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Critique de Nastie92


Ce livre n'est ni un documentaire, ni une fiction, mais un exercice bien délicat : un roman construit à partir d'une histoire vraie. Et quelle histoire ! Un mythe de l'alpinisme : la disparition sur l'Everest de George Mallory.
Tanis Rideout a découvert l'existence de l'alpiniste britannique en regardant des documentaires sur l'alpinisme qui passaient dans le magasin de sport où elle travaillait. Elle a tellement été fascinée par le personnage qu'elle a rapidement décidé d'écrire un roman.
La tâche n'était pas simple et le résultat est fantastique. Et Dieu sait si je suis difficile ! Ayant lu de nombreux livres d'alpinisme, ayant regardé un nombre incalculable de documentaires sur le sujet, je suis un public exigeant. Les exagérations, les clichés et les invraisemblances me sautent tout de suite aux yeux et je suis vite agacée.
Tanis Rideout a tout d'abord fait un remarquable travail documentaire et son livre reprend le plus possible de faits authentiques. Pour le reste, elle a comblé les trous de l'histoire d'une façon très vraisemblable.
Le résultat est un roman à l'atmosphère tellement bien rendue, dans lequel les pensées des différentes personnes sont tellement crédibles, que j'ai plongé comme s'il s'agissait d'un documentaire. Je me suis surprise pendant la lecture à attendre la fin comme si je ne la connaissais pas, comme si j'espérais un "happy end"...
Réussir à faire naître du suspense là où il n'y en n'a pas est tout de même un sacré tour de force. Mais ce n'est pas le seul mérite du roman, loin de là.
Tanis Rideout a eu l'excellente idée d'alterner deux histoires : celle de George et celle de sa femme Ruth, restée à la maison avec leurs trois enfants. Le temps s'écoule pour l'un et pour l'autre, mais pas de la même façon. Celui qui est au loin est pris dans le tourbillon de l'action, le temps se mesure à l'aune des jours qu'il lui reste avant l'arrivée de la mousson pour réussir à conquérir le sommet. Pour celle qui attend, le temps ne passe jamais assez vite ; elle voudrait que le jour du retour de son mari soit déjà là. Cette différence de rythme entre les deux histoires donne beaucoup de force au récit.
L'obsession de George Mallory pour l'Everest est très bien rendue. "Il lui fallait ce sommet. Après tous ces déboires, il en avait toujours autant le désir. Un désir qui se faufilait sous sa peau, le consumait."
Mallory était en effet prêt à tout perdre, y compris sa propre vie, à prendre tous les risques. Cette idée fixe ne le quittait pas et quand on lui demandait pourquoi il tenait tant à grimper au sommet de l'Everest, il répondait simplement "Because it is there." (Parce qu'il est là.) : sans doute les mots les plus célèbres de l'histoire de l'alpinisme. Ce jusqu'au-boutisme devait être terrible à vivre pour son entourage, en particulier pour sa femme. Dans le roman, Ruth apparaît sans arrêt partagée entre son admiration pour George, sa peur de le perdre, sa volonté de le retenir mais en même temps de le laisser vivre sa passion.
Enfin, je voudrais dire un mot sur la façon dont Tanis Rideout a écrit les scènes d'alpinisme. Elle ne s'est pas contentée de décrire, mais elle réussit à faire ressentir au lecteur les émotions et les sensations. Dans une interview publiée dans un journal canadien, elle a expliqué : "Il a fallu beaucoup de travail pour ne pas répéter que George avait froid et plutôt créer la sensation du froid chez le lecteur." C'était son but, et elle l'a parfaitement atteint : le lecteur ne se contente pas de lire l'histoire, il la vit, intellectuellement et physiquement.
Si vous voulez plonger dans l'aventure et lire un très bon récit, bien écrit, bien construit et riche de multiples thèmes, n'hésitez pas !
Un grand merci à Babelio et aux éditions Bragelonne - Milady pour ce merveilleux livre.

La disparition de Mallory fascinera certainement encore longtemps. Sans doute, tant qu'elle n'aura pas été résolue, si tant est qu'elle le soit un jour. La découverte du corps de l'alpiniste en 1999 a permis de répondre à quelques questions, mais en a soulevé d'autres. Et la grande question demeure : George Mallory et Andrew (Sandy) Irvine ont-ils ou non atteint le sommet ? Ont-ils été les premiers en haut de l'Everest ? La découverte de leurs appareils photos, que plusieurs expéditions ont jusqu'à ce jour cherchés en vain, permettrait peut-être de le savoir.
Si ce sujet vous intéresse, je vous conseille les titres suivants :
"Au sommet de l'Everest" d'Edmund Hillary, extraordinaire récit plein d'humanité du vainqueur de l'Everest.
"Mallory & Irvine. À la recherche des fantômes de l'Everest" de Conrad Anker, qui retrace la découverte du corps de Mallory.
Et enfin, le remarquable manga en cinq volumes "Le sommet des Dieux", magnifique hommage à l'alpinisme.
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