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Critique de mercutio


Déjà dans son "Histoire de la philosophie occidentale" publié en 1994, JF Revel exprimait le peu de considération qu'il a pour l'oeuvre de Descartes .
J'ai d'abord pensé que "Descartes inutile et incertain" -le compliment est extrait des Pensées de Pascal- , publié en 1998 était une occasion d'enfoncer le clou en troquant le marteau initial pour la masse que méritait le sujet . Vérification faite, il s'agit exactement du même texte que le chapitre sixième de l'Historie susnommée, auquel ont été ajoutées huit pages d'une conclusion qui n'apporte pas grand chose. Malice d'édition et/ou période de vache très maigre pour l'auteur.

Cela n'enlève rien à l'intérêt de l'essai qui démonte, d'une façon que j'ai trouvée très convaincante, que Descartes n'a pas apporté grand-chose de nouveau à part un système métaphysique dont la clé de voûte est l'existence "démontrée" de Dieu, duquel dérive un ensemble de théories en physique, biologie, psychologie ,...qui se sont à peu près toutes révélées fausses.
"La connaissance de Dieu conduit à la connaissance détaillée de l'univers, tout le cartésianisme est dans cette conviction".

Revel parcourt notamment quelques unes des hypothèses intuitives, erreurs de raisonnement, fautes de logique, approximations qui émaillent les écrits du philosophe qui, modestement, se pensait le seul capable depuis l'antiquité de venir à bout de ces difficiles problèmes.
Mais: "il ne s'agit pas tant ici de dresser le catalogues des erreurs scientifiques nombreuses commises par Descartes que de cerner l'erreur d'orientation globale qui découlait nécessairement de la façon même dont il posait le problème de la connaissance en la rattachant à la véracité divine, et dont il expliquait le monde en le soumettant à sa théorie de la nature de Dieu."

Il dénie à Descartes, adepte d'une philosophie au sens antique,incluant toutes les autres disciplines y compris la science, tout caractère novateur, faisant de lui un homme du passé, finalement dogmatique, proche par la démarche de l'école scolastique avec laquelle il entendait rompre.
"Or précisément, toute la critique de la scolastique consistait à séparer enfin complètement la philosophie première et les sciences d'observation. Descartes ne semble pas l'avoir compris."

Revel souligne l'incompréhension fondamentale de Descartes pour la vraie révolution scientifique du temps, illustrée par Galilée puis Newton notamment, celle de l'induction qui consiste à partir des faits de l'expérimentation pour concevoir les théories devant rendre compte des premiers, quand lui Descartes privilégie de façon inconditionnelle l'intuition-formulation d'hypothèses relevant, pour lui, de l'évidence- et la déduction à partir de celles-ci : "il ne se propose pas d'expérimenter au sens où Galilée le faisait. A l'inverse, comme Platon, il a confiance dans la validité absolue de ses principes a priori, aperçus par la seule lumière du raisonnement, et donc, par avance, il est sûr de leur efficacité dans la pratique".

Revel décrit aussi un Descartes, peu curieux de s'enrichir des découvertes scientifiques de son époque mais principalement préoccupé de s'enquérir si celles-ci rentrent dans l'ordre de son système, sinon de les tordre pour les y faire rentrer ou les rejeter quand c'est impossible.

Polémique bien sûr, en ce pays. Il n'est que de lire l'article consacré à Descartes dans Wikipédia pour s'en convaincre!
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