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EAN : 9782715257160
136 pages
Le Mercure de France (06/05/2021)
3.65/5   17 notes
Résumé :
Tu as passé du temps dans un monde inconnu, peuplé de certitudes incongrues, monstrueuses, désorganisées et pourtant limpides, brutales et intraitables. Un monde dont tu as cru sans douter qu’il était réel, imposant, et dont la réalité fait mal à en crever. C’est arrivé. C’est aussi simple que ça, c’est arrivé. Après ça, tu vas changer, on change forcément après un voyage pareil, et puis le regard des autres sur toi va changer, ce n’est pas pareil d’avoir été folle ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Jamais la narratrice, psychiatre, n'aurait pensé rejoindre un jour le flot de ses patients. Et pourtant, il lui faut bien l'admettre : l'inconcevable s'est produit. Pendant des semaines dont elle a perdu quasiment tout souvenir, une autre Suzanne Reinhold s'est soudain révélée, l'aspirant dans l'obscurité cauchemardesque de la mélancolie délirante, peuplée des hallucinations d'anéantissement du syndrome de Cotard et de voix suicidaires. Revenue à elle-même et à la réalité après une hospitalisation, des électrochocs et un lourd traitement, il lui faut maintenant reprendre tant bien que mal le fil de son existence, même si, pour elle comme dans le regard des autres désormais, rien ne sera plus comme avant.


Honte et stupéfaction se disputent dans la tête de cette femme : comment, elle, médecin si sûre de sa maîtrise et de ses compétences, n'a t-elle rien vu venir et a-t-elle pu sombrer soudain dans cet autre monde qu'est la folie ? Qu'est-ce qui a bien pu d'un coup lui faire perdre pied jusqu'à l'effacer de sa propre conscience, la plongeant dans un univers distordu, tapi au plus profond d'elle-même ? Quelle est cette inconnue qu'elle est devenue à ses propres yeux, imprévisible et dangereuse pour elle-même, trouée d'insondables et terrifiantes failles cachées sous la surface, et peut-être susceptibles de l'engloutir un jour à nouveau ? Une chose est sûre : sans les découvertes de Jules Cotard à la fin du XIXe siècle, sans les traitements aujourd'hui disponibles, et sans le dévouement de sa compagne et du personnel soignant auxquels la narratrice rend un reconnaissant hommage, l'excursion au-delà des rivages de la démence aurait bien pu se transformer en voyage sans retour.


Les accents autobiographiques de la narration laissent le lecteur sous le choc de cette expérience d'une dépression hors norme, aux manifestations et aux conséquences impressionnantes. le témoignage fait doublement froid dans le dos. D'abord, parce cette histoire fait soudain prendre conscience que la maladie mentale frappe parfois sans prévenir, et que nul, après cette lecture, ne pourra plus s'en sentir aussi sûrement préservé. Ensuite, parce que les mystères et les désordres de nos fonctionnements psychiques restent incommensurablement troublants et effrayants, qu'à défaut souvent d'y comprendre quelque chose, l'on a enfermé, et l'on continue d'enfermer, des patients qu'on ne sait libérer d'eux-mêmes et de leurs terribles souffrances. Alors, aux côtés de Suzanne, l'on s'effraie rétrospectivement du piège duquel - à peu de choses près semble-t-il, comme par exemple ne pas avoir vécu un peu plus tôt, ou ne pas s'être retrouvée lâchée par ses proches -, elle aurait bien pu ne jamais parvenir à s'échapper.


Ce livre bouleversant ne peut laisser que sans voix, soulagé du rebond de la narratrice qui devra certes réapprendre à vivre avec la conscience d'un gouffre à peine refermé sous ses pieds, mais troublé par cette effrayante possibilité, vécue par tant d'âmes, de devenir et de rester à jamais étranger à soi-même, prisonnier de ce que l'on appelle la démence.

