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Critique de Madame_lit


Dix lettres, dix confidences, dix visions.

Dans la première lettre datée du 17 février 1903 et écrite à Paris, Rilke suggère au jeune poète Kappus de ne pas chercher le regard ou la reconnaissance extérieure. Au contraire, il mentionne qu'il faut plutôt se fermer pour plonger dans son intériorité.

«Il n'est qu'un seul chemin. Entrez en vous-même, cherchez le besoin qui vous fait écrire : examinez s'il pousse ses racines au plus profond de votre coeur. Confessez-vous à vous-même : mourriez-vous s'il vous était défendu d'écrire?» (p.18)

Il recommande aussi à Kappus de s'éloigner d'un thème comme l'amour pour aborder dans ses écrits des éléments de son quotidien comme les songes, les objets, l'enfance, les souvenirs, etc. Pour ce faire, Rilke mentionne que le poète doit sonder son coeur pour savoir s'il souhaite vraiment créer.

Dans la deuxième lettre portant la date du 5 avril 1903, rédigée en Italie, apparaît assez courte car Rilke avait souffert de l'influença et il s'en remettait péniblement. Cependant, dans cette dernière, il traite de deux sujets. Tout d'abord, l'ironie et ensuite les livres qui lui sont essentiels: la Bible et les bouquins de Jens Peter Jacobsen.

Dans la troisième lettre du 23 avril 1903 rédigée aussi en Italie, Rilke revient sur les livres du poète danois Jacobsen et sur la critique. Mais encore, il parle du temps car :

« Être artiste, c'est ne pas compter, c'est croître comme l'arbre qui ne presse pas sa sève, qui résiste, confiant, aux grands vents du printemps, sans craindre que l'été puisse ne pas venir». (p. 35)

Puis, il aborde les bouquins de Richard Dehmel.

Dans la quatrième lettre dont la date est le 16 juillet 1903 et écrite à Worpswede, Rilke s'adresse au jeune poète en ces termes pour souligner qu'un lien s'est établi entre eux : «Très cher Monsieur Kappus». Il mentionne au jeune homme de s'accrocher à la Nature et qu'il faut surtout qu'il soit patient, qu'il vive ses questions et non pas ses réponses. Il continue en abordant les nuits d'amour et qu'il doit par-dessus tout supporter sa solitude car cette dernière ouvre les yeux à l'indicible.

Dans la cinquième lettre, celle portant la date du 29 octobre 1903 et rédigée à Rome, Rilke suggère que dans la ville où il se trouve, les gens chérissent trop les vestiges du passé. Pour lui, il faut pour qu'il y ait beauté, avoir vécu avec son coeur. le vécu s'avère très important pour lui. Il mentionne que le calme et le silence lui apportent l'inspiration.

Dans la sixième lettre rédigée le 23 décembre 1903 à Rome, Rilke la débute en abordant la grande solitude intérieure car c'est la plus importante. Il relève que la sagesse, c'est accepter l'incompréhension comme un enfant. Il traite des plaintes de Kappus par rapport à son métier d'officier et à celles qu'il adresse à Dieu.

Dans la septième lettre écrite le 14 mai 1904 à Rome, Rilke aborde en premier le sonnet envoyé par Kappus. Il lui dit que c'est son meilleur. Ensuite, il explique qu'il importe de s'en tenir au difficile et que la solitude apparaît aussi marquée par la difficulté tout comme l'amour. Il offre au jeune poète cette merveilleuse explication sur l'amour :

«L'amour, c'est l'occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde pour l'amour de l'être aimé.» (p.75)

Et il poursuit en disant que le don de soi-même en amour est «un achèvement». Les jeunes veulent trop rapidement vivre l'amour et ils se perdent l'un dans l'autre pour finir désillusionnés.

De plus, il relève que dans l'amour comme dans la mort, l'être humain est seul. Mais encore, il termine cette sublime lettre en disant ceci :

«Il sera cet amour que nous préparerons, en luttant durement : deux solitudes se protégeant, se complétant, se limitant, et s'inclinant l'une devant l'autre». (p. 84)

Je trouve les dires de Rilke magnifiques, profonds. Il faut avoir beaucoup réfléchi sur le sens de la vie, de l'amour pour partager de tels propos à un autre être.

Dans la huitième lettre datée du 12 août 1904 et rédigée en Suède, Rilke débute en parlant des grandes tristesses qui affligent son correspondant. Il revient sur l'importance de la solitude et du recueillement pour vivre sa tristesse car selon Rilke : «Nous sommes solitude». (p. 91) Rilke explique au jeune poète que nous nous construisons dans les épreuves et que ces dernières sont essentielles pour l'évolution de l'être humain.

Dans la neuvième lettre dont la date est le 4 novembre 1904 et le lieu de la rédaction est la Suède, Rilke fait allusion à l'importance de la difficulté de vivre et à la solitude. Il dit aussi ceci :

«Croyez-moi, la vie a toujours raison». (p. 104)

Par ailleurs, il aborde les sentiments purs que peut ressentir Kappus et qui sont souvent tributaires de l'enfance. Il transmet également au poète des éléments concernant la vie et la mort. Car, selon lui, l'être humain est seul dans la vie et dans la mort.

Dans la dernière lettre portant la date du 26 décembre 1908 dont la rédaction a été faite à Paris, Rilke se réjouit de savoir que Kappus est heureux dans son métier de militaire. Il mentionne que l'art est aussi un mode de vie.

Pour moi, les Lettres à un jeune poète de Rainer-Maria Rilke s'avère un livre essentiel pour ceux s'intéressant au processus créatif. Il faut lire ces lettres pour être le témoin d'une belle relation que je peux qualifier d'amitié. L'amitié entre les écrivains transige aussi et surtout par la correspondance à l'époque dont il est question dans ces missives.


https://madamelit.ca/2022/09/26/madame-lit-les-lettres-a-un-jeune-poete-de-rainer-maria-rilke/
Lien : https://madamelit.ca/2022/09..
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