J'aimerais que personne sur terre n'arrive ou s'en aille sans avoir été blotti dans des bras secourables. Blottir, ce n'est pas s'enfermer mais faire passer. Blottir pour laisser grandir, pour laisser partir. Blottir un naissant et blottir un mourant. Blottir un blessé, un découragé, un très âgé...
On n'amène pas un fruit à maturité dans l'urgence.
Il arrive que les démons intérieurs nous talonnent de si près que nous ne trouvons pas la moindre cachette au-dedans de nous pour leur échapper.
Plus une parole est forte et plus la tentation est grande de l'imposer fortement.
On peut vivre avec un rien, dit-elle, et il arrive même que ce rien engendre un rien de joie.
Miracle de confiance et de la sobriété : recevoir chaque jour le petit reste qui donne la force d'atteindre le lendemain.
Faire naître le poème que chacun porte en soi. Un accouchement difficile quelquefois.
Élisée va faire en quelque sorte d'une charrue deux coups : répondre à l'urgence de l'appel et dire adieu à sa parenté. Il retourne à son champ, sacrifie sa paire de boeufs, fait un feu avec la charrue pour cuire la viande et offre un banquet à celles et ceux qui travaillent avec lui; puis il suit Élie et se met à son service. Voilà qui donne une couleur bien plus humaine à sa vocation. Car en brûlant sa charrue et en sacrifiant son outil de travail, il indique clairement qu'il s'engage à retourner de nouveaux champs.
Va avec la force que tu as!
Je n'oublie pas que la dépression, quelquefois, nous disloque. Nous sommes comme désarticulés. Un étranger est entré en nous. Étranger à nous, il nous rend étranger aux autres et à nous-mêmes. C'est le côté blessure de la fêlure. Mais cette faille peut aussi, parfois, provoquer un appel d'air qui va rafraîchir la maison. Du coup, l'expérience dépressive révèle la présence d'une nappe phréatique qui alimente les sources que nous n'entendions plus chanter. La brisure annonce alors le printemps d'un relèvement.