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Critique de DragonLyre


C'est un sujet que l'on voit traité dans de nombreux films et bouquins : deux frères dans un lieu public, l'aîné lâche la main du cadet et un drame survient. Avec ce roman, Emmanuelle Rey se fond à merveille dans les codes du genre. le petit Jonas a disparu, son frère Zack n'a de cesse de culpabiliser, se reproche de ne pas avoir mieux veillé sur lui, et huit ans plus tard, le voici englué dans une ambiance familiale morose, entre un père dépassé par les événements et une mère incapable d'accepter l'inacceptable. Comment faire son deuil quand jamais rien n'a pu être acté ? Menant son combat avec une opiniâtreté rare, cette dernière s'isole des êtres chers qu'il lui reste et compromet chaque jour davantage l'équilibre précaire de son foyer. Désormais adolescent, Zack a d'ailleurs tendance à s'attirer des ennuis, comme pour rappeler qu'il est toujours là, lui. Comme s'il cherchait encore et encore à obtenir le pardon de ses parents. Bon élève en dépit de ses écarts de conduite, il n'a que peu d'amis en dehors de Marco et fréquente Clara bien que le coeur n'y soit pas. À tous les niveaux, il y a ce fossé flagrant entre ce qu'on attend de lui et ce qu'il ressent au plus profond de lui-même. Aussi, sensible à son mal-être, sa tante propose-t-elle de l'emmener chez elle, loin de Marseille, afin de passer son année scolaire en pleine montagne. Peut-être pourra-t-il en profiter pour réapprendre à respirer ? Sur place, le jour même de son arrivée, Zack rencontre Eliott, un garçon solitaire un peu plus jeune que lui, alors qu'il se faisait chahuter en groupe. Avec pour unique indice la couleur de ses cheveux, Zack n'en démord pas : il est convaincu d'avoir retrouvé Jonas.

Emmanuelle Rey parvient à nous plonger avec brio dans les états d'âme de Zack. On perçoit nettement sa colère, ses peurs, son espoir fou. Incapable de se confier à qui que ce soit sur cette trouvaille, craignant de jeter de l'huile sur le feu, il va mener seul son enquête, collant aux basques du petit Eliott pour glaner des informations sur son enfance, ses nombreux déménagements, cette mère qui le couve tant. Mais au final, subsiste encore et toujours ce doute odieux : à trop vouloir restaurer sa famille telle qu'elle était avant le drame, Zack a-t-il fini par perdre la raison et se déconnecter de la réalité ? Va-t-il franchir un point de non-retour dans sa rébellion et son chagrin ? Ou son instinct de grand frère lui a-t-il justement permis de déceler quelque chose que même sa tante n'a pas su comprendre ? Les passages où Zack laisse la narration au journal d'Eliott ne permettent en rien d'éclaircir le mystère. La balance penche des deux côtés. le seul fait avéré, c'est qu'ils sont chacun à la recherche d'un ami, et plus encore d'un frère. Quelqu'un avec qui partager leurs déboires et rompre leur solitude, quelqu'un pour les aider à se réconcilier à la fois avec le passé et le présent. Ils ont tout à perdre dans cette histoire, et pourtant tout à y gagner.

Étant donné le court format de ce récit, une petite centaine de pages, il est évident que l'intrigue reste assez linéaire, que les révélations se succèdent à un rythme soutenu, avec parfois une certaine facilité. Que le dénouement est assez aisé à anticiper, en dépit du doute que l'autrice parvient à distiller dans l'esprit de ses lecteurs. Les indices sautent aux yeux puisque justement, Emmanuelle Rey va droit à l'essentiel. D'un point de vue très personnel, j'aurais aimé voir l'histoire se détacher un peu plus de ce qu'on peut lire ailleurs sur le même thème, mais cela n'enlève rien à ses talents de narratrice. Elle tisse sa toile avec beaucoup de sensibilité et nous rend ses personnages attachants en quelques lignes à peine. Elle nous pousse à prier pour eux, pour qu'ils trouvent enfin des réponses à leurs questions et puissent se (re)construire jusque dans l'adversité.

Un livre des plus agréables à parcourir et parfaitement adapté au public visé (à partir de 13 ans)
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