Je suis seul comme une planète folle, une terre molle et froide, cérébrale, ectoplasmique, sodomite, aimable, affable, à table. Je suis seul comme une jeune mariée abandonnée. Voyageur de la terre, perdu au milieu de l'océan. Seul dans la foule incommensurable et désertique. Seul dans la ville qui choie et sombre, haletante et sourde à mon désarroi. Seul, oui seul, amoureux solitaire.
Voilà maintenant cinq ans qu'il est célibataire, cinq ans qu'il n'a rencontré personne et qu'il n'y tient pas. Je lui dis que je trouve cela dommage pour lui. Il me répond qu'il ne peut pas, qu'il ne veut pas, qu'il est bien seul. On se prend ensuite une mousse au chocolat et un café, le vent commence à se lever, des feuilles volent. Jérôme a trouvé un équilibre, il se remet à peindre sérieusement, il a retrouvé l'énergie créatrice. Je l'en félicite : c'est une des plus belles choses au monde que de créer. Peut-être la plus belle. Avec l'amour.