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Critique de ChatDuCheshire


Ce polar à la construction très originale (et qui a d'ailleurs reçu des prix littéraires) de Ruth Rendell semble assez peu connu et reçoit ici une note moyenne relativement modeste.
Cela se comprend car jusqu'à la fin du premier tiers j'ai failli en abandonner la lecture tant je trouvais que le déroulement de l'intrigue se traînait. A la réflexion le problème de ce bouquin est qu'au fond aucun des personnages ne se révèle sympathique ou attachant : Adam et Rufus, deux bourges anglais arrogants, le premier que l'on devine vaguement psyschopathe et le second tellement suffisant qu'on a constamment envie de lui f... des baffes; Zosie, une petite idiote dont le rêve est d'épouser un homme riche car elle ne sait rien faire de son propre aveu; Vivien, une vegan new age dénuée d'humour et exploitant le "pauvre" Shiva pour sa petite vie spirituelle auto-centrée; même Shiva, finalement le moins antipathique car fondamentalement la victime de tous les autres, apparaît progressivement sous un jour de plus en plus sombre. Bref on a du mal à s'intéresser aux longues journées sans événements autres que des beuveries et chassés-croisés vaguement sexuels entre les personnages séjournant dans un manoir hérité par l'un d'eux au cours de l'inhabituellement torride été 1976 dans la campagne anglaise.
Ce qui "sauve" le bouquin in fine c'est la construction du récit, fondée sur des flash-backs des principaux protagonistes (sauf Vivien et Zosie) 10 ans après ce fameux été et alors que les cadavres d'une femme et d'un bébé sont découverts sur les lieux par de nouveaux propriétaires du manoir. Ces flash-backs sont adroitement articulés les uns aux autres pour ménager le suspense jusqu'à la fin de l'histoire et avec deux coups de théâtre à la clé.
Au-delà du polar, les personnages semblent concentrer sur leurs têtes tous les travers que les millennials ou autres générations X, Y et Z reprochent aujourd'hui aux boomers que sont les protagonistes de l'intrigue : jouisseurs sans but dans leur jeunesse (à l'exception de Shiva, victime de racisme et d'ostracisme social et de Vivien qui préfigure les vegans d'aujourd'hui) et profiteurs sans vergogne du système par la suite. Vu que le livre est sorti en 1987, Rendell n'était certainement pas consciente de cela mais du coup ce bouquin acquiert une seconde dimension qui le rend plus intéressant à lire aujourd'hui qu'à l'époque de sa sortie...
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