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Critique de Altervorace


Les rencontres avec un roman, un univers, a de fortes ressemblances avec les rencontres amoureuses – ouais, celles que je ne fais plus depuis plus de vingt ans, #femmemarieeetfidele -. Avec l'homme-dé, ça a été fulgurant et je trouvais Luke bien attirant, un psychiatre en dépression et un tantinet égocentrique que le quotidien ennuie. Il est vrai que sa manière de nous parler de sa souffrance a du piquant :

"Cela m'avait semblé être le but le plus évident et le plus désirable d'une thérapie, mais ayant moi-même terminé une analyse « réussie », ayant vécu plus de sept ans avec ma femme et mes enfants dans un bonheur modéré, je me suis découvert, à l'approche de mon trente-deuxième anniversaire, une envie subite de suicide. Et aussi d'assassiner plusieurs autres personnes." (page 15)

le pauvre homme semble trouver une réponse dans le zen, hélas, sa joie ne dure pas tellement… Et Luke me fait rire, je reste sous le charme :

"Malheureusement, la vie m'a alors semblé encore plus chiante. Bon, d'accord, je m'ennuyais joyeusement, gaiement même, alors qu'avant mon ennui était seulement déprimant, mais il n'en restait pas moins que rien n'avait d'intérêt pour moi." (page 18)

Les débuts d'une histoire d'amour peuvent être étourdissants. Surtout quand l'objet de notre fascination envoie une magnifique balle perdue à Freud, que tu as bien du mal à supporter :

"Freud était un très grand homme, mais j'ai comme l'impression qu'il ne s'est jamais très bien fait astiquer la queue." (page 20)

Et une autre en plein coeur du patriarcat :

"Deux fois, les dés ont décidé qu'il fallait que j'accorde plus d'attention à mes enfants, que je passe un minimum de cinq heures avec eux pendant trois jours (quel dévouement ! quel esprit de sacrifice ! Mères du monde entier, que ne donnerez-vous point pour n'avoir à passer que cinq heures par jour avec vos enfants ?)." (page 117)

Tu imagines bien, ami-lecteur, que j'étais tout à fait séduite. Hélas, comme les passions qui traversent parfois nos vies pour ne nous laisser que des cendres et un goût amer dans la bouche, mon histoire avec l'homme-dé a très vite, trop vite, mal tourné. Les provocations grossières s'enchaînent, mais mes sourires se firent de plus en plus rares. Et finalement, je me retrouvais dans la peau de Luke au début de ce récit : terrassée par l'ennui avec des envies de meurtre… Pourtant, avec un romantisme dont je fais rarement preuve dans ma vie de lectrice, j'ai tout essayé pour raviver les flammes de mon amour. J'ai, par exemple, replacé le récit dans son contexte, on ne lit pas un roman de 1971, surtout un roman aussi punk, de la même façon qu'on le ferait pour une oeuvre contemporaine. Sauf qu'on ne ravive pas un sentiment aussi malmené… Jusqu'à la fin de l'homme-dé, j'ai espéré qu'une péripétie, qu'un chapitre, ou la fin, éclairerait le reste du récit et que, bientôt, je me rendrais compte que je n'avais jamais cessé de l'aimer. Malgré une fin tout à fait cohérente, rien à faire, la magie avait disparu, les rires aussi…

Sincèrement, je comprends pourquoi l'homme-dé est un roman culte : c'est audacieux – pour l'époque -, parfois drôle, et le point de départ, cet homme qui tente d'échapper à lui-même en laissant les dés décider de tout, reste génial. Toutefois, tu l'as compris, j'ai eu du mal à arriver au bout du roman. Souvent, j'ai levé les yeux au ciel au lieu de rire et même si l'auteur, George Cockcroft, le présente comme une comédie, j'ai trouvé cela plus agaçant qu'amusant.
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