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Critique de FMK


Voici une nouvelle saga, tout premier album d'un illustrateur français nourri à une tonne d'influences pop culture. J'ai entendu parler du titre sur les réseaux, et après avoir vu l'ouvrage en librairie, je n'ai pas pu résister !

Dans un futur indéterminé, des robots aux allures de samouraïs continuent à vivre, selon leur programme, une existence dénuée de sens dans un immense parc d'attraction abandonné. Un jour comme les autres, après avoir accompli sa routine, l'un de ces robots se retrouve au milieu de la violente arrestation de deux humains par un groupe de militaires lourdement armés. Témoin du sacrifice du père pour sauver son jeune fils et sentant le danger imminent, le robot obéit à l'instinct dicté par son programme et s'interpose avec toute sa dextérité de sabreur pour protéger cet enfant sans défense. Après ce sauvetage, la raison d'être de ce "yojimbot" devient la suivante : aider le jeune Hiro à retrouver la trace d'autres humains, et à s'échapper de l'île. En chemin, ils seront rejoints par d'autres robots empreints de cette même mission, et qui constitueront une véritable escorte métallique pour le jeune garçon. Leur compagnie sera plus que bienvenue, car une mystérieuse organisation militaire est prête à employer tous les moyens pour les empêcher d'arriver à destination…

La première chose qui saute aux yeux, et ce dès la couverture, c'est la qualité graphique de ce titre. Les influences du manga et du comics sont bien visibles, avec une mise en scène percutante, les contours marqués des personnages et des choix de colorisation audacieux. le design des différents robots que Hiro va croiser dans ce tome est varié et très travaillé : ce mélange de mécanique d'aspect grossier et d'accessoires vestimentaires sortis tout droit de l'ère Edo est vraiment très réussi ! Bien que tous les robots soient muets, en dehors des phrases scriptées qui leur sont dictées par leur programme initial, leurs attitudes et postures de combat expriment à elles seules leur éternelle fonction de guerrier. Quant aux scènes d'affrontement, elles en mettent plein les yeux, c'est très impressionnant !

J'ai eu un énorme coup de coeur pour le fantastique décor de ce parc d'attraction abandonné et livré à la végétation, dans lequel se déroule la majorité de l'action. Celui-ci évoque un Japon qui semble ici disparu depuis longtemps, avec ses panneaux d'affichages, ses restaurants, ses échoppes ou ses distributeurs, le tout dans une ambiance digne d'un Miyazaki post-apocalyptique. Quelques vestiges de l'activité du parc subsistent encore : des haut-parleurs diffusent les mêmes messages informatifs en continu comme pour rythmer les journées des robots, seuls habitants de ce vaste et somptueux cimetière mécanique où le temps semble s'être arrêté depuis de très nombreuses années.

Mais qu'est-il donc arrivé à l'humanité ? En quelle année sommes-nous ? Quel est le but de cette organisation militaire qui pourchasse Hiro avec une telle violence ? Si vous cherchez des réponses à ces questions dans ce premier tome, vous ne les trouverez pas. C'était peut-être la volonté de l'auteur de ne pas dévoiler, pour le moment, le contexte de l'intrigue à ses lecteurs afin qu'ils se concentrent sur le style graphique et l'ambiance, ou bien qu'ils se sentent, comme Hiro, perdus devant le "silence métallique" qui donne son titre à cet album. J'espère juste que ces informations viendront assez rapidement par la suite : elles aideront à mieux comprendre les enjeux de l'intrigue, quitte à relire le tome pour un point de vue plus éclairé sur la situation. D'autant que ces quelques pistes sont données dans la page de présentation de la série sur le site de l'éditeur, mais sont étrangement absentes de la quatrième de couverture…

Au-delà de ces éléments explicatifs un peu absents, on retrouve avec plaisir les thématiques classiques des récits de SF sur les robots, comme par exemple la question de la conscience, les trois lois de la robotique et la communication avec les humains. Ces interrogations servent de base à ce récit initiatique, où un jeune humain se retrouve seul au milieu de robots qui ne sont pas doués de parole. Petit à petit, après un temps d'adaptation où Hiro devra faire lui-même les questions et les réponses, il va apprendre à communiquer avec ses nouveaux compagnons et progressivement s'attacher à eux. Un attachement que l'on devine réciproque, mais est-il uniquement dicté par le programme inscrit dans les circuits de ces machines ?

J'ai vraiment beaucoup apprécié cette entrée dans l'univers de Yojimbot. Sylvain Repos livre ici une oeuvre graphiquement époustouflante et pétrie de multiples influences, d'Asimov à Otomo en passant par les films de Kurokawa, Gunnm et Ghost in the Shell (le nom que donne Hiro au robot qui lui sauve la vie est plus qu'évocateur !). L'intrigue reste encore bien mystérieuse et de très nombreuses questions attendent des réponses, qui viendront à n'en pas douter dans les tomes suivants ! En attendant la suite, vous pouvez, comme moi, suivre le webtoon gratuit Yojimbot Stories, dont les événements se déroulent avant ce tome 1.
Lien : https://lesaffamesdelecture...
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