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Citations sur L’intime étrangère (37)

Tu es convaincue que ça va recommencer, tu ne sais pas quand, mais tu y retourneras, parce que la brèche s’est ouverte, elle ne se refermera pas complètement, et aux prochaines difficultés importantes de l’existence, tu risques de reprendre le même chemin, comme une aspiration par la brèche constituée.
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Il faut aimer les fous pour qu’ils restent humains, les aimer encore pour les regarder, les écouter, les porter. Tu as trouvé de l’amour comme ça toi aussi, il y en a eu, beaucoup, heureusement, sinon tu errerais toujours dans un monde effrayant.
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Seules la bonté universelle et l’intégrité peuvent établir en nous cette harmonie mentale qui conduit à la paix intérieure. (Jules Cotard).
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Le délire t’appartient, il vient de toi, personne ne l’a produit à ta place, il faut le reconnaître comme étant une part de toi-même, une part que tu ne dois pas négliger, si tu veux éviter que cela recommence, tu dois te le réapproprier, cesser de le regarder comme une donnée étrangère dont tu aurais été la victime, tu n’es victime de rien, ni de personne à part de toi-même, tu ne l’as pas décidé mais le désordre est en toi et à toi. D’ailleurs, il n’y aurait pas eu une douleur totale, des angoisses sidérantes, avoir été en dehors du monde n’aurait pas été un problème, au contraire. Un autre monde ce n’est pas une mauvaise chose en soi, ça a certains avantages, l’ailleurs, un vrai voyage, si on en revient, parce que si l’on reste coincé ailleurs c’est un problème, mais si on peut ainsi s’absenter, voir le monde autrement, voir des choses invisibles à l’œil nu, voir l’intérieur de soi étalé au-dehors. Un mouvement indicible t’a conduite vers ton délire, c’est bien ton délire, le chamboulement des sensations, des voix, des corps, c’est ton ouvrage, pas une œuvre.
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La marche lente, le regard absent, les gestes pris dans une gangue, tous les mouvements du corps ralentis, la tête et les yeux qui ont un moment de décalage quand ils se déplacent, le corps légèrement penché en avant, des tremblements de la main qui tient le verre. C’est comme ça que les autres te voient. C’est comme ça qu’on sait que tu prends des neuroleptiques.
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Ton psychiatre t’a dit un jour de ne pas expliquer à tes collègues que c’était une mélancolie délirante, pour ne pas être stigmatisée, mais c’était déjà trop tard, tu avais appelé trois collègues que tu aimes bien, et ils t’avaient écoutée sans plus rien oser dire, effarés, pris au dépourvu. Si tu avais dû t’absenter pour plusieurs semaines de chimiothérapie ça n’aurait pas posé de problème, un cancer c’est convenable et ça guette tout le monde, mais le voyage ça passe moins bien, ça jette un voile trouble sur qui tu es, personne ne se pose de questions sur un malade d’un cancer du poumon, par contre évidemment quand on avoue qu’on a fait un drôle de voyage, ça ne fait plus la même chose, tu le savais pourtant, tu l’as bien cherché. D’ailleurs tu parles d’aveu, les ombres du crime encore, et si c’était la mélancolie délirante le crime, le crime contre toi-même.
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Qui es-tu vraiment ? Tu ne sais pas trop, tu ne sais plus, à quel monde appartiens-tu ? Tu as fait beaucoup d’efforts pour vivre dans le monde partagé, tu as multiplié les stratégies, tu y es pas mal parvenue, après tout tu auras mis du temps pour que ça cède, et que l’autre monde t’emporte, mais il ne t’a pas gardée, les électrochocs ont su te ramener, alors tes rituels secrets pour être comme tout le monde, ce n’est pas forcément nécessaire de les reprendre, autour de toi on se questionne, mais en fait elle avait tout ça en elle avant, elle a tenu longtemps sans laisser paraître, et maintenant ils vont se méfier davantage, ils vont peut-être devenir sensibles aux détails, aux manières de faire qui jusque-là passaient pour des travers de ton caractère. Le caractère ne suffira plus pour comprendre, on gardera la petite liste venue d’ailleurs, celle de Cotard et de la mélancolie, comme une nouvelle lumière sur toi, tu ne vas pas pouvoir faire autrement, et s’ils se mettent à feindre d’ignorer, comme si rien ne s’était passé, tu ne sais pas si tu vas les laisser faire, tu as un peu envie d’arrêter de monter une scène de théâtre, tu voudrais du naturel, sans repousser personne, sans faire peur, tu es revenue c’est déjà ça de gagné, tu vas pouvoir alors te montrer telle que tu es, mais la vérité c’est qu’avec ce voyage, tu ne sais pas ce que tu es.
