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16 janvier 2023
S'interroger sur le consensus à faire du consensus le lien nécessaire de la politique

« Longtemps rejetée par la discipline historique, la notion de genre a beaucoup évolué et son usage, toujours en mouvement, fluctue en fonction des enjeux de la recherche. En histoire, le concept sert généralement à mettre au jour les relations de pouvoirs entre les hommes et les femmes et aide à interroger la construction sociales des identités ». Dans son introduction – Qu'est-ce le genre ? Comment le penser en histoire ? – à ce recueil de textes, Michèle Riot-Sarcey aborde, entre autres, la complexité, le refus d'une « réduction à un déterminisme supposé naturel des corps des personnes, de leur sexualité comme de leur fonction sociale », les catégories et les classifications, « reconsidérer les catégories dites représentatives sous l'angle des rapports de domination qui les traversent », les bouleversements sociaux, la réalité en tension « voire conflictuelle » entre les sexes…

Une interrogation : « si les événements du passé étaient soumis à la question du genre, pourrait-on envisager de réécrire l'apprentissage de la République, d'en dessiner une autre histoire en repensant la démocratie, dans son principe comme dans sa pratique ? »

L'autrice discute de la structure hiérarchique des sociétés, de l'évolution du sens du mot genre, des imbrications de relations de pouvoir, de consubstantialité des rapports de pouvoir, de savoirs situés, d'intersectionnalité, « C'est alors qu'ont émergé des pratiques et des paroles rendues muettes sous le poids d'une histoire continue qui fut imposée par l'interprétation univoque de tous ceux qui contribuèrent à l'élaboration du sens de l'histoire ».

Elle souligne le caractère novateur de la recherche menée « sur la construction sociales des sexes et la fabrique des corps », le penser de l'impensable (Christine Planté), les résistances, les constructions des identités individuelles et collectives, les rapports conflictuels à l'autre, la nécessaire prise en compte de l'historicité. Les personnes ne peuvent jamais être réduites aux comportements assignés ou contraints, d'où les notions d'agency ou d'empowerment.

Michèle Riot-Sarcey parle aussi des spécificités des objets étudiés, d'oppositions à l'encontre des dispositifs de pouvoir, de fragmentation du mouvement de pensée..

« Dans cet ouvrage, le genre a été saisi comme concept : il questionne les rapports de pouvoir entre hommes et femmes et m'a permis de repenser l'histoire des constructions identitaires en interrogeant l'universalité des principes énoncés, en leur temps, par les différentes révolutions ».

L'autrice invite à penser autrement l'histoire, à dépasser la fragmentation de ses objets, à prendre en considération les voix d'héritières des sans noms, à provoquer plus que des entailles « dans la carapace du politique » et de l'« autorité masculine », à refuser que les théories féministes et les études de genre soient reléguées « au second plan des débats et des luttes comme des constructions alternatives », à conquérir l'espace public comme lieu d'intervention et d'expression de la démocratie…

Les différents textes sont regroupés en trois parties : « Quand le genre n'était qu'un concept », Pouvoir et politique, Genre et écriture de l'histoire.

« Ce recueil d'articles, écrits dans des conjonctures particulières et en fonction des enjeux historiographiques, théoriques et politiques du moment, peut contribuer, je l'espère, à cette réflexion critique… »

Des textes d'une lecture souvent passionnante pour interroger le pouvoir, les pouvoirs, la politique, la démocratie trop souvent réduite à la représentation, « le seul espoir d'exercer le pouvoir contre les règles du système, c'est de le détourner, en dévoilant « l'illusion » du pouvoir fondé sur le modèle de la représentation « une et indivisible », pour imposer une représentation diversifiée des individus, tous différents les uns des autres », les rapports sociaux de sexe, le genre, « Encore que l'analyse des rapports de sexe n'est pas l'équivalente d'une réflexion sur le genre « au singulier » qui « permet de déplacer l'accent, les parties divisées, vers le principe de partition lui-même » et dont la « hiérarchie est un aspect constitutif » », le féminisme, l'historicité de tous les rapports sociaux, le principe espérance, l'écriture de l'histoire, la démocratie en devenir…

Je termine par deux citations extraites du dernier texte proposé :
« Fonder une démocratie suppose des mandats électifs, en rotation permanente, représentatifs d'une réalité sociale au devenir beaucoup plus égalitaire »
« Ou aucun individu de l'espèce humaine n'a de véritables droits, ou tous ont les mêmes ; et celui qui vote contre le droit d'u autre, quelle que soit sa religion, sa couleur ou son sexe, a dès lors abjuré le sien » (Condorcet en 1790 cité par l'autrice.


Lien : https://entreleslignesentrel..
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