqu'à imaginer une suite affective dans les bras d'une autre.
Il est possible que j'interprète mal les intentions de l'auteur. Pourtant c'est bien cela qui persiste dans mon esprit.
La douleur ressentie pour le malheur des autres n'est souvent que le douleur qu'on ressent pour soi-même. Eric Reinhardt a joué ce registre au risque de se perdre et il s'est brûlé les ailes. Tel un Icare sûr de lui-même, il a cru atteindre le soleil et sa lumière bienfaitrice, mais il n'a rencontré que le feu et sa puissance dévastatrice.
J'imagine que tel n'était pas sa volonté. Je considère donc que c'est la douleur et le chagrin qui ont été les instigateurs de ce désastre sentimental et cette confusion affective. Même quand il se trompe, un grand écrivain le fait avec la forme et avec une grande élégance d'écriture, ce qui est le cas dans cette variation romanesque indéniablement bien écrite.

Michelangelo 5/11/2019

Lien : http://jaimelireetecrire.ove..
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