Il y a dix ans de cela, alors qu'Eric Reinhardt peine à finir son roman Cendrillon, sa femme lui annonce être atteinte d'un cancer du sein. Elle lui propose un marché : il termine son roman, elle guérit. le combat commence. Eric écrit fiévreusement et chaque soir lit à son épouse des extraits de son livre pendant qu'elle-même lutte pour sa survie. Finalement, Cendrillon est un succès, Margot est en rémission. L'amour et l'art ont guéri Margot, c'est ce que veut croire Eric qui, quand il rencontre Marie qui lutte contre un cancer du pancréas, croit être capable de la sauver elle aussi.
De cette expérience très personnelle, Eric voudrait faire un roman. Il en a déjà le titre, ''Une seule fleur'', le canevas, mais il n'en fait rien. Et puis l'idée revient. Ce sera La chambre des époux, l'histoire de Nicolas, un compositeur, et de sa femme Mathilde, Elle souffre d'un cancer, il écrit une symphonie et tous les soirs lui la joue. Elle guérit et quand il rencontre Marie, il croit pouvoir la sauver, en l'aimant, en la possédant, en luttant à ses côtés.
Alors bien sûr certains qualifieront ce roman gigogne de brillant exercice de style porté par un style magnifique et j'ai même pu lire qu'il s'agit là d' ''Une ode fascinante à la beauté, à l'art et à l'amour.'' C'est un point de vue et je le respecte mais j'ai tout de même une petite question pour l'auteur, l'éditeur et leurs amis critiques littéraires : et si ce roman était tout simplement un vaste foutage de gueule, une daube, du vide mis en page ? Personnellement, j'ai détesté cette mise en scène de la maladie, cette sublimation du cancer. Je n'ai pas cru un instant à ce romantisme bidon et à ces scènes de sexe ridicules. Non le cancer, ce n'est pas beau ! Même si on aime de tout son coeur le malade, il faut vraiment être tordu pour vouloir infliger un acte sexuel à quelqu'un qui dépérit sous l'action conjuguée de la maladie et de la chimiothérapie. Mais là encore c'est une question de point de vue...Par contre, il faut aimer Eric Reinhardt d'amour pour supporter son omniprésence tout au long du récit qu'il soit Eric ou Nicolas ou le pape, il est partout, il aime, il pleure et il guérit même avec sa semence, du moins le croit-il, bref il est Dieu tout puissant. Et son style ?Lourd et pédant. Les phrases sont looongues, le discours est précieux, le sens parfois s'égare dans une ennuyeuse logorrhée.
Je n'ai donc aimé ni le vrai faux roman, ni le roman dans le roman, ni le roman qui n'a jamais été écrit, ni rien dans ce livre prétentieux, auto-fiction où Reinhardt est présent jusqu'à l'overdose. Ce n'est bien sûr un avis qui n'engage que moi.
Merci tout de même à Babelio et à Gallimard.
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Allons droit au but : je n'ai pas aimé ce livre.
La quatrième de couverture est alléchante, et laisse entendre que le roman raconte l'histoire de Mathilde et Nicolas ; Mathilde se bat contre un cancer et Nicolas va la soutenir dans son combat, à travers l'écriture de sa symphonie.
L'idée de l'art comme lien entre la malade et son mari, comme vecteur de guérison, me plaît, et je suis ravie d'avoir l'occasion de découvrir Éric Reinhardt, auteur dont je n'ai encore rien lu.
À ce propos, je remercie vivement Babelio pour son opération Masse Critique, toujours très appréciée, et les éditions Gallimard pour leur envoi : recevoir un livre, avant sa sortie qui plus est, est toujours un grand plaisir.
Pourquoi, donc, n'ai-je pas aimé ce livre ?
Pour de multiples raisons, aussi bien sur le fond que sur la forme.
L'histoire n'est pas linéaire, différents récits sont imbriqués, façon "poupées russes". Cela ne me dérange en rien, j'apprécie même ce genre de construction, mais avec Margot, puis à travers les "doubles" que sont Nicolas et Mathilde, ainsi que dans la relation de Nicolas avec Marie, l'auteur ne parle finalement que de lui. Lui, lui et lui. C'est très nombriliste et ça devient vite agaçant ; du moins, ça m'a vite agacée.
