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Critique de paroles


Quel étrange roman... Mais est ce vraiment un roman ? J'ai vraiment eu l'impression d'être plongée dans la réalité, dans le quotidien du Japon.


Le père de Yukiko a disparu. Au Japon, disparaître du jour au lendemain est admis. Et personne, ni la police ni la famille, n'entreprend aucune recherche.
Alors Yukiko, résidente américaine depuis une quinzaine d'années, décide de retourner au pays en compagnie de Richard B. détective privé et toujours amoureux d'elle malgré leur ancienne rupture.

C'est un roman formidable dans lequel on pénètre au coeur du système économique du Japon tenu en partie par les Yakusas, dans lequel on découvre les ravages causés par les catastrophes de Fukushima et des environs, des kilomètres de terre dévastée, des milliers de vies brisées. le Japon ne sort pas grandi de ses observations. Mais ce qui le met à l'honneur, ce sont ses habitants, leur solidarité, leur culture, leurs coutumes.

Et surtout, ce qui m'a profondément touchée, ce sont ces disparus. D'abord, les disparus volontaires, devenus invisibles dans leur propre pays, comme le père de Yukiko qui veut fuir la pègre, ou d'autres touchés par les dettes, ceux encore qui fuient le chômage et la honte qui l'accompagne. Tous ces Johatsu qui se retrouvent du jour au lendemain sans avenir, mais aussi sans passé, et qui ne veulent pas faire supporter à leurs familles le poids du déshonneur.
Et puis, tous ces disparus, ces évaporés de la surface de la Terre suite aux catastrophes naturelle ou nucléaire. Tous ces anonymes qu'on ne peut plus nommer. "La misère est une énergie renouvelable".

Les situations décrites sont lourdes, pesantes, difficiles mais paradoxalement légères car l'écriture de Thomas B. Reverdy est ainsi. On sent l'empathie qu'il a pour les Japonais à travers ses personnages. On ressent son formidable respect face à tous ceux que le malheur frappe et qui se relèvent sans geindre, sans plier.

Et que dire aussi des sentiments amoureux qu'exprime, ou n'exprime pas son personnage de détective privé et poète. C'est beau, c'est touchant, c'est tendre et maladroit.


Un beau roman entre ombre et lumière, entre visible et invisible, entre partir et revenir. Et qui me fait dire que : Parfois, la vie ne tient qu'à un cheveu...
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