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Citations sur L'été de Trapellune (16)

Ce qui s’était passé à Trapellune, Adam s’efforçait de l’oublier sans parvenir à le chasser de son inconscient. Il en rêvait, et il arrivait aussi que des images surgissent par simple association d’idées. Mais jamais il ne se permettait de s’y attarder, jamais il ne s’aventurait dans ces circuits ; et lorsque des options défilaient sur son écran mental, il détournait rapidement le regard. Quand le processus s’enclenchait, quand la machine associative se mettait en branle (…) il avait pris l’habitude d’appuyer sur la touche annulation : il fonctionnait comme les ordinateurs qu’il vendait.
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[...] ...- "Cette fois, il y avait des fenêtres ouvertes au premier étage de la maison de monsieur Tatian. Elle a vu une femme sortir avec ce machin qui sert à transporter les bébés, comment ça s'appelle ?

- Un couffin ?

- Un couffin, oui, c'est ça. Zosie nous a affirmé que la femme ne l'avait pas regardée, qu'elle ne m'avait même pas vue - ce qui paraît évident, du reste. La femme a posé le couffin sur le siège arrière de la voiture, et elle a laissé la portière ouverte, à cause de la chaleur, vraisemblablement. Quoi qu'il en soit, elle est rentrée dans la maison sans refermer la porte derrière elle. D'après Zosie, elle avait l'air d'avoir oublié quelque chose.

" Zosie nous a dit que ç'avait été plus fort qu'elle. Elle n'a pas réfléchi à ce qu'elle était en train de faire, elle n'a pas pensé aux risques en tous cas. Il fallait qu'elle prenne ce bébé et elle l'a pris. Elle a refait le coup du petit garçon dans le grand magasin, seulement, cette fois, Rufus n'était pas là pour l'en empêcher. Elle a plongé la main dans la voiture, elle a retiré le couffin et elle est repartie dans la rue avec. Le bébé dormait et il ne s'est pas réveillé. C'était une petite fille, remarquablement calme, qui avait toujours sommeil, comme certains nourrissons, je crois. En fait, je n'en sais rien, je ne connais rien aux bébés." Shiva leva les yeux vers Lili et détourna rapidement le regard. "Une file de voitures attendait aux feux rouges, à Northill. Elle a continué et elle a descendu Church Road, sans rencontrer personne. Les conducteurs des voitures à l'arrêt ont dû la voir mais aucun d'entre eux n'a signalé une jeune fille en jupe à carreaux bleus portant un couffin. Elle a posé le bébé sur le siège arrière du break et elle s'est assise à l'avant, à la place du passager. Quelques secondes plus tard, Adam était de retour.

"Il s'est assis à la place du conducteur et il a dit à Zosie : "C'était une foutue perte de temps." Il a démarré, il s'est engagé dans North Hill et il a filé droit sur Finchley pour prendre le périphérique nord. Zosie a regardé sur sa gauche, et vers View Road. La voiture était toujours dehors, avec la portière arrière ouverte. Elle a aperçu la femme qui ressortait de la maison.

- Alors, Adam ne savait pas ? Il ne savait pas que le bébé était à l'arrière ?

- Il ne l'a su qu'après la sortie d'Enfield. Pendant qu'ils attendaient à un feu rouge, le bébé s'est réveillé et s'est mis à pleurer." ... [...]
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[...] ... La photographie qui occupa l'écran ressemblait beaucoup à celle que Rufus Fletcher avait prise pendant l'été 1976. Le journal du soir de la BBC, à six heures trente, n'accorda guère plus d'une minute à la nouvelle. Un policier apparut à l'antenne pendant quarante-cinq secondes pour dire qu'il n'avait aucune déclaration à faire, mais qu'une enquête était en cours. Shiva et Lili Manjusri eurent toutefois le temps de voir l'image. Rufus Fletcher aussi. Adam Verne-Smith ne pouvait évidemment pas être au courant puisqu'il était en vacances à Puerto de la Cruz. Il n'avait pas eu l'occasion de lire des journaux anglais. Ils étaient chers, et ils arrivaient avec vingt-quatre heures de retard. Et comme Adam voulait oublier tout ce qui lui rappelait l'Angleterre, il jeta à peine un coup d'oeil sur l'exemplaire de l'International Herald Tribune qu'Anne avait trouvé sur la plage.

