AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Myrtle


Acide auto-fiction

L'auteur phare du Diable Vauvert revient, après 4 ans d'absence, avec un petit roman résumant en courts chapitres les dernières années d'une vie en dents de scie. Oscillant entre spleen et moments de grâce, l'auteur se livre sans fard à son lectorat.

De sa nouvelle paternité à ses cures de désintox', en passant par ses relations avec son ex-femme et d'autres amourettes, on découvre un personnage accro à de nombreuses substances, qui nous agace parfois par cet étalage d'états d'âme et d'autodestruction. Il va jusqu'à nous dresser un catalogue de ses consommations, légales et illégales, quelques heures avant l'accouchement de sa femme : « Je suis à trois grammes de cocaïne par jour. Je bois dès le réveil. Je m'enfile douze Xanax 50 milligrammes et sept Stilnox toutes les vingt-quatre heures. Je vous fais grâce des digestifs et de la codéine. Tout va presque bien. »

Comme il le dit lui-même : « Il va mal le futur papa, il est drogué de partout, le futur papa. » Mais parfois, une lueur d'espoir surgit et l'on voit que tout n'est pas perdu. Yves Kléber, son producteur, est son point d'ancrage avec qui « la vie est toujours d'une facilité déconcertante ». Il y a aussi Hippolyte, son fils qui l‘aide à tenir: « Après le bain, j'enroule mon fils dans une grande serviette et le dépose sur le canapé. Là, je lui annonce gravement : « Oh, canaille, tu as vu ce qui arrive, en haut, en bas, à gauche, à droite, oh, canaille, j'ai bien peur que ce soit une immense attaque de … chatouilles-bisous. A ce moment-là, les Indiens attaquent sur son ventre grâce à mes doigts pointus et mon fils craque, il rit avec sa bouche ouverte et ses dents minuscules comme un putain de rossignol. Chaque matin, je ferme les yeux et cette photo sonore me donne assez de vitamines pour tenir un jour de plus. »
Dans ces moments de grâce, Nicolas Rey est attachant.

On adhère également à certains portraits qu'il dresse de notre chère société parisienne et de ses trentenaires paumés… Mention spéciale au passage dans lequel il se met dans la peau d'une femme du XXIème siècle! Chapitre intitulé « Verdun », on ne peut pas vraiment dire qu'il épargne la gente féminine - mais il fait mouche : « Moi aussi, comme Marion, je suis une femme. Pourquoi suis-je une femme?
Parce que je suis capable de vider un pot de Nutella XXL sans même m'en apercevoir, tout en regardant Plus belle la vie sur France 3, vautrée dans mon fauteuil avec un pyjama rouge informe et je me tape du reste et pour que la vie soit vraiment plus belle, faudrait déjà commencer par rendre les hommes moins froussards et moins encombrants, sans blague, lorsqu'on a besoin d'eux, ils s'échappent et l'inverse est encore plus vrai. Voilà pourquoi on laisse nos lentilles de contact dans la salle de bains et qu'on opte pour une paire de lunettes à triple foyer. […]
Je suis une femme parce je me réveille la nuit et que je fumerais bien une cigarette mais je prends la pilule et ma gynéco m'a dit d'éviter le mélange et cette vie commence à me faire chier parce que, comme chacun sait, la femme, pour tenir en 2010, se doit de posséder une sacrée paire de couilles. »

En plus de ce regard lucide sur notre société actuelle, le sieur Rey fait parfois preuve d'un humour mordant, notamment avec sa description de la grand-mère, pas pressée du tout, devant lui, dans la queue d'un bureau de tabac.

Un léger passage à vide est fait de hauts et de bas, écrit dans un style simple, sans chichis et peu à peu, le personnage remonte la pente, se calme sur les excès et pose un regard un peu plus serein sur l'état actuel de sa vie… On a hâte de voir ce que donnera le futur roman de Nicolas Rey, rendez-vous dans 4 ans?
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}