Parce que dans chaque récit, c'est toujours le personnage masculin qui est mis en avant, c'est lui qui décide, c'est lui qui agit, bref, il fait tout tandis que les femmes ne sont là que pour leur maladie, et pour mieux mettre en valeur le héros masculin. On connaît tout ou à peu près tout de ses pensées, mais celles des femmes importent bien peu.
L'écriture m'a également beaucoup agacée. Il y a certes quelques jolies phrases au passage, mais diluées dans un ensemble qui ne me séduit pas, et que je trouve déplaisant. Beaucoup d'affectation et de phrases bien ennuyeuses à mon goût.
Je veux bien de longues phrases, mais à condition qu'elles aient une vie, une sincérité, une émotion qui les rendent attrayantes. Ici, j'ai eu la sensation tout au long du livre que l'auteur se regardait écrire, comme certains s'écoutent parler.
À l'inverse, certaines phrases sont comme inachevées, amputées. Cela peut être un effet de style, pourquoi pas, je n'ai rien contre l'innovation, mais leur accumulation dans certains passages fait déborder la coupe. (p 117 : "L'hypocondrie est la parfaite illustration de cette distanciation, scruter son propre corps en imaginant qu'il va te tendre des guets-apens, c'est un truc déjà un peu." ? p 118 : "Elle est tellement inadmissible l'idée que ta maladie." ?)
Un autre point m'a déplu également : l'auteur nous inflige des scènes de sexe à chaque occasion... et même quand il n'y a pas d'occasion. Je veux bien des scènes de sexe dans un livre, mais à condition d'y trouver un minimum d'humain, un minimum de sentiments, et un minimum de rapport avec l'histoire. Là, j'ai eu l'impression que le personnage / l'auteur se faisait plaisir.
Conclusion : pour ma rencontre avec Éric Reinhardt, c'est raté.
Le thème de ce livre m'a intéressée (l'accompagnement d'une femme mourante), mais la façon dont ce sujet a été traité et le style d'écriture ont fait que je n'ai pas été touchée comme j'aurais pu l'être, mais agacée. Dommage !
Au vu des différentes critiques, ce roman ne laisse manifestement pas indifférent : certains lecteurs aiment vraiment, d'autres n'aiment vraiment pas. Je fais partie de la seconde catégorie, et laisse désormais cet auteur à ceux qui l'apprécient.
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Bon... euh... je ne sais quoi penser de ce livre. Ce qui est évident c'est qu'Éric Reinhardt a choisi pour son dernier roman une construction très en vogue. Autofiction, mise en abyme, récit gigogne ne sont pas sans rappeler Celle que vous croyez de Camille Laurens ou D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan. Mais la comparaison s'arrête là, car le fond est bien différent.
Ode à l'amour, à la beauté, à l'art, La chambre des époux est en fait une longue et complexe digression sur le processus de création artistique stimulée par l'amour, lui-même stimulé par la crainte de la mort. Je m'explique : apprenant que sa femme est atteinte d'une maladie grave, Éric Reinhardt passe un pacte avec elle. Il consacrera toute son énergie à terminer son roman " Cendrillon ", en échange de quoi sa femme se battra de toutes ses forces contre son cancer. Une résolution qui fonctionne ; il finit son livre et sa femme va mieux. Ce qui lui fait dire : " Elle m'a donné la force d'écrire. Je lui ai donné la force de guérir. (…) C'est l'expérience la plus hallucinante que j'aie jamais vécue. "
Mais pendant cette expérience traumatisante, et stimulante intellectuellement, Éric Reinhardt imagine un autre roman avec pour héros des doubles de son couple. On ne voit pas bien l'intérêt d'un tel montage. Peut-être est-ce le moyen d'aller plus loin dans le dévoilement de soi. Reste que le sujet et la réflexion d'Éric Reinhardt sont intéressants, profonds même. Des phrases sont très belles et font sens (d'autres moins). J'ai même trouvé que, contrairement à certains de ses livres, le fait qu'il en soit le sujet permanent se justifiait ; il parle de son expérience, il se livre tel qu'il est (lui ou son double), paradoxal : tantôt arrogant, prétentieux, impudique, superficiel, tantôt dépressif, sensible, profond, inspiré.
