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Critique de Sea


Sea
25 novembre 2020
Subversion du quotidien et destruction de ta personnalité

Un texte subversif, voir diabolique, dangereux parce que les participants y ajoute des comportements extrémistes en matières de pratiques sexuelles entre autres exemples.
L'auteur devient esclave de sa pratique et de son jeu et au fur et à mesure il dépasse les limites. Il propose ensuite à son entourage proche de jouer avec lui.
Le docteur psychiatre Rhinehart s'ennuie, il décide de jouer sa vie au hasard. Une idée séduisante au départ qui devient vite une idée aux conséquences scabreuses et destructrices.
Je déteste ce roman, qui poursuit un but humoristique par moment, autant que je l'aime. Parce qu'il n'a cessé à la fois de m'attirer et de me répugner, parce qu'il répond à une partie inconsciente de moi-même, il répond à une partie de mes phantasmes. C'est l'effet recherché par l'auteur, je pense.
Tout vol en éclat, la bienséance, le politiquement correct, la bonne éducation, le savoir être, le savoir-vivre, ta personnalité construite et rationnelle.
Tout cela disparaît au profit d'un jeu de hasard qui emporte tout. Il n'y a plus d'amour pur entre êtres humains mais un jeu de rôle qui n'en a rien à faire des sentiments véritables.

D'après moi, ce roman peut et doit se comprendre de deux manières différentes. Soit tu l'ingère au premier degré alors c'est plutôt une lecture indigeste. Soit tu essaies de comprendre ce que le Docteur Rhinehart veut faire passer comme message et alors ce roman devient source de jubilation et de réflexion.
Parce que ta position d'humain simple mortel astreint à des règles comportementales de bienséance peut se révéler être une vie ennuyeuse. L'auteur se propose donc de changer ton quotidien à l'infini à l'aide d'un simple cube à six faces en bois.
En effet, tu occupes une position dans ta vie au niveau professionnel et au niveau personnel et familial.
Tu es, soit hétérosexuel marié ou séparé avec des enfants, cadre supérieur de la fonction publique par exemple. Soit homosexuel vivant seul dans la savane africaine au milieu des lions, ton travail consiste à les observer et faire ton rapport, autre exemple. Mais tu n'es jamais les deux à la fois. Un jour hétéro fonctionnaire d'état et le lendemain bisexuel et animateur d'un club privé pour les seniors. Cela ne t'arrive jamais.

Le fameux docteur Rhinehart t'offre une « dé-vie » et des jeux de rôles ou ta personnalité change au grès de ta volonté et de celle hasardeuse des dés. Alors les dés deviennent ton guide ou une sorte de Dieu. L'auteur propose de dissoudre ta volonté et celle de ses personnages et de la livrer à ses caprices littéraires.
A la fin du roman des scènes sado-masochistes sont proposés, elles sont aussi à prendre aux seconds degrés. Après tout, tout dépend du plaisir que l'on prend à lire ou à vivre ce genre de scènes.
Luke Rhinehart pousse sa pratique du jeu dé à son extrême, il perd toute conscience de lui-même et son « moi décisionnaire » disparaît.
L'issue de ce roman est donc fatale.

Le principe du jeu est le suivant :
Chaque face du dé correspond à une option de comportement à adopter par le joueur. l'homme-dé est l'auteur de ce roman et instigateur de ce jeu excitant.
L'auteur propose d'explorer toutes les facettes et les potentiels de ta personnalité en les faisant se déployer. Et même celle que tu réprimes le plus. Ainsi lors d'un jeu de rôle tu peux te comporter comme un bisexuel par exemple ou être un être soumis ou jouer le rôle du dominant ou être un juge de paix etc …
Prend un dé. Ecris six choix suivant tes envies du moment sur une feuille de papier. Décides de laisser le dé décider au hasard ton sort. Essaies de tenir à ce jeu. Tes choix peuvent être comme suit :
Si le dé tombe sur un ou trois :
Plus jamais tu ne joueras à ce jeu absurde. C'est la première et la dernière fois.
Si le dé tombe sur un deux ou un quatre :
Tu quittes ta famille, tes enfants, ta femme, ton travail, tes hobbies, ta routine et tu décides de changer radicalement de vie, tu fuies.
Si le dé tombe sur un cinq :
Tu décides d'aller commettre un acte répréhensible, n'importe lequel, tant pis pour les conséquences.
Si le dé tombe sur un six :
Tu décides de te lancer un défi, la préparation d'un marathon.
Pourvu que ton dé lâche un six.

Mon avis :
J'ai apprécié le côté analyse psychiatrique de quelques dialogues bien pensés et toujours en phase avec notre société de consommation et du vivre matériel.
Parce qu'en fin de compte, Luke Rhinehart interroge sur le manque de repères spirituels. Certaines personnes perdent pieds dans nos sociétés par manque de soutien, d'amour, d'enjeux spirituels, ils peuplent ensuite ces centres, ou ils se droguent, ou se ils réfugient dans cette pratique de la « dé-vie ».
Je reproche le côté misogyne du texte, souvent la femme n'est traitée qu'en pur objet de désir de l'homme. Et il en fait ce qu'il veut. A priori la femme y prend aussi du plaisir et cela reste à prouver un peu plus.
Le roman date des années soixante-dix du coup les femmes y sont traités comme le voulait l'époque ?
Je retire une étoile pour montrer ma désapprobation. Après cela reste de la littérature.
C'est aussi un peu trop long.

Certains passages sont exquis pour les détails et la recherche d'un vocable que je ne soupçonnais même pas. Cela enrichit le récit et lui donne de l' épaisseur.
Il faut peut-être une large ouverture d'esprit pour intégrer ce genre de littérature ?
Ce n'est pas une lecture indispensable parce qu'un peu perturbante ? Dérangeante ? Trop répétitive ? C'est peut-être le premier et le dernier opus subversif que je lis ?

Essayez-le et si vous ne supportez pas, c'est normal, laissez alors tomber. Pour ma part je passe à autre chose avec joie.
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