Les nazis ont pris le pouvoir en Allemagne. Les Communistes, les juifs, les handicapés, les opposants, etc sont frappés, dépossédés, envoyés dans des camps. Ceux qui l'ont voulu et l'ont pu, ont pris la fuite…pour l'Amérique, la France, la Palestine…..mais les nations croulent sous les réfugiés et rechignent de plus en plus à les recevoir.
Alors apparaissent les exilés, ceux dont la patrie (l'Allemagne) ne veut plus et ceux qui sont refoulés par les pays voisins (l'Autriche, la Hongrie, la Suisse, la France, …).
Ce livre, ce document peut être, nous permet de suivre le chemin de familles séparées, (Maman est aryennes mais a épousé un juif), de partager des amitiés de démunis, de sentir l'Espoir au passage d'une frontière et le désespoir lorsqu'un douanier vous renvoie d'où vous venez.
A lire absolument, cela se passe en 1939, nous sommes en 2019.
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1935-36. Les juifs et les dissidents, évincés d'Allemagne, sans passeport, sans permis de séjour ou de travail hantent un curieux no man' land cosmopolite. Ils se cachent dans des pensions sordides, déambulent , perpétuellement rejetés d'un pays à l'autre, d'une frontière à l'autre, purgeant quelque peine de prison avant de recommencer leur périples traqués d'apatrides... Des solidarités se forment et s'éparpillent, se croisent et se retrouvent; des amitiés, des amours se tissent, et un peu de chaleur traverse ce néant absurde où l'espoir ne tient qu'à force de volonté. de Prague à Genève, en passant par Vienne et Paris, la peur au ventre, la faim et le misère au corps, ils se soutiennent (ou se trahissent), échangent des cigarettes, les dernières nouvelles et les bons tuyaux. Tragique quotidien où ces hommes et femmes errants, pour certains abandonnent, et pour d'autres croient encore pouvoir espérer.
C'est un beau roman, d'un classicisme pur et dur, qui raconte des faits accablants, dont l'actualité reste cruciale. Remarque n'élude pas la moindre des ignominies qui frappent ses héros abandonnés à eux-mêmes, mais on sent qu'il veut croire en l'homme, en certains, en tout cas - et notre recul de plus d'un demi-siècle nous autorise à nous demander s'il a raison : n'en sommes nous pas toujours au même point?
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Kern, brusquement arraché au gouffre noir du sommeil où il était plongé, se dressa en sursaut et prêta l'oreille. Comme tous les gens traqués, il fut aussitôt complètement éveillé, en état d'alerte, prêt à fuir. Assis, immobile dans son lit, le corps légèrement penché de côté, il réfléchissait au moyen de s'échapper s'il trouvait déjà l'escalier barré.
p133. Quand quelqu'un meurt à côté de toi, tu ne sens rien. C'est la le malheur du monde. La compassion n'est pas de la douleur. La compassion est un plaisir caché de la souffrance d'autrui. Un sentiment de délivrance de n'être pas soi-même celui qui souffre ou que ce ne soit pas un être cher.
p131. Buvons au grand mystère de l'Univers, la naissance. Savez-vous pourquoi c'est un mystère ? Parce qu'en fin de compte, on meurt quand même. A la votre.
p47. Et souviens-toi que tout vaut mieux que la guerre.
- Et que d'être mort.
- Que d'être mort, je ne sais pas. Mais que de mourir surement. Adieu, petit.
p80. Toutes les eaux de Cologne se valent. Celles qui sont bonnes sont tout simplement celles pour lesquelles on fait de la réclame. C'est la tout le secret.
Extrait du livre audio "À l'Ouest, rien de nouveau" d'Erich Maria Remarque lu par Julien Frison. Parution CD et numérique le 11 août 2021.
https://www.audiolib.fr/livre/louest-rien-de-nouveau-9791035405885/