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Un très beau roman. Je ne sais si l'auteur est parti de l'expérience réelle d'un individu, mais quel roman de toute façon.
Une femme revient d'un voyage, un très étrange et très long voyage ... à Saint Mandé sur fonds de confinement et d'une lointaine pandémie. Son voyage est très particulier, car elle est allée dans des lieux, des espaces qu'elle connaît bien en théorie, sauf que cette fois ci, c'est pour de vrai. La narratrice est psychiatre et comment ça se passe pour un psychiatre lorsqu'il est confronté à des troubles psychiatriques massifs, mais aussi rares ? Sur fonds de problème physique de péricarde, notre héroïne va sentir son corps, son esprit lui échapper totalement : le syndrome de Cotard, une pathologie très particulière qui provoque chez le patient qui en est victime, des idées de négation d'organes, de soi, du monde, ainsi qu'un délire de damnation et d'immortalité. Une mélancolie puissance 10 000 avec un délirer. le diagnostic n'est pas facile. Pour ceux qui suivent les séries, dans "Hannibal", saison 1 épisode 10, le personnage de Georgia Madchen, souffre de cette pathologie ("l'angle de vue" est hollywoodien donc un peu parodique).
Avec sa compagne, Valentine, de ses deux filles, Blanche et Alice, la narratrice va donc raconter son expérience et croiser ensuite celle de sa compagne et celle de Blanche . Plus surprenant, elle nous conte aussi les échanges qu'elle a avec le dresseur pour chien, Thimothée, qui s'occupe de Pacha. La narratrice va nous expliquer comment elle a apprivoisé sa pathologie pour la faire sienne, car elle peut refaire des crises. Elle explique les électro-chocs, les processus mis en place pour la sortir de son néant dévastateur. Elle nous dit aussi combien la maladie a bouleversé son statut de soignant à soignée, la chance qu'elle a eu d'avoir un excellent psychiatre, Guillaume.
C'est un livre magnifique, non pas désespéré, mais qui s'envole vers les étoiles, riche d'espoir, d'amour et de compréhension, malgré tout.
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Titre superbe pour le récit d'une catastrophe, la mélancolie délirante qui s'abat sur une psychiatre clinicienne. le choc, la surprise, la douleur extrême, les symptômes de destruction coupable, irrémédiable, sont décrits avec autant de violence que d'humilité dans une langue hésitante, douloureuse et nue. le récit est au présent, hors du temps qui s'écoule dans le monde. Il s'adresse à la deuxième personne, à « l'intime étrangère ». La guérison vient, fragile, après les électrochocs, traitement ultime d'une traversée inhumaine, puis viennent les questions : « Qui es-tu ? Dis-leur, montre-leur, rassure-les, qu'ils te retrouvent. Tu es humaine, radicalement humaine » (p 128). Un document pour les futurs psychiatres autant qu'un témoignage sur les limites de ce qu'on peut perdre, de ce qu'on peut supporter.
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Ce livre m'a captivée. Entre récit, confession, documentaire, un peu roman sans doute. Eclairage de l'intérieur et par compagne interposée, vu que la mélancolie délirante (Syndrome de Cotard) dont l'autrice a été atteinte lui a occasionné une vaste amnésie sur la période de sa maladie. On suit son cheminement comme une guerre, une fatalité, une tuile majeure, une horrible souffrance. Bref un calvaire. Je me suis sentie physiquement atteinte par le désespoir qui envahit l'autrice - par ailleurs psychiatre et terrorisée à l'idée que des gens de sa connaissance surtout professionnelle soient au courant du mal qui l'accable... Un désespoir si profond et si noir que seul le suicide semble pouvoir y mettre fin. Jusqu'aux traitements de choc et leurs suites, pas que belles ni faciles. Presque honte de le dire et pourtant : j'ai lu tout ça comme un thriller, aussi. Aux deux tiers du livre, le fil se perd un peu. le malheur serait-il meilleure matière à littérature que la remontée vers le bonheur ? En tous cas chaude reco pour qui s'intéresse à la psychiatrie. Extrait lu sur Kobo et achat d'un clic au milieu de la nuit. Fait rare pour moi.
