Déserteur, poète iconoclaste, boxeur-conférencier, inventeur de la critique d'art pugiliste, farouche pratiquant de toute forme de subversion,
Arthur Cravan (1887-1918) a contribué « à dynamiter durablement la morale bourgeoise de son temps » nous prévient l'éditeur. Ce beau volume regroupe sa correspondance amoureuse, son Prosopoème, une revue de presse témoignant de la réception de ses exhibitions et publications poétiques par la critique, ainsi quelques interventions apportant nombre d'éléments biographiques et analytiques. Il entend restituer ainsi « la charge subversive originelle » de son oeuvre et « l'affirmation brute et sans apprêt d'une vie en insurrection », occultée par ses coups d'éclat, finalement anecdotiques, et sa figure de dandy.
(...)
Sa révolte nourrie de l'amour, ses « capacités sensorielles hypertrophiées », décrites par
Mina Loy, son rejet de la banalisation, la puissance de son désir, sa recherche de singularité, donnent à son regard sur le monde le pouvoir d'une loupe grossissante et révèlent les travers de l'époque. Si son destin
de météore peut faire songer à celui d'un
René Crevel par exemple, sa poésie, résolument prédadaïste, rappelle beaucoup celle de Benjamin Perret : « Qu'il vienne celui qui se dit semblable à moi que je lui crache à la gueule // mon art qui est le plus difficile puisque je l'adore et que je lui chie dessus. » À noter également, le splendide travail d'édition avec une maquette élégamment enrichie de documents iconographiques.
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