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Citations sur La paix des ruches (38)

Les hommes, m'expliquait ma jeune voisine dans son lit d'accouchée, croyez-moi, c'est la simplicité même ! Là où vous imaginez qu'il y a quelque chose, en général, il n'y a rien.

(P85 éd Zoé)
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Je connais très mal Clara. On connaît toujours si mal ces femmes "seules" qui ne peuvent dire comme les autres : "Mon mari, mon fiancé". Qui n'osent peut-être pas dire "mon ami" et encore moins "mon amant", de sorte que le monde les regarde toujours comme si elles n'avaient et ne devaient avoir nul secret dans leur vie. Or j'ai à peine à croire à l'existence d'une femme vraiment sans secret, eût-elle une bosse au dos et un nez de travers. Mais ce mystère que j'imagine sans preuve, qu'elles voilent à leur entourage, sinon à leurs intimes, je le souhaite pour elles de l'espèce romantique, poignante, exaltante. Ce que je crains surtout pour elles, c'est en définitive, le vide, le rien. Qu'y a-t-il dans la vie de Clara ? Qu'y a-t-il eu ? Je ne le saurai jamais peut-être. Mais je l'envoie pour ce que sa remarque de toute à l'heure comporte encore d'idéalisme d'intransigeance pure. Je crois du reste que les femmes seules - à supposer qu'elles le soient vraiment et qu'elles ne se contentent pas seulement de le paraître - cultivent volontiers l'objectivité, le sens critique vis-à-vis d'elles-mêmes. C'est qu'elles sont dans la vie hors du combat quotidien, de la lutte sournoise entre les sexes, protégées des affres de ce jeu difficile, décevant, qui absorbent le meilleur de nous, femmes mariées. Elles sont comme des soldats en vacances, voire jamais, envoyées au feu, resteraient à l'arrière pendant que la bataille fait rage, ailleurs. N'étant pas centrées sur un seul être comme nous le sommes, n'étant pas occupées à guetter, à observer l'autre, les femmes seules ont cette liberté de regarder plus objectivement ce qu'elles sont vraiment, ce qui se passe en elle, et en même temps ce qui se passe chez les autres, ce que sont les autres. (pages 54-55)
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Car le travail de la ménagère est comme celui du paysan. Sans commencement, ni fin. Mais il est comme celui d'un paysan qui ne connaîtrait ni la récompense de la moisson, ni le travail ralenti de l'hiver. Cependant, rien ne se ressemble davantage que leurs gestes, leurs attitudes, leurs peines quand ils sont aux prises avec la matière, se baissent sur les sillons ou sur le plancher, mettent un genou à terre ou sur des carreaux de cuisine, se redressant, puis se baissant à nouveau, posant, soulevant, versant, puisant et plongeant.
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Je suis aussi ignorante de ce qui peut lui déplaire en moi, qu'il me semble l'être de ce qui m'irrite tant de sa part. C'est là le drame du couple, ces feux croisés qui s'affrontent, se pulvérisent mutuellement, signaux incompréhensibles à celui à qui ils sont adressés et les reçoit en aveugle. feux ne distribuant aucune lumière, mais seulement un lourd et sourd malaise dont les intéressés ne distinguent pas l'origine.
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Il faudra bien trouver le moyen de neutraliser la meurtrière nuisance de l'homme adulte, puisqu'elle risque un jour de transformer la terre entière en un désert calciné comme l'ont été en 1914-1918 et le sont aujourd'hui en Espagne tant de régions, de cités, de villages, peut-être à titre de préfiguration. Empêcher tout guerrier de grandir, d'éclore, et peut-être tout savant d'inventer ? Faudra-t-il en arriver là ? La société des abeilles est bien plus ancienne et évoluée que celle des hommes. Qui sait par quels stades elle a passé pour en arriver à cette organisation si parfaite de la vie et du travail ? Qui sait si une des conditions de cet état de perfection ne fut pas la mise hors-jeu, méthodiquement voulue et opérée, des mâles trublions. (...) Il a fallu peut-être des millénaires de désastres continus et la menace d'une disparition complète de l'espèce abeille pour que les abeilles en arrivent à cette extrémité, qui sait ?
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Ce que nous n'aimons pas, c'est cette absence de solidarité entre eux et nous, cette incorrection première dans la distribution des tâches journalières entre eux et nous. Quand donc apprendront-ils le sens de la justice qui pourtant enfle parfois leurs voix dans les parlements, les cathédrales, qui les fait descendre dans la rue et élever des barricades ?
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Je regarde de nouveau mon père, ma mère, mon entourage, avec des yeux neufs, enfantins. N'était-ce donc qu'un long détour, ce colloque à deux, à trois, à quatre visages, pour reconnaître que la seule tendresse durable dont nous soyons capables, elle descend de nous vers nos enfants? Ou bien elle remonte, il n'en est pas d'autre, l'éternel courant de l'amour se fait de haut en bas, de bas en haut, il n'est horizontal que passagèrement. Faudra-t-il avoir vécu jusqu'à ce jour en ne pensant qu'à l'amour pour reconnaître que le seul visage vraiment chéri est celui d'une mère, d'un père; que c'est vers eux que finalement on se tourne si aucun enfant n'est là, né de soi; et que celui du mari se réduit à sa maison signification véritable, celle d'un compagnon mal assorti.
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Ah! le pouvoir d'oubli des hommes a quelque chose d'effrayant, d'infini. Alors que nous gardons tout, que nous sommes pareilles à de grandes armoires fermées à clé, mais pleines à craquer, eux ils sont comme des armoires vides. Ils ont moins de mémoire que les chiens. J'ai déjà remarqué maintes fois combien ils ont de la peine à confronter les images du passé avec celles du présent. Il semble que pour eux il n'y ait pas d'images, pas de signes. C'est qu'ils ne confrontent jamais les êtres avec les êtres, la femme qu'ils ont connue autrefois avec celle qui est sous leurs yeux, mais bien les idées avec les idées.
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Ah! si j'étais homme, je me méfierais…. Encore quelques guerres comme cette guerre d'Espagne, encore plusieurs fois des pays en ruine, jonchés de cadavres, et même de cadavres d'enfants, et peut-être les yeux des femmes s'ouvriront-ils.
Et leur rage montera dévastatrice, sans merci. Efficace. Car nous sommes les plus nombreuses.
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Oui, il y a des femmes par millions sous le ciel, qui jamais ne connaissent un moment de détente. Et alors toute cette aigreur qui s'accumule, toute cette tension, cette surtension. Comme un courant électrique qui parcourt le monde. Tout ce bouillonnement latent qu'on ne voit pas, dont aucun journal ne parle. Car ce sont les hommes qui font les révolutions, et quand les femmes les aident dans ce grand dessein, ce n'est pas dans leur intérêt qu'elles le font.
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