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Tu as réclamé qu’on te raconte, maintenant tu as les informations telle une journaliste qui a enquêté sur une disparition, tu les as obtenues tes informations manquantes, tu ne sais plus si c’était une bonne idée, retrouver cette masse de douleur, était-ce vraiment utile ? Tu ne sais plus, ça te fera des choses à raconter si on te demande ce que tu as vécu, mais les gens n’osent pas te questionner, le fait que tu sois devenue folle n’est pas évident pour eux, folle brutalement sans prévenir, ils ne savent pas comment se positionner, on demande de tes nouvelles, on espère que tu vas mieux, mais le contenu réel, ils ne veulent pas le connaître, heureusement qu’il y a ton psychiatre, au moins à lui tu peux dire les variations, les chutes dans la douleur, les idées suicidaires qui te poursuivent encore, la peur que ça recommence, parce qu’il y a cela aussi, et si tu redevenais folle, après tout c’est arrivé une fois, qui te dit que tu ne retomberas pas, évidemment tu as tes quatorze comprimés par jour, ils sont censés te soigner et donc empêcher la rechute, mais tu n’es pas toujours convaincue, tu crains que ce qui te reste, ce qui te colle, soit le terreau d’une nouvelle folie. Tu te surveilles, tout le temps. Tu scrutes les restes du Cotard en toi, les braises prêtes à reprendre pour une raison inconnue, alors tu observes, tu écoutes, tu vérifies que tu entends bien les sons de la vie, que les voix sont celles de ceux qui te parlent, que tu sens bien ton corps, ses positions, ses rebords frôlés par un accoudoir de chaise, ton dos collé au matelas, ta main qui touche le visage de Valentine, tu es bien là, c’est toi, tu n’es pas en vrac, tu n’es pas difforme, tu as tous tes organes à leur place, tu en es assurée, Cotard est bien parti.
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Une précision s’impose, exister et être vivante ne disent pas la même chose, tu existes bien maintenant, mais tu ne te sens pas vivante. Pas encore. Ça va venir. Tu en es certaine. Parce que tu vas te sortir de là. Tu te tiens debout dans une vaste zone dénudée bordée par un horizon infini et froid. Tu ne vois pas comment le décrire autrement. C’est mieux que la voix mais ce n’est pas ça être vivante. Tu as réfléchi, Jette-toi c’était peut-être implicitement par la fenêtre, pourquoi pas, ce serait le sens suicidaire de base, mais ça peut dire autre chose, par exemple : Jette-toi à l’eau, vas-y maintenant, allez ose ! tu n’as pas compris cela quand tu étais folle, tu l’as entendu comme une injonction mortelle mais maintenant que la folie est finie, tu te dis que tu as peut-être fait un contresens, reprends la voix, Jette-toi, mais à l’eau, en fait c’était peut-être une injonction à vivre, quelque chose du type, il est temps maintenant que tu commences une deuxième vie, le grand saut.
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On a décrit avec soin la mélancolie simple, la mélancolie avec stupeur, la mélancolie anxieuse […]. Sous l’influence du malaise moral profond qui constitue le trouble psychique essentiel de la mélancolie […] l’humeur prend un caractère tout à fait négatif […]. Je hasarde le nom de délire de négations… Leur demande-t-on leur nom ? ils n’ont pas de nom ; leur âge ? ils n’ont pas d’âge ; où ils sont nés ? ils ne sont pas nés ; qui étaient leur père et leur mère ? ils n’ont ni père, ni mère, ni femme ni enfants ; s’ils ont mal à la tête, mal à l’estomac, mal en quelque point de leur corps ? ils n’ont pas de tête, pas d’estomac, quelques-uns même n’ont point de corps ; leur montre-t-on un objet quelconque, une fleur, une rose, ils répondent : Ce n’est point une fleur, ce n’est point une rose. Chez quelques-uns la négation est universelle, rien n’existe plus, eux-mêmes ne sont plus rien […].
La maladie […] frappe brusquement, souvent vers la période moyenne de la vie, des personnes dont la santé morale avait paru jusque-là correcte ; quand elle guérit, la guérison est brusque, comme le début ; le voile se déchire et le malade se réveille comme d’un rêve.
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