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C'est un récit fait par Suzanne, psychiatre et ses proches, suite à sa maladie psychiatrique: le syndrome de Cottard, qui fait qu'elle ne sent plus ses organes, les voit sur les murs et est dépersonnalisée de sa vie, de son corps et de ses actes.
C'est par ses proches, et l'équipe médicale, ainsi que la malade, que l'on suit sa découverte de la maladie, ses symptômes, l'impossibilité de rester chez soi, l'aide médicale en hôpital psychiatrique, jusqu'aux életrochocs, pour se soigner et reprendre une vie normale, avec l'aide des médicaments et des médecins.
C'est touchant, émouvant, et l'on se rend compte, que c'est compliqué, pour le malade et les proches, ne connaissant pas la maladie, ne sachant pas comment y faire face.
Mais également, comment la guérison et la stabilisation peut advenir grâce à l'aide médicale et le suivi.
Un récit intéressant, facile à lire, et bien écrit.
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critiques presse (3)
LeMonde
21 juin 2021
Psychiatre, la narratrice du nouveau roman d’Anne Révah, devient folle – avant de guérir et de se retourner sur ce qui s’est passé.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaLibreBelgique
04 juin 2021
“L’intime étrangère” d’Anne Révah ou le voyage d’une psychiatre hospitalisée et sous électrochocs. Un sentiment de vécu.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Bibliobs
10 mai 2021
Dans « l’Intime Etrangère », Suzanne, une psychiatre de renom, échoue dans un hôpital psychiatrique. C’est aussi arrivé à Anne Révah, qui réussit ici l’impossible : raisonner son aliénation.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Tu es convaincue que ça va recommencer, tu ne sais pas quand, mais tu y retourneras, parce que la brèche s’est ouverte, elle ne se refermera pas complètement, et aux prochaines difficultés importantes de l’existence, tu risques de reprendre le même chemin, comme une aspiration par la brèche constituée.
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Tu as réclamé qu’on te raconte, maintenant tu as les informations telle une journaliste qui a enquêté sur une disparition, tu les as obtenues tes informations manquantes, tu ne sais plus si c’était une bonne idée, retrouver cette masse de douleur, était-ce vraiment utile ? Tu ne sais plus, ça te fera des choses à raconter si on te demande ce que tu as vécu, mais les gens n’osent pas te questionner, le fait que tu sois devenue folle n’est pas évident pour eux, folle brutalement sans prévenir, ils ne savent pas comment se positionner, on demande de tes nouvelles, on espère que tu vas mieux, mais le contenu réel, ils ne veulent pas le connaître, heureusement qu’il y a ton psychiatre, au moins à lui tu peux dire les variations, les chutes dans la douleur, les idées suicidaires qui te poursuivent encore, la peur que ça recommence, parce qu’il y a cela aussi, et si tu redevenais folle, après tout c’est arrivé une fois, qui te dit que tu ne retomberas pas, évidemment tu as tes quatorze comprimés par jour, ils sont censés te soigner et donc empêcher la rechute, mais tu n’es pas toujours convaincue, tu crains que ce qui te reste, ce qui te colle, soit le terreau d’une nouvelle folie. Tu te surveilles, tout le temps. Tu scrutes les restes du Cotard en toi, les braises prêtes à reprendre pour une raison inconnue, alors tu observes, tu écoutes, tu vérifies que tu entends bien les sons de la vie, que les voix sont celles de ceux qui te parlent, que tu sens bien ton corps, ses positions, ses rebords frôlés par un accoudoir de chaise, ton dos collé au matelas, ta main qui touche le visage de Valentine, tu es bien là, c’est toi, tu n’es pas en vrac, tu n’es pas difforme, tu as tous tes organes à leur place, tu en es assurée, Cotard est bien parti.
