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Citations sur La chambre des époux (77)

À mes yeux Marie était la seule personne autour de la table à être en vie. Les autres ne l'étaient pas, les autres étaient tous morts, et ils étaient tous morts de n'avoir pas frôlé la mort, de ne pas être revenus à la vie, et de n'avoir jamais compris de l'intérieur ce que cela signifiait d'être en vie. Être revenue à la vie avait fait que Marie était en vie, vraiment vivante.
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Ce que j'aime le plus c'est terminer mes livres, c'est la montée en puissance progressive et le paroxysme que la rédaction du dernier quart me permet généralement d'atteindre dans une sorte d'embrasement de tout mon être en osmose avec la réalité extérieure, ce que j'aime c'est la libération, c'est l'apothéose finale, c'est l'orgasme des cinquante dernières pages, mais encore faut-il avoir la force de mettre en place le dispositif permettant cette soudaine combustion existentielle, ce qui me paraissait hors de portée désormais.
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Décider d’être deux plutôt que seul, fusionner et être plus fort et plus intelligent, plus enjoué, plus déterminé, plus patient, plus réfléchi, plus résistant, plus ingénieux, plus perspicace sur le chemin de sa vie parce qu’on est deux, parce qu’on a choisi d’emprunter à deux le même chemin tout en gardant ses rêves à soi et des visées distinctes, c’est une façon comme une autre, je crois, de concevoir l’amour, peut-être aussi la plus belle, peut-être même la seule en réalité.
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Le son majestueux de l'orchestre symphonique, tel le flanc sombre et musculeux d'un animal fiévreux, s'était mis par instants à amplement tressaillir, comme si le son lui-même avait retenu ses larmes et qu'eussent monté par instants des ténèbres de son abyssal organisme d'irrépressibles vagues d'émotion qui déformaient passagèrement la musique - celle-ci semblait alors se refléter en ondulant dans un très vieux miroir, ou la surface troublée d'un étang.
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Je l'avoue, il m'arrivait de décompter les années de vigueur et de supposée créativité littéraire qu'il me restait à assumer avant d'atteindre un âge où je pourrais me considérer comme dispensé de délivrer une performance artistique rémunératrice.
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... soudain ce glas sonné pour un autre que moi m'inoculait le réconfort que mourir n'est pas si grave, que mourir n'est pas si triste, que mourir est peut-être agréable et paisible si ça se trouve, comme une libération... et qu'on a toujours le recours de la mort pour se sortir d'une situation sans issue...
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À présent le médiateur interroge l'écrivain écossais, lequel, à peine a-t-il ouvert la bouche, parle déjà de Joyce.
Putain.
Ça y est.
C'est parti.
Ils sont bien tous les mêmes décidément les écrivains, et quel que soit leur pays d'origine, incapables de cheminer en solitaire dans leur cerveau ne serait-ce que quatre uniques minutes pour en ramener une pensée bien à eux, amniotiquement certifiée authentique, arrachée à la douleur ou aux extases ou aux incertitudes de leur propre existence, même modeste et domestique ladite pensée mais au moins personnelle, intime, leur, non. Il faut toujours qu'à peine lancés, rapides et ponctuels, tel un livreur de pizza sur son scooter, ils vous livrent la Joyce quatre fromages, ou la Flaubert artichauts champignons en quatre minutes chrono, tout est déjà prêt il n'y a plus qu'à servir, l'Écossais prend la parole, enfourche son engin et livre en quatre minutes chrono au public des Assises la fameuse Joyce quatre fromages qui a fait la renommée de ses prestations internationales en langue anglaise.
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Après la dernière note, un silence insolite s'était fait dans la salle de la Scala de Milan. De mémoire de spectateur, et Dieu sait qu'elle est élevée la moyenne d'âge des spectateurs de la Scala de Milan, et que cette moyenne d'âge fait remonter loin en arrière ladite mémoire des soirées mémorables de la Scala de Milan, on n'avait jamais entendu à la Scala de Milan un silence aussi massif, aussi profond, au sortir d'une symphonie. Elle avait très bien porté son nom ce soir-là cette symphonie (La Belle au bois dormant, je crois avoir omis de vous en donner le titre, pardonnez-moi), car les spectateurs pétrifiés ressemblaient à s'y méprendre aux sujets assoupis du royaume du conte, comme suspendus en plein mouvement, évanouis sur leur siège, immobiles, le regard fixe dirigé vers l'orchestre, avant de se lever d'un seul élan et applaudir en hurlant bravo ! bravo ! bravo ! pendant près d'une vingtaine de minutes, au gré d'une douzaine de rappels.
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La décoration du salon est un mélange audacieux mais réussi d’ancien et de contemporain, lequel mélange produit sur Nicolas l’impression d’un désordre inspiré, où il serait laissé libre cours à une irrémissible inclination pour la beauté, mais aussi à la conviction que dans la vie l’on ne doit renoncer à rien, qu’il n’y a pas à choisir, qu’il faut tout vivre, que tout n’est jamais qu’une question de mesure, d’instinct, de confiance en soi et de droiture intime.
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Elle commençait à regretter que nous ayons fait un deuxième enfant. Pourquoi tu dis ça ? je l'interrogeais. Elle se mettait à pleurer. Il est trop petit... elle me répondait. Trop petit... mais trop petit pour quoi ? Qu'est ce que tu racontes ? L'idée que morte elle laisse derrière elle un enfant de quatre ans lui était insupportable.
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