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Critique de Lune


Divinisation de la femme.
La Belle Époque s'y entend pour la chanter, la rêver, l'idéaliser.

Le nom de Cléo de Mérode est parvenu jusqu'à nos jours.
Image de la beauté, de l'angélisme, de la perfection.

Mais ce nom demeure lié à celui donné aux demi-mondaines de la fin du XIXè siècle : celui de cocotte, celui de la femme entretenue.

Yannick Ripa, historienne, rétablit la vérité.
Vérité que n'a jamais cessé de clamer Cléo de Mérode, son nom réel.

Fille bâtarde d'une mère aristocratique mise au ban de son milieu, éducation soignée, formation à la danse classique à l'Opéra Garnier, Cléo bâtira son renom plus sur son charme et l'harmonie de ses traits que sur son talent de danseuse. Il suffit de lire l'accueil qui lui fut réservé aux États-Unis.

Nous parcourons le Paris de l'époque, découvrons la réputation sulfureuse de l'Opéra et de son « foyer », des jalousies, des méchancetés parisiennes, des réputations qui se font et se défont.

Cléo surnommée Cléopold niera toujours avoir été la maîtresse de Léopold II, roi des Belges mais ce qui ne fut à première vue qu'une déformation d'un intérêt passager, lui restera à jamais associé.

Dualité : cette approche royale la « lancera » et la malmènera à jamais.
Cléo de Mérode subira toute sa vie des interprétations, des on-dit, des blessures morales.
Elle luttera contre certaines dont la plus connue en 1950 dans le procès qui l'opposera à Simone de Beauvoir (décrite comme hétaïre dans « Le Deuxième Sexe »). Phrases qui seront, après jugement, retirées du livre.
Retour des choses : la démarche de l'avocate de Simone de Beauvoir aux Éditions Gallimard montre exactement la même démarche reprochée par Maître Garçon concernant Cléo de Mérode et sa « manipulation » lui permettant de profiter des situations troubles pour être au-devant de la scène.

C'est un voyage dans un temps révolu, un monde particulier qui regretta les fêtes et la joie de vivre d'avant le premier conflit mondial, d'une société dans la société, d'un milieu artistique peu probant… avec ses privilégiés, ses petites femmes légères…

C'est aussi un voyage dans l'Histoire et l'histoire sociale : Léopold II et le Congo, la bicyclette et sa tenue vestimentaire scandaleuse, ses auteurs (Dumas, Gauthier, Mirbeau !) misogynes jusqu'à l'écoeurement, l'expo 1900, l'exode de 40, etc…

Cléo de Mérode et Yannick Ripa.
Dès les premiers chapitres, on sent une volonté de réhabiliter la femme et l'artiste.
Puis arrive le dernier chapitre émouvant où l'on comprend la démarche de l'auteure et on y adhère.
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