Sa main se pose sur le bouton de mise en route du pilotage automatique.
- Prête ? me demande-t-il.
- Prête.
Au loin, je reconnais Centauri A et Centauri B, les deux étoiles qui constituent le centre de ce système solaire - bien plus grandes que les étoiles autour de moi. Elles sont mêmes si grandes et si lumineuses comparées aux autres étoiles qu'elles m'oppressent.
Pourtant, ce ne sont pas elles que je contemple.
C'est la planète.
C'est ça, le secret d'Orion. Ce n'est pas que le vaisseau ne progresse pas, que nous n'allons jamais atteindre notre destination.
C'est que le vaisseau est déjà arrivé.
On est arrivés ! Là se trouve la planète qui doit nous héberger.
Un millier de soleils se dévoilent, leur lueur transperçant les ténèbres. Le vaisseau, lui, brille de mille feux. Je l'observe, à la recherche de cet énorme secret que, d'après Orion, je suis censé découvrir.
- C'est quoi déjà, ce que tu as dit à Doc ? me demande-t-il. Sur la foi ?
- Je ne sais pas, je réponds en riant nerveusement. Je cherchais surtout à rester en vie.
- Eh bien, peu importe. Tu avais raison.
Sa main se pose sur le bouton de mise en route du pilotage automatique.
- Prête ? me demande-t-il.
- Prête.
Mes yeux se mirent à me brûler alors que je suivais un joint sur le mur, se courbant de plus en plus haut, jusqu'à ce qu'il rencontre la lampe solaire au centre du plafond. Au-dessus d'elle, je le savais, était installé le Niveau des Transporteurs, et, encore au-dessus, le Niveau des Surveillants.
Et au-delà de tout ça - au-delà de tonnes et de tonnes de métal impénétrable - demeurait un ciel que je n'avais jamais vu.
Un ciel que Kayleigh n'avait jamais vu.
Et elle ne pouvait pas vivre sans le ciel.
Choix ou non, mon cœur est sien.
J'avais laissé mon regard dériver par-delà l'étang, les ajoncs et les nénuphars, les touffes d'herbe bien vertes.
Jusqu'au mur en métal.
Un mur métallique dur, froid, impitoyable, hérissé de rivets, maculé de graisse et abîmé. Remontant ensuite le long de la paroi, j'étais tombé sur cet énorme projecteur solaire au centre du plafond. Au-dessus se trouvait le niveau 2, puis le niveau 3.
Et au-delà de ces couches successives de métal impénétrable se trouvait le ciel que je n'avais jamais vu.