C'est dans une nouvelle traduction de
Sacha Zilberfarb que les éditions du Seuil proposent cette oeuvre célébrissime (reçue grâce à la masse critique que je remercie), avec la particularité que pour la première fois les lettres de
Franz Xaver Kappus, l'aspirant poète évoqué dans le titre, sont publiées avec celles de
Rainer Maria Rilke. Ce dernier était alors un poète déjà un peu reconnu même s'il n'avait que 27 ans au début de cette correspondance commencée en 1903.
Plus qu'un traité de
poésie, cet échange épistolaire est un traité de vie : Selon
Rilke, on devient poète parce qu'on n'a pas le choix, en dehors de toute considération commerciale ou sociale. Il faut plonger au plus profond de soi pour se connaître, se débarrasser des conventions pour trouver sa voie. Pour cela, il ne faut pas craindre la solitude même s'il peut être plus commode parfois de l'habiller d'un vernis social.
Ces propos trouveront sans doute au premier chef un écho auprès d'artistes ou des créateurs, et nombre d'entre eux se réclament déjà de cet ouvrage. Cependant, l'universalité des conseils prodigués par
Rilke a fait et continue de faire le succès de ce livre auprès d'un lectorat plus large.
Les lettres de Kappus révèlent un jeune homme rebuté par sa carrière militaire, sensible et vulnérable, un peu obséquieux, mais peut-être était-ce simple politesse à l'époque, qui a grand besoin de se confier.
Rilke s'avère être un mentor bienveillant et attentif, même s'il ne semble pas particulièrement sensible aux quelques vers que le jeune homme se risque à lui soumettre. Quelques poèmes de ce dernier sont reproduits à la fin du livre.
J'aurais bien voulu connaître les motivations de
Rilke : en entretenant cette correspondance, poursuivait-il un but altruiste, était-il sensible lui-même à cet échange, quelle place a-t-il occupé dans sa vie ? L'intéressante postface, rédigée par le président de la Fondation
Rilke, évoque brièvement la question.