AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de JG55


Erich Maria Remarque est un écrivain que j'ai découvert il y a très longtemps avec "A l'ouest rien de nouveau" et qui m'a accompagné depuis. J'ai pratiquement tout lu de lui. Quand j'avais établi mon top 10 des livres, je me devais (obligatoirement) en placer un de lui. J'avais hésité entre plusieurs dont "Arc de Triomphe" que je n'avais cependant pas retenu.

C'est que la place était chaude et aucun des romans de Remarque ne déméritait. Ce n'était certainement pas déchoir que de s'arrêter à la porte du podium du top 10.

Déchoir. Ce n'est pas comme le docteur Ravic, grand chirurgien allemand, démocrate, obligé de fuir sa patrie après avoir été torturé puis interné dans un camp de concentration au milieu des années 30 pour "divergence d'opinion". Ravic, déchu, lui, de sa nationalité, se réfugie en France et pratique illégalement son métier pour le compte de chirurgiens français.

Dans "Arc de triomphe", le docteur Ravic ne croit plus en grand-chose et est un témoin de cette vie clandestine à Paris de 1933 à 1939, qu'il partage avec d'autres compatriotes européens sans papiers. Son métier, il l'exerce avec passion et dévouement même s'il ne reçoit qu'environ 10 % des honoraires et il se forge un jugement sur la société qui l'ignore… Il survit dans un monde déboussolé, qui se raccroche aux faux-espoirs des politiques, qui refusent de croire à l'inéluctable, la marée brune qui approche.

Et soudain, une lueur d'espoir, fragile, naît à travers sa rencontre avec Jeanne Madou, une femme d'origine italo-roumaine, avec laquelle il vivra une belle et difficile passion.

C'est comme cette autre lueur d'espoir lorsqu'il rencontre, fortuitement et incognito, dans un Paris nocturne, son ancien bourreau qui l'expédia en camp de concentration. Plusieurs années n'ont pas suffi à oublier l'horreur. Mais parviendra-t-il à assouvir sa vengeance ?

Est-ce aussi une marque d'espoir que cette profonde amitié entre Ravic et un portier de boite de nuit, réfugié russe de la révolution de 17 et qui dispose lui, d'un passeport Nansen ?

Ce roman est à mettre en perspective avec "Les Exilés" qui met en scène un jeune couple qui apprend avec moult difficulté son nouveau métier d'exilé sans papier

Comme toujours, chez Remarque, j'aime son romantisme échevelé sur fond de période historique tourmentée et pourrie. J'aime son respect des autres. Bref, j'aime son humanisme et sa foi en l'homme, rien qu'en l'homme.

Et cette dernière phrase déchirante alors que sonne la mobilisation générale en 1939 :

"Le camion remonta l'avenue de Wagram et tourna à l'Etoile. Il n'y avait aucune lumière. L'obscurité noyait la place. La nuit était si profonde qu'on ne voyait même pas l'Arc de Triomphe".

Commenter  J’apprécie          00







{* *}