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Critique de lusina


Mémoires d'une jeune fille triste

crivain et poète portugais du XVIe siècle, Bernardim Ribeiro n'a quasiment laissé aucune trace biographique. Seuls ses écrits demeurent, comme ce roman de chevalerie pour la première fois traduit en français et quelques recueils de vers. Pour le reste, les grands épisodes de sa vie sont au mieux imprécis, au pire inventés par les exégètes du XIXe siècle. Un temps exilé à Ferrare, en Italie, lieu de parution du livre, il serait mort fou à l'hôpital de Todos-os-Santos de Lisbonne. Peut-être une des clefs qui permet de mieux aborder Mémoires d'une jeune fille triste, où les hallucinations et les idées noires abondent.
De l'incomplétude à l'inconstance, Bernardim Ribeiro cultive en effet les maladies de l'âme qu'il transpose dans ses phrases aux multiples circonvolutions.
De son style il se justifie : "Des chagrins, on ne peut rien conter de façon ordonnée". L'une des premières allusions littéraires à la saudade, sentiment qui mélange nonchalance, tristesse et conscience du manque, trouve ici sa place. À la charnière du monde médiéval et De La Renaissance, l'auteur mêle dans son récit la tradition des aventures courtoises, où de preux chevaliers se disputent le coeur des dames, et la modernité de l'analyse psychologique. Ses personnages, qui portent tous des noms à clef -Lamentor, Binmarder anagramme de Bernardim- se livrent à une introspection sans fin, perturbée par des combats et quêtes diverses. Quiproquos, coups de théâtre et coups du sort rythment la narration, équilibrée entre l'action et les soliloques.
Conseiller avisé de son lecteur, Bernardim Ribeiro l'interpelle, directement ou par l'intermédiaire de ses personnages. Son livre ne convient pas aux "gens heureux", peut-être aux affligés, "mais il n'y en a plus depuis que la pitié existe dans le coeur des femmes". Ambigu, il encourage, faussement bien entendu, à passer sa route : "Il vous faut, monsieur, aller votre chemin; au moins ne prendrez-vous pas part à tant de malheur, car les souffrances des autres font également souffrir ceux qui en sont témoin". Un avertissement qui n'a visiblement pas découragé Fernando Pessoa ou José Saramago, conquis par l'ouvrage.

Mémoires d'une
jeune fille triste
Bernardim Ribeiro
Traduit du portugais
par Cécile Lombard
Phébus
180 pages, 11 e
Lien : http://www.lmda.net/din/tit_..
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