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Tiré d’une expérience intime, le dernier roman d’Éric Reinhardt entremêle des histoires d’amour chamboulées par la maladie et magnifiées par la quête de la beauté.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Dans l'osé "La Chambre des époux", l'auteur fait un récit exalté du cancer de sa femme.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
L’écrivain raconte l’intense épreuve que fut, pour son couple, le cancer du sein de se femme.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Un compositeur écrit une symphonie pour aider une femme atteinte d'un cancer du sein à guérir. Une ode fascinante à la beauté, à l'art et à l'amour.
Lire la critique sur le site : Telerama
À présent le médiateur interroge l'écrivain écossais, lequel, à peine a-t-il ouvert la bouche, parle déjà de Joyce.
Putain.
Ça y est.
C'est parti.
Ils sont bien tous les mêmes décidément les écrivains, et quel que soit leur pays d'origine, incapables de cheminer en solitaire dans leur cerveau ne serait-ce que quatre uniques minutes pour en ramener une pensée bien à eux, amniotiquement certifiée authentique, arrachée à la douleur ou aux extases ou aux incertitudes de leur propre existence, même modeste et domestique ladite pensée mais au moins personnelle, intime, leur, non. Il faut toujours qu'à peine lancés, rapides et ponctuels, tel un livreur de pizza sur son scooter, ils vous livrent la Joyce quatre fromages, ou la Flaubert artichauts champignons en quatre minutes chrono, tout est déjà prêt il n'y a plus qu'à servir, l'Écossais prend la parole, enfourche son engin et livre en quatre minutes chrono au public des Assises la fameuse Joyce quatre fromages qui a fait la renommée de ses prestations internationales en langue anglaise.
Ce que j'aime le plus c'est terminer mes livres, c'est la montée en puissance progressive et le paroxysme que la rédaction du dernier quart me permet généralement d'atteindre dans une sorte d'embrasement de tout mon être en osmose avec la réalité extérieure, ce que j'aime c'est la libération, c'est l'apothéose finale, c'est l'orgasme des cinquante dernières pages, mais encore faut-il avoir la force de mettre en place le dispositif permettant cette soudaine combustion existentielle, ce qui me paraissait hors de portée désormais.
Après la dernière note, un silence insolite s'était fait dans la salle de la Scala de Milan. De mémoire de spectateur, et Dieu sait qu'elle est élevée la moyenne d'âge des spectateurs de la Scala de Milan, et que cette moyenne d'âge fait remonter loin en arrière ladite mémoire des soirées mémorables de la Scala de Milan, on n'avait jamais entendu à la Scala de Milan un silence aussi massif, aussi profond, au sortir d'une symphonie. Elle avait très bien porté son nom ce soir-là cette symphonie (La Belle au bois dormant, je crois avoir omis de vous en donner le titre, pardonnez-moi), car les spectateurs pétrifiés ressemblaient à s'y méprendre aux sujets assoupis du royaume du conte, comme suspendus en plein mouvement, évanouis sur leur siège, immobiles, le regard fixe dirigé vers l'orchestre, avant de se lever d'un seul élan et applaudir en hurlant bravo ! bravo ! bravo ! pendant près d'une vingtaine de minutes, au gré d'une douzaine de rappels.
Décider d’être deux plutôt que seul, fusionner et être plus fort et plus intelligent, plus enjoué, plus déterminé, plus patient, plus réfléchi, plus résistant, plus ingénieux, plus perspicace sur le chemin de sa vie parce qu’on est deux, parce qu’on a choisi d’emprunter à deux le même chemin tout en gardant ses rêves à soi et des visées distinctes, c’est une façon comme une autre, je crois, de concevoir l’amour, peut-être aussi la plus belle, peut-être même la seule en réalité.
À mes yeux Marie était la seule personne autour de la table à être en vie. Les autres ne l'étaient pas, les autres étaient tous morts, et ils étaient tous morts de n'avoir pas frôlé la mort, de ne pas être revenus à la vie, et de n'avoir jamais compris de l'intérieur ce que cela signifiait d'être en vie. Être revenue à la vie avait fait que Marie était en vie, vraiment vivante.
Éric Reinhardt – Sarah, Susanne et l’écrivain
Lecture musicale par l'auteur
(Maison de la Poésie - Scène littéraire)