A Edgware, son père s'exclama : "Bon sang, mais c'est Wyvis Hall, aussi sûr que je respire !"

Lorsque Beryl Verne-Smith leva le nez, la photographie avait déjà disparu.

- "Tu as certainement raison."

Un journaliste s'efforçait en vain d'extorquer des révélations au policier. A l'arrière-plan, on apercevait des arbres aux couleurs automnales, puis une église, perchée au sommet d'une petite colline. Lewis Verne-Smith hochait la tête, moins pour manifester son incrédulité que son désespoir : le monde allait décidément bien mal. Non qu'il fût brutalement envahi de souvenirs pénibles ; à vrai dire, ceux-ci ne l'avaient jamais quitté, et son existence était empreinte d'une profonde amertume. Mais la photographie de cette maison, pourtant à peine entrevue, ravivait les sentiments qu'il éprouvait depuis - ma foi, depuis une dizaine d'années au moins.

- "Il est dix heures et demie," fit sa femme.

- "Il faudra que je prenne contact avec la police. Impossible de l'éviter. Il va falloir que je les appelle.

- Pas ce soir, en tous cas ?" demanda Beryl, qui avait envie de regarder Mastermind.

Lewis resta silencieux. La pièce dans laquelle ils étaient assis subissait le curieux phénomène de rétrécissement qui lui était coutumier dès qu'il était question de Wyvis Hall ou même du Suffolk. Elle était tout à coup devenue étroite et sombre. Le mur de brique de la maison voisine semblait s'être rapproché de quelques mètres et paraissait menacer la clôture sans vergogne. Lewis se leva et tira les rideaux d'un geste saccadé.

- "Tu ne devrais pas attendre le retour d'Adam ?"questionna Beryl.

- "Pourquoi ? Cela servirait à quoi ?" ... [...]
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"Je ne suis pas venu au monde pour remplir tes espérances, ni toi les miennes. Je suis moi et tu es toi. Et si nous nous trouvons l'un l'autre, tant mieux, sinon, tant pis."
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Il avait aimé l'Angleterre avec la vénération naïve de l'immigré qui a réussi ; il avait trouvé en elle la terre de lait et de miel dont tant de ses compatriotes lui avaient dit qu'elle n'existait pas.
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C,est long, dix ans, quand on n'a pas de raison particulière de se souvenir. (p. 159)
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Ce qu'il y avait d'extraordinaire dans l'esprit humain, pensait Adam, c'est sa faculté de s'adapter au pire. Lorsque le pire est arrivé, on s'imagine que plus rien n'est possible ; l'inconcevable s'est produit, et au-delà c'est la mort, la destruction, le néant. Mais le pire arrive et on chancelle sous le coup, on est au bord de l'abîme - le choc est terrible. Et c'est alors qu'on commence à s'en remettre. On prend le dessus, on se redresse et on affronte. On s'y fait. Au bout d'une heure peut-être, on élabore un plan de sauvetage. Parce que ce qui est arrivé n'est pas le pire, vous vous en êtes rendu compte. Le pire est encore à venir...
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Adam avait été dûment prévenu par son père à l'âge de huit ans : la masturbation donnait le scorbut. Le manque de vitamine C n'y était pour rien - encore une invention stupide des nutritionnistes et des médecins. La plupart des gens qui portaient un dentier s'étaient masturbés quand ils étaient jeunes.
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Le mal, quel mot absurde. Cela n'avait guère plus de sens que le mot amour, c'était aussi confus. Chacun avait une vague idée de sa signification, mais personne n'était capable d'en donner une définition précise.
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Le cerveau, comme la nature, a horreur du vide.
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