AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Allantvers


Sans le challenge Nobel, je n'aurais jamais découvert cette riche fable anthropomorphiste, dernière production littéraire de son auteur parue en 1924, l'année où il reçut le prix Nobel et un an avant sa mort.

Derrière la quête de liberté menée tambour battant par Rex, le chien de ferme qui, après être tombé en disgrâce et avoir été repoussé par ses maîtres, s'éveille aux potentiels d'autonomie qui dorment en lui et pousse à la révolte l'ensemble des animaux qu'il emmène sur un douloureux chemin, se dessinent les grandes aspirations politiques de l'époque dans un contexte polonais, entre rejet du poids de la servitude face aux russes et la grande idée communiste tout juste mise en pratique par les bolchéviques et qui faisait frémir le monde au début du dernier siècle.

Au-delà de l'intrigue haletante et de la magnifique mise en scène de la grande Nature évoquée avec une riche sensibilité, ce qui est passionnant dans ce conte c'est la réflexion posée sur la liberté, sa quête, son sens et ses contraintes. Face à elle la multitude des aspirations et réactions des hommes sont incarnées par les animaux, du bétail préférant le sceau d'avoine quotidien qu'offre la servitude au loup qui mène son jeu solitaire, se repaissant des autres. On pense à La servitude volontaire de la Boétie, à Jack London, à George Orwell...
Fascinante aussi l'analyse du pouvoir, disputé par les plus forts, et celle des ressorts de la motivation politique qui pousse un être seul à emmener derrière lui tous les autres sur la base d'une seule idée, d'un inconnu idéalisé, personnifié dans le roman par les grues qui promettent de guider la troupe vers "là-bas", et la difficulté de se tenir à cet idéal une fois face à l'adversité.

La Révolte est une belle entrée en matière dans l'univers de Stanislas Reymont, et qui me donne fortement envie de continuer avec lui avec les deux pièces maîtresses de son oeuvre, La Terre promise et Les paysans.
Commenter  J’apprécie          293



Ont apprécié cette critique (28)voir plus




{* *}