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Le délire t’appartient, il vient de toi, personne ne l’a produit à ta place, il faut le reconnaître comme étant une part de toi-même, une part que tu ne dois pas négliger, si tu veux éviter que cela recommence, tu dois te le réapproprier, cesser de le regarder comme une donnée étrangère dont tu aurais été la victime, tu n’es victime de rien, ni de personne à part de toi-même, tu ne l’as pas décidé mais le désordre est en toi et à toi. D’ailleurs, il n’y aurait pas eu une douleur totale, des angoisses sidérantes, avoir été en dehors du monde n’aurait pas été un problème, au contraire. Un autre monde ce n’est pas une mauvaise chose en soi, ça a certains avantages, l’ailleurs, un vrai voyage, si on en revient, parce que si l’on reste coincé ailleurs c’est un problème, mais si on peut ainsi s’absenter, voir le monde autrement, voir des choses invisibles à l’œil nu, voir l’intérieur de soi étalé au-dehors. Un mouvement indicible t’a conduite vers ton délire, c’est bien ton délire, le chamboulement des sensations, des voix, des corps, c’est ton ouvrage, pas une œuvre.
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Qui es-tu vraiment ? Tu ne sais pas trop, tu ne sais plus, à quel monde appartiens-tu ? Tu as fait beaucoup d’efforts pour vivre dans le monde partagé, tu as multiplié les stratégies, tu y es pas mal parvenue, après tout tu auras mis du temps pour que ça cède, et que l’autre monde t’emporte, mais il ne t’a pas gardée, les électrochocs ont su te ramener, alors tes rituels secrets pour être comme tout le monde, ce n’est pas forcément nécessaire de les reprendre, autour de toi on se questionne, mais en fait elle avait tout ça en elle avant, elle a tenu longtemps sans laisser paraître, et maintenant ils vont se méfier davantage, ils vont peut-être devenir sensibles aux détails, aux manières de faire qui jusque-là passaient pour des travers de ton caractère. Le caractère ne suffira plus pour comprendre, on gardera la petite liste venue d’ailleurs, celle de Cotard et de la mélancolie, comme une nouvelle lumière sur toi, tu ne vas pas pouvoir faire autrement, et s’ils se mettent à feindre d’ignorer, comme si rien ne s’était passé, tu ne sais pas si tu vas les laisser faire, tu as un peu envie d’arrêter de monter une scène de théâtre, tu voudrais du naturel, sans repousser personne, sans faire peur, tu es revenue c’est déjà ça de gagné, tu vas pouvoir alors te montrer telle que tu es, mais la vérité c’est qu’avec ce voyage, tu ne sais pas ce que tu es.
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On a décrit avec soin la mélancolie simple, la mélancolie avec stupeur, la mélancolie anxieuse […]. Sous l’influence du malaise moral profond qui constitue le trouble psychique essentiel de la mélancolie […] l’humeur prend un caractère tout à fait négatif […]. Je hasarde le nom de délire de négations… Leur demande-t-on leur nom ? ils n’ont pas de nom ; leur âge ? ils n’ont pas d’âge ; où ils sont nés ? ils ne sont pas nés ; qui étaient leur père et leur mère ? ils n’ont ni père, ni mère, ni femme ni enfants ; s’ils ont mal à la tête, mal à l’estomac, mal en quelque point de leur corps ? ils n’ont pas de tête, pas d’estomac, quelques-uns même n’ont point de corps ; leur montre-t-on un objet quelconque, une fleur, une rose, ils répondent : Ce n’est point une fleur, ce n’est point une rose. Chez quelques-uns la négation est universelle, rien n’existe plus, eux-mêmes ne sont plus rien […].
La maladie […] frappe brusquement, souvent vers la période moyenne de la vie, des personnes dont la santé morale avait paru jusque-là correcte ; quand elle guérit, la guérison est brusque, comme le début ; le voile se déchire et le malade se réveille comme d’un rêve.
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