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Critique de Fauvine


Yasmina Reza nous permet dans ces quatre pièces de théâtre d'effleurer, après des débuts in media res, peu à peu, progressivement, les ressentis de chaque personnage, ses pensées et sentiments enfouis et de comprendre ce qui se trame dans ses relations. Monologues ou dialogues, le ton est réaliste, la conversation reproduit les circonvolutions, les hésitations, les répétitions, les banalités qu'on met souvent dans nos échanges avec les autres, n'osant parfois pas dire l'essentiel, ce qui nous tient vraiment à coeur. Les personnages se livrent, peu à peu, et dans leurs sous-entendus ou non-dits, laissent entrevoir leur tristesse, leur colère, leur ressentiment, leur rage même.
La traversée de l'hiver nous amène dans un paysage montagneux dans lequel les sentiments amoureux naissent, réciproques ou non. Conversation après un enterrement nous plonge dans les retrouvailles d'une famille après un décès, huit clos sur un fond de rivalité amoureuse entre deux frères pourtant très liés. L'homme du hasard met en présence, le temps d'un voyage dans un train, un auteur déçu de lui-même, aigri et une lectrice qui l'admire et l'a secrètement reconnu. Elle a même son dernier roman en cours de lecture et n'ose le sortir de son sac devant lui. Ces deux passagers qui monologuent (intérieurement) finiront-ils par se parler et se découvrir ? Mais la pièce la plus aboutie et sans conteste, la meilleure, est pour moi la dernière, Art. Un homme achète un tableau une fortune et ce dernier est… entièrement blanc. Ses deux amis proches réagissent alors différemment, pour l'un c'est une trahison, à soi, à ce qu'il était avant, le reflet d'un pédantisme naissant et d'un mépris certain pour ses amis de longue date. Cela lui fait perdre son sang-froid tandis que le second n'a de cesse de tenter de tempérer les deux autres, d'aplanir les choses, sans trop donner son avis, s'en trop s'en mêler, comme à son habitude, ce qui devient pour eux finalement exaspérant. L'apprenti collectionneur, lui, tente d'expliquer qu'il aime vraiment cette oeuvre, qu'il en est touché mais cela reste difficile à expliquer, surtout à quelqu'un de buté dans ses certitudes. Cette pièce révèle vraiment tout ce que l'amitié peut comporter d'attente de l'autre, de recherche d'estime de soi-même dans le regard de l'autre, d'intolérance, d'incompréhension, de lassitude mais aussi d'attachement viscéral à quelqu'un qui nous échappe, de peur, d'efforts à fournir pour la maintenir à flots malgré les années.
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